Coupe du monde 2014 - Marc Wilmots (Belgique) brise les codes avec un coaching plutôt inhabituel

Marc Wilmots s'affirme comme un tacticien hors norme. Le sélectionneur de la Belgique, qui a utilisé 20 des 23 joueurs à sa disposition durant le premier tour de ce Mondial, bouscule les codes du coaching. Face aux Etats-Unis en huitième de finale mardi, l'entraîneur des Diables pourrait une nouvelle fois aligner un onze inédit. Bien malin qui pourrait dire quelle est l'équipe type de la Belgique. Certes, les cadres (Courtois, Hazard, Kompany, Witsel et De Bruyne) sont assurés de leur place, sauf blessure. Mais pour le reste, Wilmots aime surprendre.

"J'ai 23 joueurs. Ce serait stupide de ma part de ne pas les utiliser en fonction des qualités de l'adversaire. Mon onze de départ n'est donc jamais le même, puisque l'adversaire n'est forcément jamais le même non plus", expliquait "Willie" avant le début du Mondial. Quand on dit qu'une Coupe du monde se joue à 23, pour la Belgique c'est presque vrai...

Là où de nombreux entraîneurs attendent souvent les vingt dernières minutes pour réaliser leurs changements en fonction de la physionomie du match ou de l'état physique des joueurs, Wilmots n'hésite pas à modifier son équipe beaucoup plus tôt. Face à l'Algérie, il a effectué tous ses changements avant la 66e (46e, 58e, 65e). Contre la Russie, l'entrée d'Origi avant l'heure de jeu a été décisive. Pareil contre la Corée du Sud, où les entrées de Januzaj et Origi à la 60e ont changé le match.

L'argument que Wilmots répète à l'envi est celui-ci : "De nombreux matches se jouent dans le dernier quart d'heure. Mais faire monter un joueur dans les dernières minutes est souvent inutile car il n'a pas le temps de se mettre dans le rythme. A l'heure de jeu, un entrant apporte sa fraîcheur quand les adversaires commencent à fatiguer. Et le substitut a le temps de se faire une place dans le match". Sur les trois premiers matches belges, les neuf changements disponibles ont été effectués et sept ont été faits avant la 66e minute. Et les quatre buts marqués l'ont tous été après la 70e minute.

Constat implacable donc, ce coaching façon Wilmots fonctionne, même s'il comporte le risque de ne pouvoir remplacer un éventuel blessé. Mais qu'est-ce qui est préférable ? Se retrouver à dix en menant au score ou conserver onze joueurs sur le terrain sans avoir marqué ? Wilmots, d'un caractère fonceur, penche largement pour la première hypothèse.

Si Wilmots fait tourner son effectif, c'est aussi "pour une question de fraîcheur physique". Face à la Corée du Sud, les Diables Rouges étaient certes déjà qualifiés pour les huitièmes, mais se sont alignés avec sept nouveaux joueurs. Wilmots a laissé souffler la plupart des titulaires de la victoire sur la Russie. Résultat: à l'exception des deux gardiens remplaçants et du défenseur Laurent Ciman, tous les Belges ont déjà foulé les pelouses brésiliennes, soit vingt joueurs. "Ils seront frais pour affronter les Etats-Unis et ce sera bien nécessaire, car les Américains sont très athlétiques", justifie Wilmots.

Parmi les nations qualifiées après deux matches, une seule a effectué une telle rotation lors de la phase de poules. La Colombie a utilisé 21 joueurs, dont deux gardiens, Mondragon entrant uniquement pour inscrire son nom dans les livres de records. Les Pay-Bas et l’Argentine ont sollicité 18 joueurs, le Chili et le Costa Rica 16. L’équipe de France, qui n’était pas encore qualifiée au moment d’affronter l’Equateur mais qui a largement fait tourner, a utilisé 19 joueurs différents. Avec toutefois une équipe type plus dessinée.