Allemagne - Portugal (4-0), notre antisèche : Il ne fallait pas s'inquiéter pour la Mannschaft

Le collectif portugais ne s'est pas effondré avec l'expulsion de Pepe (37e). Il a suffi d'une fulgurance de Mario Götze pour fragiliser l'édifice de Paulo Bento et, au contraire, libérer toute l'énergie des Allemands. Pendant quelques minutes, le milieu de terrain de la Seleção a su initier des actions offensives percutantes et un pressing à même de gêner la relance allemande. Puis, Götze a obtenu le penalty de l'ouverture du score et les Portugais n'ont plus jamais joué à onze. Symbole de ces errances collectives: Nani et Coentrao se percutent dans la surface de réparation allemande en tentant de jouer le même ballon (52e). Un peu plus tôt, le même Nani, lancé face à Mertesacker, refusait de bénéficier de son avantage de vitesse pour mieux rendre le ballon aux Allemands en tentant de servir Ronaldo.

Libérés par l'ouverture du score de Thomas Müller, les Allemands ont eux pu dérouler leur jeu. Beaucoup s'interrogeaient sur leurs capacités devant le but, avec le seul Klose comme numéro 9 de métier dans les 23. Pour le centième match de la Nationalmannschaft en Coupe du monde, Joachim Löw a laissé Miro sur le banc et vu ses joueurs en planter quatre. Des mouvements excellents, une qualité technique déroutante et des transmissions extrêmement justes : le quatuor offensif allemand avait tout bon, avec Müller à la conclusion. Derrière aussi, ça a parfaitement fonctionné, même avec deux défenseurs centraux pour couvrir les couloirs. Ce qui a permis de libérer complètement les créateurs.

Müller une fois, Müller deux fois… Müller trois fois. Lundi, l'attaquant du Bayern a repris son idylle avec la Coupe du monde. Et quatre ans de séparation, c'était visiblement trop long pour le Soulier d'or du Mondial 2010, qui a donc mis les bouchées triples pour ce premier rendez-vous au Brésil. De son penalty parfaitement ajusté à ses appels millimétrés, tout était juste dans le jeu de Thomas. Un cran plus bas, Toni Kroos peut en dire autant, impeccable pour orienter les offensives de Götze et Özil, qui se sont régalés dans les espaces béants ouverts par le "collectif" portugais. Même les individualités n'ont pas pu sauver la Seleção du naufrage. En tout cas pas son immense star Cristiano Ronaldo, incapable de se créer les décalages que ses coéquipiers ne lui offraient pas et pas loin de craquer lorsque l’arbitre n’a pas sifflé penalty sur Eder (75e). CR7 est à 100% ? Ça ne s'est pas vu.

Que le Portugal se rassure (ou pas), il n'est pas le premier à tomber douloureusement sous les coups allemands. La Nationalmannschaft a pris l'habitude d'entamer ses Coupes du monde par des festivals offensifs : 4-0 contre l'Australie en 2010, 4-2 pour le Costa Rica en 2006, 8-0 face à l'Arabie Saoudite en 2002… Depuis 1994 et les débuts de l'Allemagne réunifiée dans la plus grande des compétitions, la Mannschaft a toujours remporté son premier match du Mondial.

Grand avaleur d'espaces, Cristiano Ronaldo est aussi un homme de contact. Surtout lorsqu'il est énervé.

Une fois étouffées les premières velléités portugaises, seul le côté droit Nani-Pereira a maintenu un semblant d'étincelle. On a notamment vu l'ailier de Manchester United adresser un tir puissant des vingt mètres (25e). Pleine d'effet, la frappe part bien… mais échoue sur le filet supérieur du but de Manuel Neuer. À quelques centimètres près, c'était la lucarne. Et un tout autre match pour des Portugais que pareil but aurait réveillés.

Aux grands joueurs les grands événements. À seulement 20 ans, Thomas Müller s'était déjà mis largement à la hauteur du Mondial 2010, à l'issue duquel il avait été consacré Soulier d'or et meilleur jeune joueur de la compétition. Le rendez-vous brésilien l'inspire également, en témoigne ce triplé d'entrée de compétition, pour l'un des matches les plus attendus de ce premier tour. Aucun joueur n'a jamais été deux fois meilleurs buteurs d'un Mondial. L'attaquant de la Mannschaft occupe déjà la tête de ce classement et ne sera pas facile à en déloger. Bientôt, on aura même plus besoin de voir les miracles de saint Thomas, tant il les réalise avec une facilité déconcertante.