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Barça : Valverde, le choix de la raison

Antoine Donnarieix

Mis à jour 25/05/2019 à 20:47 GMT+2

COUPE DU ROI - Entraîneur du FC Barcelone depuis deux saisons, Ernesto Valverde est contractuellement lié avec le Barça jusqu’au 30 juin 2020. Et d’après les derniers échos de sa direction, tout porte à croire que le Basque va aller au bout de son expérience barcelonaise. À tort ? Non, à raison.

Ernesto Valverde

Crédit: Getty Images

Tout semblait parfait. Le but de Luis Súarez en première période, le doublé de Lionel Messi en deuxième période, et surtout l’énorme occasion manquée par Mohamed Salah seul face au but vide. Vainqueur de Liverpool au Camp Nou (3-0), le Barça filait droit vers la finale de la Ligue des champions prévue à Madrid. Mais avant cette finale, il y avait Anfield. Là où tout a dérapé. Encore.
Giflé 4 à 0 par les Reds en demi-finale retour, le Barça d’Ernesto Valverde s’est pris une violente tornade de plein fouet. Forcément déçu, l’entraîneur pesait ses mots après la débâcle. "Le football est ainsi fait, rien n’est jamais acquis. Nous savions à quoi nous attendre ici, nous avons affronté une grande équipe. Ce qu’il fallait éviter, c’était d’être tout de suite mis sous pression par l’adversaire." Raté.

Les humiliations de la C1

Comme l’indiquait le message Never give up sur le pull-over de Salah, blessé pour la rencontre au même titre que Roberto Firmino, Liverpool ne s’est jamais avoué vaincu dans cette double confrontation face au Barça. En revanche, dire que le FC Barcelone s’est peut-être vu un peu trop beau avant le match retour à Anfield apparaît comme une théorie plausible.
Pourtant, le Barça avait déjà connaissance qu’un avantage de trois buts acquis au match aller n’était pas synonyme de qualification obligatoire, comme le justifiait son élimination face à l’AS Rome lors de la C1 2017-2018 (4-1, 0-3). Pourtant aussi, le Barça savait qu’une défaite par quatre buts d’écart lors du match aller n’était pas synonyme d’une élimination obligatoire, comme le rappelait sa qualification face au Paris Saint-Germain lors de la C1 2016-2017 (0-4, 6-1).
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Lionel Messi (L) reacts after his team conceded a goal during the UEFA Champions League quarter-final second leg football match between AS Roma and FC Barcelona

Crédit: Getty Images

Cependant, les faits sont là : en deux saisons passées à la tête du FC Barcelone, Ernesto Valverde s’est à chaque fois fait éliminer de la Ligue des champions à la suite d’une terrible remontada subie en terre étrangère. Faudrait-il donc remettre en cause la compétence du technicien espagnol ? Les plus indignés répondront par l’affirmative, mais cela ne signifie pas pour autant qu’ils sont lucides.
Depuis son sacre en 2015, le Barça fait face à une terrible statistique en C1 : seulement quatre buts inscrits à l’extérieur à partir des huitièmes de finale. Dans le même temps, les Catalans ont encaissé la bagatelle de dix-sept buts en déplacement européen. Quel était l’entraîneur à la tête du Barça jusqu’à l’été 2017 ? Luis Enrique, actuel sélectionneur de l’équipe nationale espagnole. Autant dire que réduire tout le talent de Valverde à deux éliminations en C1 serait vraiment très réducteur.

Le modèle du championnat

Là aussi, un angle d’étude est possible à travers un autre ex-entraîneur du Barça, aujourd’hui roi d’Angleterre avec Manchester City : Pep Guardiola. Bien entendu, les concepts des deux techniciens diffèrent et les succès passés de Guardiola à l’échelle européenne dépassent largement ceux de son homologue blaugrana.
Pourtant, malgré trois demi-finales obtenues lors de son passage au Bayern de Munich en 2014, 2015 et 2016, El Filósofo n’est jamais parvenu à hisser les Munichois ou Mancuniens en finale de C1, comme il l’avait fait avec le Barça en 2009 et 2011. Est-il remis en question du côté de Manchester City ? Pas le moins du monde, puisque Pep vient tout juste de boucler une somptueuse saison aux commandes des Citizens grâce à un triplé League Cup - coupe d’Angleterre - Premier League.
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Pep Guardiola

Crédit: Getty Images

Si Guardiola s’évertue à faire du championnat son terrain de jeu favori, Ernesto Valverde suit une dynamique similaire sur les deux dernières saisons de Liga. Double champion d’Espagne depuis sa prise de fonction chez les Culés, El Txingurri (La Fourmi, en VF) effectue un travail comptable exemplaire, bien aidé par ses divers cadres sur le terrain : Marc-André Ter Stegen, Gerard Piqué, Sergio Busquets, Luis Suárez et évidemment Leo Messi. Les preuves d’une évolution positive sont même chiffrées, puisque le Barça est sacré cette année avec un nouveau gouffre d’avance sur ses deux concurrents madrilènes (11 et 19 points d’avance sur l’Atlético et le Real cette année, contre 14 et 15 points la saison dernière).

Bartomeu : "Remporter la Liga nécessite un mérite extraordinaire"

Certes, la gestion de Valverde présente des défaillances, notamment en ce qui concerne l’intégration de ses recrues offensives comme Ousmane Dembélé, trop régulièrement blessé, ou Philippe Coutinho, loin d’être déterminant dans cette vingt-sixième Liga empochée par le FC Barcelone. L’heure d’un renouvellement générationnel devient aussi à l’ordre du jour, notamment pour faire souffler Suárez.
Mais sur la scène nationale, c’est un fait : Valverde ne connaît toujours pas l’échec. Ce samedi face au FC Valence, le Barça sera en finale de la coupe du Roi et ce nouveau trophée permettrait au FC Barcelone de devenir le premier club espagnol de l’histoire à remporter l’épreuve cinq fois de façon consécutive. Une distinction loin d’être anecdotique.
Voilà donc de quoi justifier l’attache que porte José María Bartomeu à celui choisi pour occuper le banc barcelonais depuis l’été 2017. "J’ai une pleine confiance en notre entraîneur, confiait ce jeudi le président face au Sénat du Barça. Il agit de façon discrète et intelligente pour le bien de l’équipe. Remporter la Liga nécessite un mérite extraordinaire et vous savez mieux que personne la débauche d’énergie qu’il faut pour remporter cette compétition."
À n’en pas douter, une victoire avec la manière contre les Chés dans le stade Benito-Villamarín donnerait à Valverde l’assurance d’honorer l’expression jamais deux sans trois. Et malgré son addiction pour la folie, la Ligue des champions pourrait bel et bien offrir une dernière danse au cartésien Valverde.
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Ernesto Valverde

Crédit: Getty Images

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