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COUPE DE FRANCE - La Coupe de France a-t-elle perdu de sa superbe avec la fin des prolongations ?

Yohann Le Coz

Mis à jour 01/01/2022 à 19:21 GMT+1

Depuis l'édition 2020-2021, la Coupe de France s'est débarrassée de ses prolongations au profit d'une séance de tirs au but immédiate en cas de match nul au bout du temps réglementaire. Seule la finale conserve la possibilité d'un match de 120 minutes. L'absence de prolongation est-elle anecdotique, ou change-t-elle vraiment le visage de cette compétition chère aux amateurs de football français ?

Pénalty Coupe de France

Crédit: Getty Images

Une demi-heure d'ambiance électrique en tribunes, de tension palpable sur le terrain, lors de laquelle il n'était pas rare d'observer des retournements de situation rocambolesques et des joueurs s'écrouler sous la douleur d'une crampe soudaine. Si cette description des prolongations est au passé, c'est parce que la Coupe de France, qui a vu tant de petits poucets batailler lors de ces 30 minutes de bonheur (ou de souffrance) en plus, s'est départie de cette règle la saison dernière.
Les plus pragmatiques diront qu'avec la multiplication des matches, c'est un mal pour un bien, le moindre allègement des calendriers étant désormais le bienvenu. Les plus romantiques, amoureux des moments mythiques qu'ont à offrir ces moments uniques, assureront que la Coupe de France sans prolongations, ce n'est plus vraiment la Coupe de France. Toujours est-il que la règle a changé, pour quel impact ?

Les prolongations en Coupe de France, la fin d'un mythe ?

"Les prolongations font partie de la magie de cette compétition particulière. C'est toujours la Coupe de France mais il manque un ingrédient". Cette magie des prolongations, Réginald Becque y a goûté, et même un peu plus. En 2000, avec son club de Calais, pensionnaire de CFA (équivalent du National 2 aujourd'hui), ils éliminaient tour à tour Lille, Cannes, Strasbourg puis Bordeaux, pour se hisser en finale face au FC Nantes. Ils s'inclineront finalement 2-1 au face aux Canaris.
Des minutes de bonheur en plus, ils ont joué en cette saison 1999/2000 les Calaisiens. Qualifiés aux tirs aux buts face à Lille et Cannes, ce sont les prolongations contre Bordeaux qui sont restées les plus mémorables pour Réginald Becque. "On fait 0-0 au bout du temps réglementaire, j'avais une crampe dans chaque mollet. Quand on ouvre le score après 100 minutes de jeu, on se sent pousser des ailes, les crampes s'envolent. Une émotion incroyable". De quoi le porter lui et les siens pour planter trois buts aux Girondins (score final 3-1) et filer au Stade de France.
Le football français serait-il désormais orphelin de sa dernière compétition nationale avec prolongations ? Les joueurs, eux, pourraient bien le ressentir comme ça. "C'était un réel plaisir de prolonger le bonheur contre des équipes pro, qu'on ne rejouera peut-être jamais" se souvient l'ancien latéral gauche calaisien.
"Ce serait dommage que les prolongations ne reviennent pas un jour. Si elles sont amenées à disparaître définitivement elles appartiendront seulement à l'histoire de cette compétition." complète-t-il. Des joueurs amateurs privés d'un plaisir prolongé face aux plus grandes équipes françaises, cela peut sembler triste, mais ce n'est pas toujours pour le pire.

Un avantage pour les petits poucets ?

Pour Pierre Talmont, coach du Vannes Olympique Club, prochain adversaire du PSG en Coupe de France, la nouvelle réglementation est bienvenue : "La fin des prolongations favorise les clubs inférieurs. Contre Paris, si on arrive à la mi-temps avec un 0-0 on se dira qu'on est à 45 minutes d'un exploit." Il poursuit : "On l'a vu nous-mêmes aux tours précédents. Contre des équipes de deux ou trois divisions inférieures, sur un terrain difficile, dans des conditions compliquées, ils se disent qu'ils n'ont que 90 minutes jusqu'au pénalties."
Dans le cas d'une domination nette d'un adversaire supérieur de plusieurs divisions, prendre l'eau pendant 30 minutes supplémentaires peut relever du calvaire. Lors de l'édition 2019/2020, la dernière avec des prolongations, le FC Limonest Saint-Didier (N3) en fait l'amère expérience contre Dijon en 8e de finale. Après avoir arraché le nul 1-1 à la fin du temps réglementaire, le petit poucet a fini par s’incliner fatalement en encaissant un but à la 120e minute.
Pierre Talmont tempère tout de même : "La fin de la prolongation nous avantage, c'est une évidence, mais il va falloir tenir déjà ! Ça ne va pas être simple. Et puis on ne va pas jouer en garant le bus devant la surface."

Les cadors bien arrangés

Pour autant, les cadors de Ligue 1 n'iront sûrement pas s'en plaindre. Selon l'entraîneur vannetais, le temps de jeu en Coupe de France "est l'occasion de faire tourner l'effectif pendant les premiers tours", pas un problème pour l'état de forme en championnat donc.
Pour leur futur adversaire, le PSG, dont la Coupe est un objectif à remplir chaque saison, la rotation lors des matches de Coupe n'est jamais complète. En témoigne la composition parisienne lors des 32e de finale (3-0) contre Feignies Aulnoye (N3) : Mbappé, Verratti, Icardi, Kimpembe…Pour d'autres la Coupe reste l'occasion de garnir l'armoire à trophées. Comme pour l'OM qui a aligné Payet, Guendouzi, Milik et Gueye pour venir à bout de Cannet-Rocheville (N3) au dernier tour (4-1).
À l'heure de la multiplication des matches en Coupe d'Europe et des critiques contre la tenue d'une Coupe du Monde tous les deux ans, tout est bon à prendre pour les plus gros effectifs de la compétition. Qui plus est quand les nouvelles règles ne sèvrent pas complètement les spectateurs de moments épiques. Chaque supporter brestois se rappellera de l'interminable séance de tirs aux buts des 32e de finale, la plus prolifique de l'histoire de la compétition, entre Brest et Dinan-Léhon (N3), conclue avec une qualification du pensionnaire de L1 sur le score de 12-13. Assez d'émotions pour faire le deuil des prolongations ?
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