Coupe de France : Ils ont tous une bonne raison de jouer le coup à fond

Faut-il jouer le coup à fond en Coupe ? Du premier au huitième tour de la Coupe de France, personne ne se pose jamais cette drôle de question. Le plus ancien des trophées hexagonaux conserve une aura inégalée chez les "petits" qui, année après année, rêvent d'une aventure qui les mènerait jusqu'au Stade de France ou, sans monter jusqu'à Saint-Denis, d'un duel face aux plus grandes écuries du football français.

Les formations de l'élite sont aujourd'hui bien moins passionnées par la Coupe de France qu'elles ne le furent dans un passé plus ou moins lointain. La magie de la coupe n'opère plus toujours pour les pensionnaires de Ligue 1 qui, à l'exotisme d'un déplacement à Plabennec, préfèrent le confort d'un match de L1. Pourtant, les 14 survivants de l'élite, engagés en 16e de finale de la Coupe de France, auraient bien intérêt de ne pas prendre ce rendez-vous par-dessus la jambe.

Ajaccio en Ligue 2, c'est acté. Ou presque. Neuf points après vingt-et-une journées : l'ACA sera de retour à l'échelon inférieur l'été prochain. Pour que la deuxième partie de la saison soit moins morne qu'elle ne devrait l'être, les Corses seraient bien inspirés de jouer le coup à fond en Coupe de France. Pas à 90% ou 95%. Mais à 100%. Autant faire tourner en L1 et tenter d'aller au bout en Coupe. Ce serait une sacrée consolante. Saint-Etienne (1962), Nice (1997), Strasbourg (2001) et Lorient (2002) ont déjà réussi ce drôle de doublé : gagner la Coupe de France en descendant la même saison.

Bastia n'est pas dans la même position qu'Ajaccio. Pour les Bastiais, la fin de saison sera plus heureuse, c'est certain. Si le SCB peut encore accrocher l'Europe via le championnat, ce sera très compliqué. Le plus court chemin passe par la Coupe de France. Pour Djibril Cissé, c'est la route la moins escarpée vers l'équipe de France. L'international français, qui aspire à disputer le Mondial 2014, doit briller jusqu'en mai. Actuellement blessé, Cissé n'a plus de temps à perdre et doit jouer le maximum de matches pour concrétiser son rêve. Autant aller loin en coupe. Un doublé en demie ou en finale de "Djib", ça pourrait donner des idées à Didier Deschamps.

On ne va pas vous faire un dessin. Rennes n'a plus rien gagné depuis 1971. Ça commence à faire vraiment désordre.

Après avoir fait espérer à la Ligue 1 que le PSG aurait un adversaire de taille sur la route du titre, Lille s'est ramassé. Le LOSC n'avance plus et, désormais, se retrouve plus proche de la quatrième place que de la deuxième. Deux défaites en Ligue 1 plus une élimination face au voisin de l'IC Croix, ça ferait vraiment désordre. René Girard a concédé que Lille avait actuellement perdu la "grinta qui faisait (la) force" de l'équipe lors de première partie de saison. Face à un voisin de CFA2, qui va venir avec quelques anciens jeunes formés au LOSC, les Dogues n'auront de toute manière pas le choix.

Voir plus haut, au paragraphe "Ajaccio".

La Bretagne est la région de la Coupe de France par excellence. Les clubs bretons aiment cette compétition et, régulièrement, sont les plus nombreux sur la ligne de départ. Si vous n'en êtes pas convaincus, regardez donc le derby Concarneau - Guingamp, mardi soir. Vous comprendrez alors pourquoi l'EAG de Jocelyn Gourvennec ne peut pas prendre ce 16e de finale à la légère.

L'Olympique de Marseille est le recordman des victoires en Coupe de France, avec dix trophées glanés entre 1924 et 1989. Depuis cette dernière victoire, lors d'une des plus belles finales de l'histoire (OM-ASM : 4-3, triplé de JPP), Marseille est fanny. Trois finales. Trois défaites. Avouez que ça fait mauvais genre. Si les Olympiens sont attachés à l'histoire du club et à la tradition, ils devraient sérieusement se remettre au boulot en Coupe.

Un match "à la vie à la mort" au Stade Vélodrome a toujours quelque chose d'excitant pour un visiteur, quel qu'il soit. Mardi, l'OGCN n'échappera pas à la règle. Après s'être fait souffler une place en demi-finale de la Coupe de la Ligue par Nantes (4-3), le club azuréen n'a pas envie de voir une autre compétition lui filer entre les doigts à six jours d'intervalle. Dario Cvitanich ne dira pas le contraire. Et pas seulement pour cette raison-là. Buteur à Nantes et face à Ajaccio samedi, l'Argentin s'est débloqué et, suivi de près par l'OM, pourrait bien aiguiser l'appétit olympien en lui jouant un sale tour. Si, si, tout ceci est logique…

On ne va pas se mentir : le titre en Ligue 1, ce ne sera pas pour cette saison. Monaco devrait terminer sur le podium, retrouver la Ligue des champions. Pour un promu, c'est déjà pas mal. Mais l'ASM pourrait ajouter un peu de lustre à l'exercice 2013/2014, celui de son retour aux affaires, en réalisant quelque chose de bien en Coupe de France. Ça laisserait une trace sur un palmarès qui n'a plus bougé depuis 2003 (mis à part le Championnat de France de L2 en 2013...).

Bordeaux a plein de raisons de ne pas prendre son 16e de finale contre L'Île-Rousse à la légère. Parce que les supporters girondins, qui n'ont plus vu leur équipe jouer à Chaban-Delmas en Coupe de France depuis belle lurette (janvier 2011), ne seraient pas contre un 8e de finale à la maison. Déjà. Aussi, les joueurs de Francis Gillot sont tenants du trophée et, s'ils n'ont pas tellement aimé disputer la Ligue Europa - conséquence directe de leur triomphe face à Evian (3-2) -, il serait mal venu d'en faire autant en Coupe de France.

La dernière fois que Lyon a remporté la Coupe de France, en 2012, une partie des observateurs avait voulu croire que l'OL allait refaire le coup de 2001. Il y a treize ans, le club rhodanien s'était débloqué en Coupe de la Ligue avant d'écraser la France du football les sept années suivantes. Les mêmes causes n'ont pas produit les mêmes effets et Lyon est reparti de zéro. Deux ans plus tard, l'OL n'est guère plus haut dans la hiérarchie mais l'on sent comme un frémissement du côté de Gerland en ce début d'année. Autant le conforter avec une belle aventure en Coupe de France.

Un peu comme Rennes. Ce serait l'occasion de gagner un trophée, cinquante-sept ans après le dernier… Mais aussi, en cas de parcours accompli et d'une éventuelle demie à domicile, de voir le Stadium plein au moins une fois cette saison. Fermez les yeux et imaginez…

Le PSG a beau avoir changé d'ère, la Coupe de France reste indissociable de l'histoire du club de la capitale. Véritable spécialiste d'une compétition qu'il a remportée à huit reprises et qui a souvent effacé les affres de saisons ratées, le Paris Saint-Germain version QSI ne jurerait pas au Stade de France. Nasser Al-Khelaïfi l'a d'ailleurs dit : tant qu'à faire, autant tout gagner. Zlatan Ibrahimovic, qui n'a remporté qu'une coupe nationale dans sa carrière (Pays-Bas, 2002), y verrait aussi l'occasion de décrocher autre chose que des multitudes de championnats.

On le lui a souvent reproché par le passé : A part un titre en L2, Rolland Courbis n'a rien gagné de majeur dans sa carrière d'entraîneur. S'il veut ouvrir son compteur cette saison, le volubile technicien du MHSC n'a pas trente-six solutions…. Un indice chez vous : cela ne sera pas via le Championnat de France ou la Coupe de la Ligue.