Nagelsmann sur le départ, Tuchel en approche : Pourquoi le Bayern Munich veut tout changer… maintenant ?

Personne ne l'avait vu venir. Le Bayern Munich a manifestement décidé de tout révolutionner à l'approche d'un mois d'avril si crucial pour son avenir en Bundesliga et en Ligue des champions. L'ensemble des médias sportifs allemands, ainsi que le journaliste italien Fabrizio Romano, ont affirmé jeudi soir que le club bavarois était sur le point de se séparer de son entraîneur, Julian Nagelsmann, et de le remplacer par Thomas Tuchel. "Pour être honnête, c'est une énorme surprise, affirme Marc Hlusiak, journaliste de la rédaction allemande d'Eurosport. Personne ne s'y attendait. Et les journalistes proches du club sont perplexes face aux raisons de cette décision."

Le Bayern Munich n'est pas au mieux malgré la qualification pour les quarts de la Ligue des champions acquise face au PSG. Il connaît des difficultés en championnat depuis le début de l'année civile avec trois nuls et deux défaites, la dernière en date face au Bayer Leverkusen (2-1) lui ayant fait perdre la tête du classement au profit du Borussia Dortmund. Pourtant, Julian Nagelsmann a été conforté par sa direction en début de semaine. "Herbert Hainer, le président du club, a fait l'éloge de Nagelsmann lundi et souligné que le futur à long terme du Bayern s'inscrivait avec lui", rappelle Marc Hlusiak.

C'est ce qui rend la décision d'autant plus troublante. Même si Nagelsmann, arrivé sur le banc bavarois à l'été 2021, n'avait pas vraiment su se montrer à la hauteur des attentes pour sa première année au club malgré le titre de champion d'Allemagne, avec notamment l'élimination surprise face à Villarreal en quarts de finale de la Ligue des champions. Il se dit aussi que son discours ne fait pas l'unanimité. "Il est très analytique, obsédé par le détail, et son style aurait offensé certains joueurs, mais c'est de la spéculation", tempère Marc Hlusiak. La direction du club douterait surtout de la capacité de Nagelsmann à atteindre les objectifs du club, notamment dans les grandes échéances d'avril.

Prendre la décision de limoger Nagelsmann pour le remplacer par Tuchel n'est pas aussi surprenant que le timing, dans cette trêve internationale qui précède le choc au sommet de la Bundesliga face au Borussia Dortmund, puis celui des quarts de finale de la Ligue des champions face à Manchester City. "C'est toute la question, confirme Marc Hlusiak. L'une des réponses possibles, c'est la crainte de la direction du Bayern Munich que Tuchel ne soit plus disponible à la fin de la saison. Donc si elle savait déjà que Nagelsmann n'entrait plus dans le cadre du projet du club à long terme, elle pouvait prendre ce pari durant la trêve."

Tuchel, sans club depuis son départ de Chelsea en septembre dernier, était en effet convoité. Il y a eu les rumeurs d'un retour au PSG, mais aussi la possibilité de succéder à Carlo Ancelotti sur le banc du Real Madrid. Cependant, il ne semblait pas y avoir d'urgence chez ces deux clubs, ni chez le technicien allemand pour décider du futur. C'est en ce sens que la décision du Bayern, en attendant son officialisation, semble un précipitée. D'autant qu'il va devoir payer une forte indemnité à Nagelsmann, recruté pour 25 millions d'euros et sous contrat jusqu'en 2026. "C'est une décision coûteuse et la direction va devoir l'expliquer", souligne Marc Hlusiak.

L'ancien coach du PSG est une cible de longue date du Bayern. Il a aussi des références qui font défaut à Nagelsmann. "Nagelsmann n'a que 35 ans et il n'a rien gagné à part un titre de champion avec le Bayern Munich, rappelle Marc Hlusiak. Il y a des coachs de classe mondiale comme Josep Guardiola, José Mourinho and co, et Nagelsmann n'en fait pas partie… du moins pas encore." Tuchel, finaliste de la Ligue des champions en 2020 avec Paris, puis vainqueur de l'épreuve l'année suivante avec Chelsea, a montré sa capacité à répondre aux exigences d'un club ultra-ambitieux. Davantage que Nagelsmann, cependant beaucoup plus jeune et dont la carrière d'entraîneur n'a débuté qu'en 2016.

Mais Tuchel a aussi affiché ses difficultés à durer dans un club. A part à Mayence, pour ses débuts en tant que coach, le technicien de 49 ans n'a jamais effectué un mandat de plus de deux ans et demi, que ce soit à Dortmund, à Paris ou à Chelsea. Si sa venue se confirme, le Bayern peut d'ores et déjà se préparer à lui trouver un successeur à moyen terme. "Jürgen Klopp, peut-être Zidane, avance Marc Hlusiak dans cette optique. Mais il est très clair que cette décision est très risquée et peut exploser à la face du Bayern."