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"Ma deuxième patrie"

Eurosport
ParEurosport

Publié 29/01/2006 à 13:30 GMT+1

A la tête du Congo, Claude Leroy retrouve le Cameroun qu'il avait notamment dirigé lors du Mondial 98 pour une place en quarts. Avant ces retrouvailles, le sélectionneur se livre sur son rôle de "dénicheur de talent" et de "metteur en scène" mais aussi su

CLAUDE LEROY, la RD Congo peut-elle se qualifier pour les quarts face au Cameroun ?
C.L. : Pour le moment, quoi qu'il arrive, on ne peut pas finir plus bas qu'à la 3e place. Pour aller en quarts, c'est simple : il faut au moins qu'on fasse un match nul ou que le Togo et l'Angola fassent match nul, ce qui est possible. Et, même si on perdait 1-0 contre le Cameroun que l'Angola ne gagne que 2-0 contre le Togo, on serait encore qualifiés. Pour nous, l'objectif était la qualification pour la Coupe d'Afrique des Nations. A priori, on était les quatrièmes du groupe au départ. Mais il faut qu'on soit ambitieux et qu'on montre un football de qualité. On n'est pas du tout timides.
Le match nul face à l'Angola (0-0) vous laisse-t-il des regrets ?
C.L. : Je pense qu'on aurait fait un meilleur résultat si on avait joué à 11 contre 11. Mais la bêtise de Tresor Mputu nous a fait jouer presque 75 minutes à dix contre des Angolais revanchards. C'est compromettant. Je ne comprends même pas pourquoi il a cette réaction. C'est un tout jeune joueur qui a sans doute était cuit par tout ce qui s'est passé dans l'avant-match face et puis perturbé par toutes les sollicitations qu'il a par tous ces marchands d'esclaves qu'il a autour de lui depuis quelques jours, même si je mets de la sécurité 24 heures sur 24. Ces types sont capables de tout.
Cet intérêt pour vos joueurs est-il quelque chose de difficile à gérer ?
C.L. : En plus, on a une grande majorité de joueurs locaux qui ont du talent donc ils sont tous sollicités. Mais je ne pensais pas que ça arriverait à ce point où les gens sont prêts à n'importe quoi pour faire signer des contrats bidons. C'est invraisemblable. Le monde du football ne sort pas grandi de ce genre de compétition. J'ai quatre ou cinq joueurs qui sont sollicités un peu partout et même par des grands clubs européens et français.
Comment avez-vous trouvé ces jeunes joueurs ?
C.L. : Je suis allé voir beaucoup de matches de championnat. On a essayé d'aller un peu partout... même si ça n'est pas facile d'aller partout dans le Congo, parfois pour des raisons de sécurité. Mais on a pris ceux qu'on a vu. Il y des joueurs de Goma, de Lubumbashi ou de Kinshasa. Petit à petit, on a constitué le socle de la sélection nationale avec ces joueurs de qualité. Mais on en a encore à découvrir ! Je suis sûr qu'on n'a pas encore tout vu. Vous savez, c'est pays immense : entre 50 et 70 millions d'habitants, cinq fois plus grand que la France. Si tout était structuré et si la paix revenait vraiment, ça pourrait devenir le premier pays de football en Afrique vue la passion qu'il y a en RDC.
Vous aviez appliqué les mêmes recettes à la tête du Cameroun ?
C.L. : J'ai toujours fait ça, j'ai toujours déniché des joueurs. Si vous regardez un peu en arrière, l'équipe du Cameroun qui est allée en quarts de finale de la Coupe du monde, il y avait 70 % de jeunes joueurs que j'avais découverts dans les villages ou qui jouait en deuxième division. C'était une grande fierté. Au Sénégal, c'était pareil et, au Congo, c'est pareil. On a trouvé des Mputu, des Mbala ou des Mbele.
On peut dire que la RDC vous doit beaucoup...
C.L. : Je ne vais pas jouer les faux-culs mais je ne pense que pas ce soit grâce à moi. C'est vrai que j'ai donné l'impulsion, j'ai changé beaucoup de choses, j'ai bossé. J'ai tout changé : l'organisation, les structures, l'encadrement, la discipline. On a travaillé sur des bases tactiques très précises. Après, ce sont les joueurs. Ma qualité, c'est de dénicher le talent. Mais, pour qu'ils arrivent à bien jouer au football, il faut qu'ils aient du talent. Et le talent, ça n'est pas moi qui leur ai donné. Je suis juste un révélateur. Je pense que j'ai toujours été un metteur en scène.
Pourtant, vous aviez failli quitter les Simbas après les éliminatoires pour le Mondial 2006 ?
C.L. : Je vis une aventure formidable avec eux. Je suis resté grâce aux mots qu'ils ont eu à mon égard dans le bus après le match contre l'Afrique du Sud (2-2). Là, j'ai pleuré tout seul dans ma chambre. Les Camerounais m'ont toujours beaucoup ému. C'est ma deuxième patrie. Mais ce que les joueurs m'ont dit après ce match pour ne pas que je parte, je crois que je m'en souviendrai toute ma vie.
Le fait de posséder beaucoup de joueurs locaux n'est-il pas un handicap ?
C.L. : Il y a tellement de jeunes joueurs qu'ils ont besoin d'avoir des références. Shabani Nonda (forfait pour la CAN, ndlr) ou Lua-Lua sont des joueurs d'expérience qui savent ce que c'est que traverser une grande compétition. Ils ont joué dans des gros clubs. Lua-Lua joue à Portsmtouh mais il est passé par Newcastle. Ce sont les guides. Mais peu à peu, les locaux ont perdu de leur timidité. Aujourd'hui, ils ont pris confiance. Ils ont vu qu'ils pouvaient rivaliser avec les meilleurs joueurs.
D'ailleurs, vous parliez tout à l'heure de Tresor Mputu...
C.L. : Pour moi, Tresor Mputu est un jeune très, très doué. Il a un talent exceptionnel. Il a seulement 20 ans et voit encore en République démocratique du Congo pour le moment, il joue à Lubumbashi. Il semble déjà intéresser beaucoup de clubs en Europe. S'il est sérieux, s'il comprend qu'on ne peut pas être professionnel sans rigueur ou sans discipline, il peut être l'une des belles révélations de la CAN. S'il ne comprend pas ça, il passera à côté d'une belle carrière. En éliminatoires, il a mis un but contre l"'Afrique du Sud et un autre contre le Cap Vert. Il monte en puissance. Il vient de finir meilleur buteur de son championnat national. C'est un joueur très doué !
Il vous fait penser à Samuel Eto'o ?
C.L. : J'avais pris Samuel Eto'o très jeune pour la Coupe du monde 98 alors qu'il n'avait que 16 ans. C'est un peu ce registre là avec un peu moins de puissance et de vitesse mais peut-être encore plus doué techniquement. Il a tout pour réussir.



Finalement, que manque-t-il au Congo pour figurer parmi les meilleures nations africaines ?
C.L. : Le drame de la RDC, c'est de ne participer à aucune compétition de jeune, ni d'ailleurs à aucunes qualifications depuis 10 ou 15 ans. C'est un véritable miracle d'être présent à la CAN ! S'il n'y a pas de travail en amont au niveau de la formation, il ne peut pas y avoir de résultats en aval. Si vous prenez l'Angola qui est qualifié pour la Coupe du monde, ça fait déjà longtemps qu'ils font de la formation. Par exemple, ils participent pratiquement tout le temps au Festival international Espoirs de Toulon depuis 10 ans. Les voir au Mondial, ça n'est pas une surprise. Le Togo est davantage une surprise.
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