Domenech en conditionnelle

Le nouveau sélectionneur de l'équipe de France sera donc... Raymond Domenech. Malgré l'impressionnante campagne à laquelle il a dû faire face, en particulier de la part des champions du monde 98, il a donc résisté à la déception du 17 juin dernier. Sorti sans gloire dès le premier tour de l'Euro (2 défaites, 1 nul, 6 buts encaissés, 1 but marqué), l'ancien patron des Espoirs, en poste depuis juillet 2004, n'en sortira toutefois pas indemne. Si 18 des 19 votants (1 abstention) lui ont apporté leur soutien, le président de la FFF Jean-Pierre Escalettes a choisi le maintien "pour préparer le Mondial 2010, en redéfinissant les conditions d'exercice de sa mission et les modalités de gestion de la sélection nationale".

Jean-Pierre Escalettes, appuyé par Aimé Jacquet, Gérard Houllier, Noël Le Graët, a visiblement usé de son influence pour faire passer ses idées et convaincre notamment le monde amateur, particulièrement critique. "La solution la plus courageuse n'est pas celle de suivre l'opinion publique ou celle des médias", s'est-il justifié. "Si on allait chercher quelqu'un d'autre, il y aurait eu une période de tâtonnement". Pourtant, le patron de la Fédération a stigmatisé un "échec retentissant, pas très glorieux, sur le plan sportif, et plus grave peut-être, sur le plan de la dégradation de l'image de l'équipe de France". "Pour les responsabilités, il y a en premier lieu le sélectionneur, a-t-il poursuivi. Il s'est isolé, et il nous l'a expliqué. Il a reconnu toute une série d'erreurs. Il faut donc immédiatement trouver les moyens d'y apporter des remèdes".

Parmi les principaux griefs à l'encontre de Domenech, Escalettes a mis en cause une "communication par moments désastreuse car trop personnalisée". L'équipe de France devrait donc entamer une grande campagne d'ouverture et de séduction. "Il faut que ça change. Raymond a demandé à s'appuyer sur les services fédéraux et que le président s'implique davantage. Il n'a qu'une mission : le terrain, et rien que le terrain. Il va communiquer sur l'équipe de France et pas sur ses états d'âme" , a annoncé le président. Les joueurs, eux, devront également se montrer plus disponibles et se rapprocher du public une "charte" de communication qu'ils devront signer.

Autour de Domenech, les visages vont également changer. Ses adjoints d'abord. Le staff médical, mis en cause après la blessure de Patrick Vieira, pourrait suivre après un audit dirigé par Gérard Houllier. Un comité de gestion de la sélection (le Club France 2010) ainsi qu'un responsable administratif et financier vont aussi l'encadrer. Concernant le Club France 2010, il s'agira d'un groupe "composé des deux présidents (LFP et FFF), du sélectionneur et du DTN ainsi que des représentants du monde professionnel" et chargé de vérifier la mise en place de ses nouvelles mesures. En d'autres termes, c'est une mise sous tutelle et la fin des pleins pouvoirs du sélectionneur au sein de l'équipe de France.

"Le sélectionneur a accepté toutes ces modifications" , a assuré Jean-Pierre Escalettes. Mais Domenech sait qu'il sera désormais jugé sur le terrain. Concrètement, il devra fournir des résultats sur le court-terme. Pas de contrat d'objectif mais un "contrat moral" sous la forme d'un premier bilan qui sera effectué mi-octobre après les trois premiers matches des éliminatoires. Outre les résultats, seront jugés l'ouverture et le style de l'équipe de France. Heureusement pour lui, le sélectionneur peut toujours compter sur le soutien de nombreux joueurs. Ribéry, Vieira, Benzema, Sagnol, Diarra, Govou, Mandanda ou même Ben Arfa, s'étaient déjà exprimés en sa faveur. Mais, pour changer, l'équipe de France devra s'ouvrir, aller de l'avant et séduire. On saura alors si la FFF a fait le bon choix....