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OM - Cannet-Rocheville : "J'entendais 'Saliba en équipe de France', j'ai fait deux erreurs en un match : ça m'a calmé"

Martin Mosnier

Mis à jour 19/12/2021 à 09:46 GMT+1

COUPE DE FRANCE - Avant d'affronter Cannet-Rocheville ce dimanche en Coupe de France, William Saliba s'est confié sur son début de saison à Eurosport. Très exigeant avec lui-même, l'un des hommes forts de l'OM ne se ménage pas. Son échec à Arsenal, ses erreurs face à la Lazio Rome : même s'il dégage une grande confiance en lui, le jeune homme de 20 ans construit sur ses erreurs. Entretien.

Saliba : "Je suis prêté à l'OM mais je fais comme si j'étais là pour de longues années"

Vous avez rejoint l'OM cet été. Quel premier bilan faites-vous de votre expérience à l'OM ?
W.S. : Le bilan est positif. On est deuxièmes du championnat même si on n'a pas passé la phase de groupe de Ligue Europa. On est reversé en Ligue Europa Conference. C'est une bonne phase aller. Personnellement, je fais des bons matches même si j'ai aussi fait des erreurs. Ça me permet d'apprendre, de progresser. Je suis encore un jeune joueur. Pour l'instant, c'est positif mais il faut rester concentré.
On a l'impression que l'OM est passé d'une équipe un peu folle en début de saison à une équipe plus rationnelle. Etes-vous d'accord avec ça ?
W.S. : On a eu une période molle où on ne marquait plus, on enchainait les matches nuls. On est désormais la meilleure défense du championnat alors qu'on encaissait beaucoup de buts évitables en début de saison. On revient bien. On a bâti une très bonne équipe. L'objectif numéro 1 : jouer la Ligue des champions et redonner du plaisir aux supporters. Et aller le plus loin possible en Coupe de France et en Ligue Europa Conference.
Vous avez une revanche à prendre avec la Coupe de France dont vous jouez les 32es de finale ce dimanche. Vous avez été privé de finale par Arsenal en 2020 alors que Saint-Etienne affrontait le PSG au Stade de France. Est-ce que ça vous reste encore en travers de la gorge ?
W.S. : Oui. Une finale, tu n'en joues pas toutes les années. C'est dur d'aller en finale. On avait fait un très bon parcours. Ça laisse un goût amer et reste dans un coin de ma tête.
Est-ce que vous savez depuis quand l'OM n'a pas gagné la Coupe de France ?
W.S. : Ça doit faire longtemps…
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William Saliba (OM) face au LOSC le 3 octobre en Ligue 1

Crédit: Getty Images

1989…
W.S. : Ah ouais, quand même…
L'OM et vous avez donc de très bonnes raisons d'aller au bout cette année.
W.S. : C'est tout le mal que je nous souhaite. En Coupe de France, tout le monde a les crocs. Il n'y a pas de petites ou de grosses équipes. Il faudra respecter l'adversaire. Ils seront plus motivés que nous. Il ne faudra pas tomber dans la facilité.
Sampaoli ? Même avant le match, il est sous tension
Après 4 mois au club, si vous deviez ne retenir qu'une seule chose de Jorge Sampaoli ?
W.S. : C'est un amoureux de la gagne. Tout le monde aime gagner mais lui…. C'est pour ça qu'on le voit faire des allers-retours ou en train de stresser. Même avant le match, il est comme ça, sous tension.
C'est pour ça qu'il nous fait peur parfois…
W.S. : (rires) Pas peur mais il nous encourage, il nous fait du bien.
Qu'attend-il de vous ?
W.S. : Que je défende bien, que la relance passe par nous, que ça sorte rapidement. Il ne faut pas prendre du temps pour sortir la balle mais que ça aille vite. Il me fait confiance, pour l'instant, ça matche bien entre nous.
Vous avez raté un match depuis le début de la saison alors qu'il y a énormément de concurrence à votre poste. Vous êtes déjà le patron de cette défense. Comme à Saint-Etienne à vos débuts, comme à Nice quand vous déclariez à votre arrivée : "Je veux être le patron". Tout semble facile pour vous.
W.S. : Tout se passe bien mais tout n'est pas simple. J'ai aussi pu faire perdre mon équipe sur certains matches. Je dois rester concentré. Ce n'est pas quand tu enchaînes trois, quatre bons matches qu'il faut se relâcher. Parce que le foot, ça va vite. On oublie toutes les bonnes performances quand tu commences à flancher.
On a l'impression que vous êtes hermétique à la pression.
W.S. : On a toujours la petite boule mais, sur le terrain, je suis relâché, je ne me pose pas trop de question. Parfois, je devrais m'en poser plus parce que je prends trop de risques. Mais j'essaie de prendre des risques mesurés. Il faut que je fasse attention de ne pas jouer trop facile.
Les très grands joueurs prennent des risques...
Fabio Frasconi, un de vos premiers coaches, nous racontait : "Il joue comme un sénateur. Je ne l'ai vu qu'une fois sous pression : pour son premier match avec l'équipe de France U16. Il n'a pas été bon du tout mais il a rejoué trois jours plus tard, le coach lui a fait confiance. Ça a agi sur lui comme un déclic. Il a compris que chaque match n'agissait pas forcément comme un couperet."
W.S. : C'est vrai, je me souviens de ce match. J'étais en équipe de France, l'intensité était plus haute, j'étais surpris sur le premier match mais j'ai pu me rattraper. En pro, j'avais beaucoup de pression. Au début, c'est chaud. Tu te dis que si tu te rates, le coach ne te fera plus confiance. La première saison à Saint-Etienne, j'avais beaucoup de pression. On me faisait la passe, ça pressait et, oui, ça faisait peur. Le coach Gasset m'a fait confiance.
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William Saliba (Saint-Etienne)

Crédit: Getty Images

Comme Mbappé, vous êtes un des représentants de la génération zéro complexe. A savoir des jeunes qui prennent le pouvoir dans des grands clubs français. D'où cela vient ? Bondy ?
W.S. : A Bondy, on a ça. Il y a un bon vivier. Les jeunes sont foufous. Ils n'ont peur de personne ni du duel ni du contact ni de l'adversaire en face. Et on arrive à le reproduire en pro.
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Saliba : "A Bondy, on a peur de personne"

Varane ? Il y a un monde d'écart entre nous
Même dans votre jeu, on a l'impression que rien ne peut vous atteindre. Est-ce que c'est votre plus grande force ?
W.S. : Oui. Je n'ai pas peur de prendre des risques même si ça peut faire mal à l'équipe. Il faut que je sache quand prendre des risques mesurés. Les très grands joueurs prennent des risques. Ils ne jouent pas simple, ils ne se cachent pas. Je dois prendre l'initiative.
Quel est votre modèle ?
Van Dijk, c'est celui du moment. Marquinhos aussi.
On vous compare souvent à Raphaël Varane.
W.S. : (Sourire) Ça fait plaisir mais il y a un monde d'écart quand même vu tout ce qu'il a accompli. Je joue un peu comme lui. La comparaison est grosse pour l'instant.
Est-ce que le tacle face à Mbappé lors du choc face à Paris, a changé quelque chose dans la perception que les gens ont de vous ?
W.S. : Si tu veux devenir un grand joueur, c'est dans ces matches-là qu'il faut se faire un nom. J'ai fait un très bon match. La cote est montée un peu. Mais ce n'est qu'un match, je suis déjà passé à autre chose. C'est dans ces affiches que tu prouves que tu peux aller encore plus haut. Sur cette action, j'ai vu l'appel de Kylian. J'aurais pu jouer le hors-jeu mais je me suis dit : "il faut que je le course." J'ai réussi à bien le tacler. Ça vaut un but parce que si je le loupes, il nous fusille.
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William Saliba impérial face à Kylian Mbappé lors du match OM-PSG.

Crédit: Getty Images

Mon pied gauche n'est pas dégueulasse ...
Par contre, vos anciens entraîneurs ou anciens coéquipiers sont formels : il faut encore travailler le jeu de tête offensif…
W.S. : J'ai marqué seulement un but, c'est trop peu. Pourtant j'en ai eu des situations... Il y a une grosse marge sur ce point-là. Ce n'est pas normal de n'avoir marqué qu'un but alors que je suis grand et que j'arrache tout quand je monte. Le jeu de tête offensif et la concentration sont mes deux gros axes de progression.
On nous a aussi parlé de votre pied gauche…
W.S. : (il se marre) Mon pied gauche n'est pas dégueulasse mais je n'ai pas confiance et Il y a des situations où je me dis que je vais plutôt mettre l'extérieur. Il n'est pas dégueulasse… bientôt vous verrez. Je dois plus l'utiliser.
Après le match face à la Lazio, où vous êtes coupables de deux erreurs, qu'est-ce que vous ressentez ?
W.S. : Tout de suite, il y a de la remise en question. Quand tu es jeune, tu enchaines trois, quatre bons matches. Tu te sens bien et tu baisses un peu dans la motivation. Contre la Lazio, je me suis rendu compte que j'aurais peut-être dû me motiver plus dans l'avant-match, être plus concentré. Pendant une semaine, j'étais mal. Tu te remémores. Mais c'est comme ça que tu apprends et que tu grandis.
Ca m'a mis une petite claque pour me dire : 'Tu n'es personne !'
Après six mois sans jouer à Arsenal, quand Mikel Arteta, votre coach, dit que vous n'êtes pas prêt, vous ne doutez pas ?
W.S. : Il y a des moments durs. Je n'ai pas joué un match pendant six mois. Il faut se battre dans une carrière. Il faut prendre ça comme une leçon pour aller plus loin. Ça m'a mis une petite claque pour me dire : "Tu n'es personne !" Tu peux être acheté 30 millions d'euros, arriver dans un club et on te met de côté. J'ai pris cette expérience en étant positif. Je m'en nourris. Je sais ce que c'est de ne pas jouer pendant six mois. Aujourd'hui, chaque match, j'ai envie de le jouer. Ca remet les idées en place. Avant d'arriver à Arsenal, je me disais : "Avec qui je vais jouer en match ?" Et là, tu n'es même pas dans le groupe en championnat. Ça met une bonne claque, ça fait du bien. Ça te remet les pieds sur terre. Le foot, ça va vite.
Est-ce que vos performances réussies d'aujourd'hui sont aussi un message envoyé aux Gunners ?
W.S. : Pas un message directement pour eux. Mais comme je ne joue pas pendant six mois, que j'ai eu une période dure, je voulais montrer que j'avais les capacités de jouer dans ce club. Je le fais d'abord pour moi. Ce n'est pas de la revanche mais quand tu ne joues pas pendant six mois, tu as les crocs.
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Saliba : "Je suis prêté à l'OM mais je fais comme si j'étais là pour de longues années"

Êtes-vous en contact avec Arsenal ?
W.S. : Je suis en contact avec celui qui s'occupe des prêts et je suis évidemment les résultats d'Arsenal.
Vous arrivez à vous projeter sur du long terme à Marseille ou c'est forcément du court terme comme votre prêt n'a pas d'option d'achat ?
W.S. : Je suis prêté mais je fais comme si j'étais là pour de longues années. Je ne pense pas à retourner normalement à Arsenal cet été. Je me donne au club. Je ne pense pas à ce qui se passera après.
Fin octobre, Mikel Arteta déclarait : "Saliba ? Il y a de la place pour lui chez nous." Vos rapports n'ont pas toujours été limpides. Comment avez-vous réagi ?
W.S. : Ça fait plaisir mais je reste concentré sur ce que je fais et mon club qui est l'OM aujourd'hui.
Quand vous voyez que Ben White signe à Arsenal cet été pour 50 millions d'euros, comment réagissez-vous ?
W.S. : Le foot, c'est comme ça. Les grandes équipes, il y a de la concurrence partout. Si t'as peur de la concurrence, il ne faut pas faire de foot.
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William Saliba sous le maillot d'Arsenal

Crédit: Getty Images

Le Qatar ? Je ne me dis pas que je dois y être mais...
Dans la dernière liste de Didier Deschamps, Jules Koundé, Dayot Upamecano et Kurt Zouma couvraient le poste de défenseur axial droit. Est-ce que vous vous êtes dit qu'il y avait de la place pour vous ?
W.S. : C'est sûr qu'il y a toujours de la place. Mais on est un pays où, à chaque poste, il y a des milliers de joueurs. Il faut essayer d'être le plus régulier possible. Il faut progresser encore. C'est une autre étape. Et j'espère que, quand le coach aura besoin de moi, je répondrai présent.
Qu'est-ce qu'il vous manque pour intégrer les Bleus selon vous ?
W.S. : Être plus constant. J'entendais beaucoup 'Saliba en équipe de France' et puis, j'ai fait deux erreurs dans le match face à la Lazio. Ça m'a calmé. Je dois garder les pieds sur terre. Mais bien sûr quand tu es français, tu veux représenter ton pays.
Est-ce que vous regardez les listes ?
W.S. : Je regarde un peu, pas spécialement pour voir s'il y a mon nom (rires).
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Saliba bientôt en équipe de France ? "Je dois être plus constant"

La façon dont vous jouez à l'OM, dans une défense à trois… Ça ressemble à ce que fait l'équipe de France aujourd'hui.
W.S. : Je suis un joueur à potentiel qui peut dans l'avenir y prétendre. Mais il reste un chemin à faire, être plus constant.
Est-ce que vous avez des contacts avec Didier Deschamps, Guy Stéphan ou des pré-convocations ?
W.S. : Non, non et non.
La Coupe du monde au Qatar fait-elle partie de vos objectifs ?
W.S. : Je ne me dis pas que je dois y être. Mais pourquoi pas. Il faut rester concentré. Pour l'instant, je suis en Espoirs. Quand le coach aura besoin de moi, ça se fera naturellement.
Quel est votre plus grand rêve aujourd'hui ?
W.S. : Gagner le plus de titres possibles avec mes clubs et ma sélection. Tout ce qu'il y a à gagner, on le gagne.
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