Le gros lot pour l'Egypte

Tout un pays attendait cela. Toute l'Egypte comptait sur ses Pharaons. Organisatrice de la Coupe d'Afrique des Nations, la sélection nationale n'avait pas le droit de tomber au terme du premier tour. D'autant que les coéquipiers de Mido avaient leur destin entre les mains. Un match nul envoyait à coup sûr l'Egypte en quarts de finale. Les Egyptiens ont fait bien mieux en s'imposant 3-1 face aux Eléphants.

Dans un stade national réchauffé par plus de 70 000 Cairotes déchaînés, les hommes d'Hassan Shehata prennent la partie à bras-le-corps. Remaniée puisque déjà qualifiée, la Côte d'Ivoire a du mal à contenir l'ardeur rouge et blanche et concède rapidement l'ouverture du score. Sur un corner joué à la rémoise, El Sakka s'élève et pique un bon coup de tête qu'Emad Motaeb prolonge dans le but (1-0, 8e).

Baladés durant un bon quart d'heure, les Ivoiriens commencent à sortir la tête de l'eau. Virtuellement dépossédés de leur leadership du groupe, les joueurs d'Henri Michel se reprennent et, sous l'impulsion d'Arouna Koné et Romaric, donnent un peu de travail à El Hadary. Finalement, c'est le premier nommé qui remet les compteurs à zéro. Une frappe en pivot qui lobe le portier égyptien, trop avancé sur le coup (1-1, 43e). La première période, très enlevée, se termine sur un score de parité.

Alors que le Maroc est tenu en échec par la Libye (0-0), l'Egypte décide de remettre le pied sur le champignon. A raison. Volontaires, les coéquipiers du presque quadragénaire Hossam Hassan, entré en jeu à la place de Mido (24e), poussent. Et finissent par être récompensés. Abo Treka trouve la faille d'une belle reprise croisée. A ras de terre, elle vient se ficher dans l'angle gauche de Barry, tout juste entré en lieu et place de Tizié, blessé (2-1, 61e). Le portier ivoirien n'est pas au bout de ses peines puisqu'il concède un troisième but quelques minutes plus tard. Son bourreau n'est autre qu'Emad Motaeb (3-1, 69e). Auteur d'un doublé, l'attaquant envoie ses partenaires en quarts de finale. Mieux, l'Egypte termine première du groupe A et évitera sans doute le Cameroun. Une excellente affaire. On n'en dira pas autant de la Côte d'Ivoire.

Troisièmes du groupe A avant cette dernière journée de poule, les Marocains savaient ce qu'ils avaient à faire pour se qualifier pour les quarts de finale : gagner. Gagner devant la Libye, battue lors de ses deux premiers matches, et espérer une défaite de l'Egypte devant la Côte d'Ivoire. Seulement voilà, pour gagner, il faut marquer, et le Maroc se sera montré incapable de la faire tout au long de cette CAN 2006. Du coup, le finaliste de la précédente édition quitte la compétition sans gloire, après un dernier nul piteux devant la Libye (0-0).

Piteux, oui, car malgré une domination territoriale évidente tout au long de la rencontre, les coéquipiers de Naybet n'ont jamais paru en position de l'emporter devant une formation dont le seul objectif était, il est vrai, de repartir avec au moins un match nul. Face à des Libyens très bien organisés défensivement mais aux faiblesses évidentes, les Marocains se sont montés attentistes et sans ambition, malgré une organisation qui se voulait plus offensive que face à la Côte d'Ivoire (0-1) et l'Egypte (0-0). Las, si pendant un quart d'heure, les Lions de l'Atlas ont pu donner l'illusion de pouvoir hausser le rythme, grâce notamment à un Hadji très entreprenant, la suite allait faire déchanter leurs supporters. Le seul éclair de la rencontre était signé El-Kadouri, auteur d'une frappe sèche qui atterrissait sur le poteau du portier libyen (17e).

Et ensuite ? Ensuite rien, ou presque. Les Marocains terminaient la première période en jouant à la passe à dix, sans jamais trouver l'ouverture. Osman et les Libyens montraient timidement le bout de leur nez, et entamaient la seconde période avec un peu plus d'allant, conscients des doutes de leurs adversaires. Au courant ou non de l'évolution du score dans l'autre rencontre du groupe, les Marocains n'y croyaient visiblement plus. Le jeu se durcissait, par la faute de Libyens trop heureux de ne pas rentrer totalement bredouilles chez eux, et d'un arbitre trop laxiste. Trois cartons jaunes, c'est à peu près tout ce qu'il fallait retenir d'une seconde période insipide. Le Maroc est donc éliminé, tout comme son adversaire du jour, pour qui ce match nul prend des allures de grand succès.