"Capitaine", "plaque tournante", "Alain Delon" : Henri Michel a incarné mieux que personne Nantes

"Légendes des légendes du club". Vendredi dernier, à l'occasion du derby face à Rennes, le FC Nantes a rendu hommage à ses anciennes gloires. Parmi celles-ci, si nombreuses, Henri Michel a été élu meilleur joueur de l'histoire des Canaris. Un titre honorifique mais qui dit tout de la trace laissée par l'ancien milieu des Jaune et Vert. "C'est notre capitaine pour toujours", nous a confié un Guy Lacombe très ému.

"C'est le symbole d'une génération et d'un état d'esprit canari. Personne n'incarne mieux que lui le FC Nantes", s'est souvenu Vahid Halilhodzic, deuxième meilleur buteur de l'histoire du club et coéquipier d'Henri Michel lors de la saison 1981-1982. "A l'entrainement, il montrait l'exemple dans l'engagement et le don de soi." Entre 1966 et 1982, il ne fut l'homme que d'un seul club, le FC Nantes : trois titres de champion de France, quatre fois vice-champion, une Coupe de France et deux finales. 532 matches de division 1 avec le FCN, personne n'a fait mieux que lui. Le maillot Europe 1, le short moulant vert, les luttes au couteau face à Saint-Etienne, les débuts du jeu à la nantaise, la forteresse Marcel-Saupin : c’était tout cela Henri Michel.

Gilles Rampillon a épousé la même carrière qu'Henri Michel. De 1970 à 1982 à Nantes. Lui comme meneur de jeu, Henri Michel comme meneur plus reculé. Il nous en dresse un portrait technique très précis : "C'était un joueur complet techniquement et physiquement. Il avait un volume de jeu incroyable. Quand on parle de footballeur moderne, il l'incarne mieux que quiconque. Il aimait courir, multipliait les efforts. Mais il possédait aussi un jeu long très précis avec des transversales de 40 mètres. Il ne faut pas oublier sa frappe du coup de pied. Aujourd'hui, il n'a pas d'équivalent." Une sorte de super milieu qui aimantait le jeu.

"Dès qu'on avait le ballon, on regardait où il était placé pour lui donner. Il était notre plaque tournante", continue Rampillon. Limité en vitesse de course, il a fini par reculer pour terminer sa carrière en libéro. Mais c'est le brassard chevillé au corps qu'il a marqué la grande histoire des Canaris. Capitaine emblématique durant une dizaine d'années, il détenait les clés du jeu.

Menton levé, torse bombé, geste juste, technique irréprochable : "Henri, c'était la classe", résume parfaitement Guy Lacombe. "Le Alain Delon du football." Une certaine idée de l'élégance sur le terrain mais pas seulement. Lacombe encore : "Quand je suis arrivé à Nantes en 1976, je n'étais personne, juste un petit Aveyronnais de rien du tout. J'ai fait un premier match d'essai qui devait permettre au club de savoir s'il me gardait ou non. A l'échauffement, l'immense Henri Michel, déjà capitaine et international, vient me voir pour me demander comment je voulais le ballon pendant le match. Si je le préférais dans la profondeur ou dans les pieds. Quelle classe ! Je n'ai jamais vu un joueur qui avait autant le sens de l'équipe."

Si doué, si dévoué à l'équipe, Henri Michel n'a pas laissé la même trace dans l'histoire du foot français qu'un Platini, qu'un Giresse ou qu'un Tigana. Il lui a manqué quelques épopées en Coupe d'Europe ou avec les Bleus. Guy Lacombe regrette : "Il n'a pas été reconnu à sa juste valeur internationalement. Mais il ne faut pas s'y tromper : aujourd'hui, il jouerait au Barça. Il avait de belles sollicitations mais il a préféré rester fidèle pour faire grandir le FC Nantes." L'homme du FCN. La figure éternelle des Canaris. "Légende des légendes du club."