Coupe de France : OL, équipe de coups, équipe de Coupe

Il y a des aventures d'un soir plus mémorables que les feuilletons d'une vie. Cela pourrait bien être le résumé du roman 2017-2018 de l'Olympique lyonnais. Toujours en lice pour le podium en Ligue 1, les Gones marquent toutefois le pas et sont décrochés pour une qualification directe en Ligue des champions, désormais à sept points. Alors que les matches se multiplient au calendrier de Bruno Genesio, les Lyonnais vont devoir mener plusieurs objectifs de front. Et il semble inscrit dans leur ADN de la saison que les efforts "ponctuels" des Coupes leur sied plus que le marathon des week-ends. L'occasion est belle à Caen de le prouver une fois de plus.

Ce millésime de l'OL est ainsi déroutant. Tantôt brillant et irrésistible offensivement, puis soudainement inexistant et friable comme à Lille en championnat le 18 février dernier. L'effectif rhodanien est jeune, pétri de talent, mais il pêche encore par inconstance. Bruno Genesio ne s'en est d'ailleurs pas caché avant le match à d'Ornano, ses joueurs ont de plus en plus tendance aux coups de mou ces derniers temps, et pas seulement physiquement. "Les joueurs ne sont pas des robots, on a fait 13 matchs depuis janvier dont huit à l’extérieur. Je ne me plains pas sur notre sort mais il faut savoir qu'après un déplacement on rentre souvent vers 3H00 du matin, on ne s'endort pas, on se lève, on repart deux jours après. On laisse plus de forces mentales que physiques."

Son défenseur Marcelo a abondé dans ce sens. "Il faut bien récupérer psychologiquement. C'est un gros rythme. Cela joue sur le physique mais il faut savoir se dépasser pour atteindre nos objectifs." Se dépasser, un mot capital pour comprendre la courbe de résultats parfois sinusoïdale de Lyon lors de cet exercice. C'est simple, cette équipe semble capable de se transcender sur des séquences, des matches, des moments forts. Comme à Everton ou face à Villarreal en Ligue Europa, ou encore contre le PSG il y a quelques semaines. Pour ce qui est d'assurer quand l'enjeu se fait moins fort, contre des adversaires moins prestigieux, la réussite est tout autre. La faute à la jeunesse de ce groupe, à son logique manque de vécu collectif. A son manque de patron sans doute aussi un peu.

"Chaque joueur a des responsabilités, explique ainsi Mariano. Cela ne dépend pas de l'âge. On doit tous se responsabiliser. Il faut continuer à travailler. Je n'ai jamais baissé les bras dans ma vie et je ne vais pas commencer aujourd'hui." Ce serait dommage, surtout si proche du dernier carré de la Coupe de France. A Caen, l'OL a une bonne occasion de se rapprocher d'un trophée, sans doute le plus accessible, même si la Ligue Europa, dont la finale se disputera à Décimes, trotte forcément dans les esprits.

Les Gones devront faire sans Fékir, ni Rafael, blessés et forfaits. Mais avec des joueurs comme Mariano, Depay, Cornet ou Aouar, Lyon a les atouts et la qualité individuelle pour faire la différence dans les moments qui comptent, sans pour autant se montrer impériaux sur la longueur. Même le parcours actuel en Coupe de France en atteste du trou d'air à Nancy en 32e au relâchement en deuxième mi-temps à Monaco en 8e. L'expérience de la demi-finale de Ligue Europa l'an dernier (et même de la finale pour Bertrand Traoré avec l'Ajax) devrait aider ces jeunes loups à les faire saliver davantage à l'idée de soulever un trophée, ce qui n'est plus arrivé à Lyon depuis 2012. Car de ces instantanés de 90 (ou 120) minutes, les Gones ont le profil parfait d'un beau vainqueur. Celui qui sait enchaîner les sprints, plutôt que les courses de fond.