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Avant France - USA : Corinne Diacre, paratonnerre qui assume la foudre

Cyril Morin

Mis à jour 28/06/2019 à 17:51 GMT+2

COUPE DU MONDE - Star malgré elle de cette équipe de France, Corinne Diacre vit son Mondial avec une détermination sans faille et un recours à l’émotion limité. De quoi faire d’elle une cible médiatique. Ce qui ne semble pas lui déplaire.

Corinne Diacre

Crédit: Getty Images

Au moins, on ne pourra pas dire que la ligne a varié. Parc des Princes, 7 juin, 23h. Les Bleues viennent de lancer leur aventure mondiale dans une enceinte parisienne pleine à craquer qui a vécu une soirée parfaite, entre festival offensif et communion nationale. Passées en zone mixte, les Tricolores parlent de leur émotion de vivre un tel évènement à la maison, du frisson d’une grande première fois.
Pas Corinne Diacre. En conférence de presse, la patronne des Bleues ne laisse rien filtrer. Comment a-t-elle vécu ce grand moment ? "Je me suis refusée toute émotion ce soir, lâche-t-elle. L’émotion, ça sera pour plus tard. Je me suis préparée comme une joueuse donc il n’y avait pas de place pour l’émotion".
Trois semaine plus tard, après le but libérateur d’Amandine Henry face au Brésil à l’issue un 8e de finale tendu, bis repetita. "Je suis restée de marbre, ça je sais faire", a-t-elle expliquée, presque en riant jaune. Du Diacre tout craché. Elle est en mission et rien ne semble devoir la faire changer de trajectoire. C’est ainsi qu’elle a envisagé son sacerdoce national, celui de mener enfin les Bleues sur le toit du monde. Peu importe le flacon tant qu’on a l’ivresse.

Protectrice à l’extrême ?

Tout a commencé au début du mois de juin. Quand le récit médiatique s’est accéléré autour de ces Bleues. Les premiers portraits dédiés à la sélectionneure tricolore comportaient tous, sans exception, le même champ lexical : rigueur et sérieux. Des qualités chez n’importe quel entraîneur mais que Diacre a, semble-t-il, mal vécu.
Avant d’affronter le Danemark à Nice, c’est un petit woman-show qu’elle avait livré derrière les micros, critiquant cette construction médiatique autour de sa personne. Extrait : "Moi, l’intransigeance, la rigueur, ça me caractérise. Mère fouettarde aussi par moments. Et beaucoup d’autres choses encore. D’ailleurs, on ne rigole jamais chez nous. Tout est très calculé, il n’y a aucun passe-droit. Les filles vivent mal, elles vivent très, très mal. D’ailleurs ça se voit, elles ne prennent vraiment pas de plaisir ensemble, ni sur le terrain, ni en dehors. Je pense que c’est difficile à vivre pour elles, très sincèrement. Pas pour moi. Mais pour elles, c’est très compliqué".
Avancer quoiqu’il en coûte. Au point que, désormais, c’est elle qui incarne le plus cette équipe de France besogneuse et investie de sa mission Coupe du monde. Oubliez les paillettes et facéties. Ce qui compte, c’est le résultat. "Je préfère jouer moins bien mais gagner à la fin du match, avait-elle lâché face aux critiques sur le style de jeu des Bleues après une phase de poules achevée péniblement - mais avec neuf points - face au Nigéria (1-0). Ce dont on se souvient c’est le résultat final, rien d’autre". Le résultat, c’est aussi que Diacre achète une certaine tranquillité à ses joueuses. La technique du paratonnerre, en somme. Encaisser la foudre médiatique pour mieux protéger son groupe. Tout en s’autorisant certaines sorties acerbes quand les choses ne tournent pas comme elle le voudrait.
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Corinne Diacre au milieu de ses joueuses

Crédit: Getty Images

Si ça ne marche pas, elle va se faire étendre
Marie-Antoinette Katoto se souvient encore de cette sortie de janvier dernier où elle avait probablement compris que la route pour une place dans les 23 était compromise : "C'était très difficile pour elle ce matin, avait-elle expliqué. Je n'ai pas vu grand-chose de sa part, sportivement. Il y a des choses incompréhensibles chez elle. Il faut qu'elle fasse plus. On va en discuter ensemble". Une sortie qui avait valu une réponse devant les micros de Wendie Renard, estimant que le "linge sale" devait être lavé entre elles.
Cette relation ambivalente avec les médias ne date pas d’hier. Joueuse, elle se pliait à l’exercice sans excès. Son passage dans la peau de coach a encore changé sa perception des choses. Surtout à Clermont où les lumières médiatiques se sont braquées sur elle. Le traitement de l’époque, évidemment centré sur son rôle de pionnière comme coach femme chez les hommes, l’avait agacé. "Je n’en peux plus. On me pose les mêmes questions trente fois par jour", disait-elle alors à Libération.
Depuis, c’est une distance critique qu’elle entretient avec la communication extérieure. Où son humour pince sans-rire peut marcher ou faire maladroit à l’image de cette réponse à une question sur le statut de meilleure buteuse des Bleues de Wendie Renard dans ce Mondial : "Vous comptez le csc aussi ?".
Pourtant, à écouter Claude Michy, celui qui lui a fait confiance à Clermont, elle n’a pas réellement d’autres choix. "Elle se protège beaucoup parce qu'elle sait aussi que si ça ne marche pas, elle va se faire étendre", explique-t-il. Pas de nature à normaliser sa relation avec les médias…
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Corinne Diacre lors du match d'ouverture face à la Corée

Crédit: Getty Images

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