Après Brésil-Mexique (0-0), notre antisèche : Cette fois, Neymar était trop seul

Le Brésil n'a jamais trouvé la solution au problème posé par le schéma mexicain à trois défenseurs centraux. Luiz Felipe Scolari a pourtant tenté plusieurs options, avec un système plus proche du 4-4-2 en première période avant de revenir à un 4-2-3-1 plus traditionnel après la pause. Dans les deux cas, la Seleçao a trop rarement été en mesure de faire la différence sur les ailes et d'exploiter la qualité de ses deux latéraux, s'en remettant exclusivement aux inspirations de Neymar ou aux coups de pied arrêtés pour se créer des occasions.

Le Mexique ne s'est cependant pas contenté d'attendre une équipe auriverde qu'il a globalement dominée dans l'entrejeu en seconde période. A la récupération du ballon, la Tri a ainsi privilégié un jeu court qui lui a permis de rivaliser avec son adversaire dans la possession (47%). A défaut de se montrer très dangereuse, la formation de Miguel Herrera a su neutraliser un Brésil, il est vrai, une nouvelle fois, peu inspiré. Et victime du talent d'un Ochoa impérial dans le but mexicain.

Il avait été déterminant face à la Croatie avec une participation active sur les trois buts brésiliens (3-1). Contre le Mexique, Oscar n'a pas réédité cette performance. En difficulté dans son positionnement comme dans ses passes, il n'a eu aucun impact sur l'animation offensive de la Seleçao. Celle-ci a reposé uniquement sur Neymar. L'attaquant du Barça a eu du déchet dans son jeu, mais il a été le seul à tenter des choses pour déstabiliser la défense mexicaine.

Il est aussi tombé sur un Guillermo Ochoa en état de grâce, auteur de quatre parades exceptionnelles quand Rafael Marquez et Hector Moreno, impeccables par ailleurs, n'étaient plus là pour le protéger. Déjà très bon face au Cameroun, Hector Herrera a encore posé des problèmes à la défense brésilienne par ses déplacements et sa qualité de frappe. Buteur contre les Lions Indomptables, Oribe Peralta est resté discret. Mais toujours moins que Fred, totalement inexistant à la pointe de l'attaque brésilienne avant de sortir sous les sifflets du public de Fortaleza.

Guillermo Ochoa a tout stoppé. Même la série du Brésil. Depuis la Coupe du monde 1978, la Seleçao avait systématiquement remporté ses deux premiers matches de poule dans un Mondial. En Argentine, elle avait commencé par deux nuls face à la Suède (1-1), et l'Espagne (0-0). Ironie du sort, c'est donc sur son sol qu'il a vu cette série s'interrompre après 36 ans.

C'est vrai que ça ne ressemble pas trop au Brésil…

86e minute de jeu : Thiago Silva est encore sur le terrain après avoir frôlé le rouge avec un tacle violent sur Chicharito Hernandez quelques minutes plus tôt. Le capitaine du Brésil avait failli offrir un but à Paulinho d'une sublime déviation en première période (41e). Cette fois, c'est lui qui est à la finition sur un coup franc de Neymar. D'une reprise puissante de la tête à bout portant, le Parisien croit libérer enfin le peuple brésilien. Mais il ne fait que briller davantage Ochoa, auteur d'une nouvelle parade de folie pour préserver son but inviolé et couronner une prestation exceptionnelle.

Le talent de Guillermo Ochoa a probablement privé le Brésil d'une deuxième victoire dans son Mondial. Sans les parades du gardien mexicain, la Seleçao aurait certainement remporté cette rencontre. Cela ne doit pas masquer une indigence brésilienne dans le jeu, déjà ressentie lors du match d'ouverture face à la Croatie (3-1). L'équipe auriverde a toujours autant de difficulté dans l'animation offensive. Ce n'est pas vraiment une nouveauté, mais la tendance est loin d'être à l'amélioration. Scolari l'a senti après la pause en faisant entrer Bernard à la place de Ramires, titulaire sur le côté droit en l'absence de Hulk, blessé.

La vitesse du milieu offensif brésilien est une option pour cette Seleçao qui n'en a pas tant que ça compte tenu de l'impact insuffisant de ses latéraux en attaque. Dans ce contexte, le Brésil de Scolari repose encore davantage sur ses individualités qui, à l'exception de Neymar, sont en difficulté. Fred est loin de son niveau de la Coupe des confédérations, Hulk n'est pas à 100% de ses moyens physiques, et Oscar est capable d'enchaîner un grand match par une prestation des plus neutres. Scolari peut éventuellement donner sa chance à Jô en pointe, amener plus de créativité au milieu avec Hernanes, ou de la percussion avec Willian. Il a en tout cas des raisons de redonner un peu de vigueur à une animation offensive qui en manque cruellement en ce début de Mondial.