Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Football - Bundesliga : Xabi Alonso ou le nouveau Bayer Leverkusen

David Lortholary

Mis à jour 27/04/2023 à 20:28 GMT+2

La formation du moment en Bundesliga n'est ni le leader Dortmund, ni le Bayern, mais bien le Bayer Leverkusen. Invaincue depuis deux mois, portée par une abondante énergie, quelques individualités de premier plan et surtout une sacrée pointure comme coach, l'équipe de Rhénanie-du-nord-Westphalie se découvre une mentalité et opère un redressement spectaculaire. Jusqu'à décrocher le titre européen ?

Xabi Alonso

Crédit: Imago

S'il fallait encore un signal, il fut clair. En s'imposant 2-0 contre le RB Leipzig le week-end passé, le Bayer Leverkusen, pourtant privé du fantastique Florian Wirtz, grippé, n'a pas fait semblant : il vise désormais, et c'est une sacrée sensation au regard de son début de saison catastrophique, une place qualificative pour la prochaine Ligue des champions. Ça, c'est pour la Bundesliga. Et en Europe, la formation cornaquée par Xabi Alonso est toujours en course.
En demi-finale de la Ligue Europa, elle affrontera la Roma le 11 mai en Italie et la Louve ferait bien de se méfier : ce Bayer, qui reste sur douze matches consécutifs sans défaite toutes compétitions confondues, est en pleine euphorie. Et en mesure - quel paradoxe, encore une fois, au regard des premiers mois de l'exercice - de réussir sa meilleure saison depuis 30 ans et le dernier titre du club, la coupe d'Allemagne en 1993...
"En ce moment, ça se passe remarquablement bien pour nous", réagissait le chef de la défense Jonathan Tah à l'issue de la victoire contre les Saxons, le 23 avril. "Ça nous permet d'accumuler de l'énergie pour les échéances qui arrivent". À commencer par un test costaud, samedi, à Berlin, contre l'Union, actuel 3e. Pour les coéquipiers de Florian Wirtz, tous les chemins mènent à Rome mais deux, seulement, en Ligue des champions 2023-2024 : la victoire en C3 ou l'une des quatre premières places dans le championnat national.
Laquelle des deux options recueille-t-elle les faveurs de l'entraîneur ? Les apparences sont trompeuses. Le directeur sportif Simon Rolfes l'affirme : "Il n'y a pas de priorité". Mais Xabi Alonso n'hésite pas à trancher. Mi-avril, pour préserver ses forces pour la coupe d'Europe, le champion du monde 2010 mettait sur le banc en championnat Tah, Wirtz et Adli, trois de ses éléments les plus performants. Résultat, 0-0 à Wolfsburg et deux points abandonnés dans la course à la C1. Mais aussi le meilleur onze possible contre l'Union Saint-Gilloise, quelques jours plus tard, et une qualification pour les demi-finales continentales. Pari gagnant.
Montrer du coeur et jouer avec la tête
"Je suis satisfait de notre évolution", dévoilait début avril l'ancien milieu de terrain du Bayern (2014-2017), en poste depuis six mois et sous contrat jusqu'en juin 2024. Pour aussitôt basculer dans une tonalité plus offensive : "En espérant que la meilleure période de notre saison soit devant nous. Il s'agit qu'au bout du compte, elle soit réussie !" À l'image de ce message, au-delà de toute compétence technico-tactique, Xabi Alonso a su se montrer persuasif. Motiver son groupe. Lui donner la confiance nécessaire à son redressement, à l'opposé de ce qui a souvent coûté si cher à ce club, sa fragilité mentale.
Le double champion d'Europe avec la Roja est une pointure - ça aide, on le sait, dans un vestiaire - et ses joueurs le suivent. Mais il ne s'appuie pas seulement sur sa carte de visite et a mis en place des fondamentaux désormais assimilés : une défense stable, pas de demi-mesure dans les duels, un jeu de passes vertical et en profondeur, de la vitesse, de la percussion aux abords de la surface adverse et à l'intérieur de celle-ci. "Désormais, nous savons comment nous voulons jouer", assène le coach. Aujourd'hui, ce Bayer est le sien et pourrait se résumer à ce souhait qu'il a formulé pour la fin de saison : "Nous voulons montrer du cœur et jouer avec la tête".
Pour cela, il n'a pas ménagé ses efforts depuis six mois. Quasi quotidiennement, il invite ses joueurs, individuellement ou en petits groupes, à du rab après les séances d'entraînement collectives. Tel un géomètre, appliqué, méticuleux, méthodique. Rigoureux aussi, comme quand il était joueur, n'hésitant pas à sanctionner par exemple un Mitchel Bakker pour manque de ponctualité. Le zèle de l'Espagnol ruisselle positivement sur son groupe, qui a adopté sa mentalité de champion. Mais Xabi Alonso dispose aussi, dans son effectif, de quelques joyaux d'exception, au premier rang desquels Florian Wirtz et Jeremie Frimpong.
Ce n'est qu'une question de temps pour que le premier ne prenne la responsabilité du jeu offensif de la Mannschaft avec Jamal Musiala et Kai Havertz. Le second, ignoré par son sélectionneur Ronald Koeman en raison de ses prétendues carences défensives - son profil est effectivement hyper offensif -, est devenu le meilleur latéral droit du championnat d'Allemagne. Marco Rose, l'entraîneur de Leipzig, a cherché à faire jouer son équipe dans le dos du virevoltant néerlandais, en vain.
À 41 ans, l'entraîneur du Bayer est certes encore jeune dans le costume mais la science tactique était déjà son fort sur le terrain et il profite naturellement de cette qualité aujourd'hui. Un exemple ? À l'aller, contre l'Union Saint-Gilloise, il a fait entrer l'avant-centre Sardar Azmoun en fin de match, profitant de la fatigue grandissante des Belges et permettant ainsi à Wirtz de trouver la faille pour égaliser.
Si le Bayer lui donne le temps...
Le prodigieux meneur de jeu de 19 ans, qui a retrouvé la forme petit à petit après sa rupture des ligaments croisés l'an dernier, permet au Bayer de changer de dimension, d'autant que son coach lui offre un maximum de liberté sur le terrain. Wirtz dicte le tempo et son entraîneur ne s'en cache pas : "Avec Flo, notre jeu atteint un autre niveau", assène-t-il. Xabi Alonso, lui, construit méthodiquement sa carrière. Après avoir débuté chez les jeunes du Real Madrid, il a pris en charge la réserve de la Real Sociedad avant de se lancer dans l'élite allemande en 2022.
"Si le Bayer lui donne le temps, le club en recueillera les fruits", croit savoir Karl-Heinz Rummenigge, qui l'avait fait venir au Bayern comme joueur en 2014. Quand le Basque est arrivé sur les bords du Rhin, à l'automne, le Bayer était... 17e. Il y a eu des rechutes – telle cette cinglante défaite 1-5 à Francfort – mais l'équipe et ses composantes ont ostensiblement progressé, en particulier dans leur équilibre. Xabi Alonso, pour lequel les vertus défensives sont vitales, a su contrebalancer un effectif bâti pour le spectacle offensif. Se calquant, par là même, sur les recettes qui font habituellement le succès des clubs avec lesquels il a brillé comme stratège sur le terrain, à savoir le Bayern et le Real.
picture

Adam Hlozek célèbre son but contre Leipzig

Crédit: Getty Images

Son immense expérience a profité au Bayer, jusqu'ici, à tout moment. Contre Monaco, en 8e de finale de la Ligue Europa, la séance de tirs au but en a été l'éclatante démonstration. Alors que le Bayer avait vendangé pas moins de 7 penalties sur 8 depuis 2022, les cinq tireurs ont fait mouche contre le club de la Principauté. La veille, Xabi Alonso avait fait travailler ses joueurs dans cet exercice...
"Il est tellement discipliné et empathique, il a accumulé tellement de succès à Liverpool, au Real, au Bayern que ce serait bien le diable s'il ne rencontrait pas le succès comme entraîneur", annonce Karl-Heinz Rummenigge. Dont le Bayern, justement, s'est incliné mi-mars (1-2) contre ce Bayer en plein redressement, à l'issue d'un duel géré de main de maître par le coach espagnol...
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Publicité
Publicité