Bordeaux se fait piéger

Regnault était trop grand pour Bordeaux. Le portier de Sedan a été l'un des grands artisans de la qualification du club ardennais pour les demi-finales de la Coupe de France. Parce qu'il a arrêté les frappes de Cavenaghi et Jurietti lors de la séance de tirs au but. Mais aussi -et surtout- parce qu'il est parvenu à garder sa cage inviolée durant les quatre-vingt dix minutes du temps réglementaire et les trente qui suivirent en prolongation. Une performance de taille lorsque l'on sait que les Girondins possèdent la deuxième meilleure attaque de L1 avec 58 buts inscrits. Une performance qui a permis à son équipe d'espérer rééditer son exploit de 1999 et 2005, lorsqu'elle était parvenue à se hisser jusqu'au Stade de France.

Dans l'ensemble, cette rencontre fut cependant loin d'être palpitante. La faute à des Girondins, dont le peu d'entrain à jouer vers l'avant, et le manque de détermination, n'auront certainement pas échappé à Laurent Blanc. Incapables de mettre du mouvement dans leurs offensives, ils n'ont rien proposé ou presque. Un coup-franc sur la barre de Cavenaghi en première période (12e). Deux frappes lointaines de Diawara et Wendel en seconde (51e, 72e). Et c'est tout. Le reste du temps, ils ont buté sur une muraille ardennaise, dont le pressing très haut les a considérablement gênés. Sans la maladresse de Sartre, qui avait profité d'une bonne récupération d'Allart sur le côté gauche, ils auraient d'ailleurs pu le payer juste avant la mi-temps (42e).

Ce qui n'était qu'un avertissement n'a visiblement pas suffi à convaincre Fernando et ses équipiers d'appuyer sur l'accélérateur. A court d'imagination et rattrapés par la fatigue à l'image de Diawara, victimes de crampes, et de Jemmali, remplacé durant la prolongation (101), les Bordelais ont dû se résoudre au jeu de la loterie et sa séance de tirs au but. Une issue qu'ils ont pourtant bien failli éviter grâce à Cavenaghi, dont le but à l'ultime minute fut refusé pour un coup-franc trop rapidement joué (119e). Un malheur n'arrivant jamais seul, l'Argentin récolta, pour s'être pris pour Ryan Giggs lors de MU-Lille l'an dernier, un carton jaune, synonyme de suspension contre Toulouse dimanche. En une seule rencontre, Bordeaux pourrait bien avoir perdu gros.

"Je ne sais pas si Bordeaux a fait un mauvais match. Il faut peut-être recadrer cela et se dire que Sedan a fait un bon match. Et si cela avait été un match de boxe, je crois qu'on aurait gagné aux points. On n'a pas déjoué, au contraire, on a su faire déjouer Bordeaux et on s'est créé quelques petites occasions. Sur l'ensemble du jeu, je pense qu'on n'est pas ridicules, loin de là. Ce qui est paradoxal, c'est qu'on a joué contre le 2e de Ligue 1 et qu'on s'est senti sereins. Sur les tirs au but, je ne connaissais pas particulièrement les tireurs bordelais, mais j'avais déjà choisi que, pour Cavenaghi, je plongerais à gauche, et sur Jurietti à droite. Cela m'a souri ce soir, c'est tout bénéfice pour les Ardennes, pour les supporteurs, pour nous, pour tout le monde. C'est cool. Sedan et la Coupe, c'est assez spécial, c'est un peu une histoire d'amour."