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Coupe de France - Footballeur à 40 ans : mais qu'est-ce qui fait encore courir Balmont ?

Alexis Billebault

Mis à jour 28/01/2020 à 13:27 GMT+1

COUPE DE FRANCE - Florent Balmont aura 40 ans le 2 février prochain. Le joueur passé par Lyon, Lille ou encore Nice, est depuis dix-huit ans au plus haut niveau en France. Le milieu de terrain qui évolue aujourd'hui à Dijon et qui prendra sa retraite à l'issue de cette saison est revenu sur son incroyable longévité.

Florent Balmont

Crédit: Getty Images

Allez-vous vraiment mettre un terme à votre carrière à l’issue de la saison ?
Oui ! C’est certain, à 100 %. Je m’y suis préparé, les choses sont claires. Je vais arrêter, et ensuite, je passerai mes diplômes pour devenir entraîneur. Il n’est pas question que je reste inactif. Ce n’est pas dans ma nature. Certains joueurs professionnels vont prendre une ou deux années sabbatiques, mais ce ne sera pas mon cas. Ma femme tente bien de me dire que ce serait bien que je me pose un peu… Mais je ne m’imagine pas rester sans rien faire. Avant que je ne devienne professionnel, j’allais régulièrement aider mon père, menuisier. Je le voyais tous les jours se lever tôt pour aller travailler. Je ne m’imagine pas rester sans rien faire. Je n’ai pas été élevé comme ça.
Il était déjà question que vous arrêtiez en juin dernier…
C’est vrai. Mais ce n’était pas le moment. J’avais connu une sérieuse blessure (rupture du tendon d’Achille en mars 2018, ndlr), j’avais beaucoup travaillé pour revenir… La saison 2018-2019 a été compliquée, je ne voulais pas arrêter comme ça. Avec le président Delcourt, nous avons estimé qu’on pouvait continuer à travailler ensemble pour une saison ; mais cette fois-ci, c’est définitif. Je vais avoir 40 ans, je vais en profiter jusqu’au bout, du dernier entraînement, du dernier match. Mais en juin, ce sera fini.
Pourquoi arrêter quand on prend du plaisir ?
Quand vous avez débuté votre carrière professionnelle, en 2002 avec Lyon, votre club formateur, imaginiez-vous durer aussi longtemps ?
Pas vraiment. Je ne m’étais pas fixé d’objectif, mais sincèrement, je ne pensais pas jouer jusqu’à 40 ans… Et puis, on se rend compte qu’on fait un métier magnifique. Le foot est pour moi une passion. Alors, pourquoi arrêter quand on prend du plaisir, tous les jours, à aller s’entraîner ? J’aime la compétition, je n’avais donc aucune raison de ne pas continuer à vivre ma passion.
Vous n’êtes jamais allé à l’entraînement en faisant la gueule ?
Jamais ! J’aime trop ça ! Même quand on joue moins, comme c’est un peu mon cas à Dijon cette saison. Parce que c’est ma passion, parce qu’on a envie de se battre pour essayer de gagner sa place. Je n’ai jamais ressenti de lassitude. Dans un groupe, il y a de la concurrence. C’est une source de motivation, et ce n’est pas en traînant les pieds qu’on peut arriver à atteindre ses objectifs. Moi, je me suis toujours fixé des objectifs. C’est aussi ce qui m’a permis de durer. Être performant, être exemplaire, pour les plus jeunes.
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Florent Balmont avec le maillot de Dijon

Crédit: Getty Images

Est-il plus facile en vieillissant d’accepter d’avoir un temps de jeu moins important ?
Bien sûr. C’est normal. On a plus de recul. Je sais très bien, même si je me sens très en forme, qu’à 40 ans, le corps accepte moins de chose qu’à 25… Cela ne signifie pas que quand je suis sur le banc de touche, j’ai le sourire ! Moi, j’ai envie d’être sur le terrain.
Stéphane Jobard, le coach de Dijon, vous propose-t-il parfois des séances adaptées ?
Oui, cela arrive. Mais j’accepte rarement, tout simplement parce que je déteste rater un entraînement. Il lui arrive de me proposer une séance allégée, ou de me dispenser d’une séance physique.
En France, il a toujours existé une forme de réticence par rapport aux joueurs atteignant la trentaine. Un peu comme pour le salarié lambda de 50 ou 55 ans…
C’est exactement ça. Je ne sais pas pourquoi, c’est très français, car j’ai l’impression qu’à l’étranger, les clubs ne font pas une fixation sur l’âge du joueur. En France, on se pose des questions : est-il encore performant ? Peut-on miser sur lui ? Il y a une sorte de blocage. Alors qu’à 30, 31 ou 32 ans, un footballeur est en général plus apaisé. Il connaît mieux son jeu, son corps, et il a de l’expérience. Et dans une équipe, il faut des joueurs d’expérience, comme il faut des jeunes. Je ne comprendrai jamais vraiment pourquoi on pense ainsi en France.
Je ne suis pas du genre à me priver de tout
Pour durer aussi longtemps dans un sport exigeant, faut-il mener une vie d’ascète ?
Ce n’est pas mon cas. J’ai bien sûr toujours fait attention, et peut-être un peu plus en vieillissant. Quand on est plus jeune, certains excès passent mieux. Alors, même si j’ai une bonne alimentation – et je remercie ma femme qui cuisine très bien – j’aime bien aussi me faire plaisir à table. Et boire de temps en temps un verre de vin ou une bonne bière. Je ne me couche jamais avant 23 heures ou 23 h 30. La sieste, ce n’est pas tous les jours, même si, avant un match, je la fait. J’ai une bonne hygiène de vie, oui, mais je ne suis pas du genre à me priver de tout.
Pour durer dans le sport de haut niveau, faut-il aussi s’intéresser à d’autres choses ?
C’est mon cas. Si ma carrière est aussi longue, il y a pour moi quelque chose d’essentiel : le socle familial. Ma femme, mes trois enfants, la famille, les amis proches. J’aime le foot, c’est ma passion, mais j’ai d’autres centres d’intérêts. Sportifs, comme le tennis ou le paddle. Mais j’aime aussi lire. Je prends plus le temps de le faire depuis quelques années. Je lis pas mal de choses, surtout des biographies. Cela peut concerner des personnalités politiques, sportives, etc. J’ai besoin de m’aérer la tête. C’est nécessaire.
De nombreuses personnalités du football se plaignent de la lourder du calendrier. A court terme, estimez-vous que le nombre de joueurs de 38-40 ans, ou plus, comme Hilton (42 ans) encore en activité, soit encore plus faible ?
Je ne sais pas… Je n’en suis pas certain ; Cela fait quand même longtemps que certains joueurs jouent cinquante matches par saison, rien qu’en club. Cela fait aussi longtemps que les préparations estivales sont lourdes physiquement. Si, dans sa tête, un joueur se sent bien, est motivé, a envie de jouer, il peut durer longtemps. Personnellement, j’ai aussi eu la chance d’avoir été très peu blessé, hormis au tout début de ma carrière à Lyon (ligaments croisés d’un genou) et à Dijon avec cette rupture du tendon d’Achille.
Après Dijon, pensez-vous reprendre une licence dans un club amateur ?
Franchement, non. Ou alors, si c’est pour retrouver cinq ou six potes. Mais je continuerai à faire du sport, parce que j’aime ça, parce que j’en ai besoin !
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