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Coupe du monde 2014, Portugal : Paulo Bento doit trahir Paulo Bento pour relancer le Portugal

Nicolas Vilas

Mis à jour 17/06/2014 à 23:04 GMT+2

Après la gifle reçue face à l’Allemagne, la Seleção s’interroge. Paulo Bento va devoir changer ses habitudes et bousculer son onze s’il veut maintenir en éveil le rêve brésilien des Portugais. L'analyse de Nicolas Vilas, journaliste à Ma Chaîne Sport et spécialiste du foot portugais.

Le sélectionneur du Portugal, Paulo Bento, 2014

Crédit: Panoramic

"Ce sera l’année du Portugal et le changement commence demain". Les paroles de Cristiano Ronaldo, avant le choc face à l’Allemagne, étaient emplies d’ambition. La vexation de la défaite en sera d’autant plus prononcée. Ne cherchez pas. Le Portugal n’a jamais connu telle défaite en Coupe du monde. Le 4-0 collé par l’Allemagne est historique. Le cadre aussi. Salvador, première capitale du Brésil, alors ex-colonie portugaise, s’était merveilleusement apprêtée pour accueillir l’autre Seleção. Mais les Portugais se font casser par l’outre-Rhin. Paulo Bento doit innover, changer cette sélection usée, éprouvée. Tourner la page. La jouer comme Scolari en 2004. Car tout n’est pas encore perdu.

Comme Scolari en 2004

Felipão fut l’un des premiers à réagir aux tourments de son ex :
"Je veux encourager mes amis du Portugal, a déclaré le sélectionneur brésilien, qui était aux manettes il y a dix ans. A l’Euro 2004, nous avons aussi perdu le premier match. Ils doivent y croire et aller chercher les deux victoires".
Les plus optimistes se souviennent qu’il y a dix ans, le Portugal avait atteint la finale de son Euro malgré un revers inaugural, contre la Grèce (1-2). Pour y parvenir, Scolari avait rajeuni son onze : un remplacement par ligne. Il avait osé remplacer Rui Costa par le naturalisé Deco ; lancé le jeune Cristiano Ronaldo et déboulonné Couto pour glisser Ricardo Carvalho dans la charnière. Bento a, depuis, muté sur le banc et c’est à lui de faire muter son banc. Mais ce n’est pas dans ses habitudes. Le Portugal avait déjà raté son baptême à l’Euro 2012 face… à l’Allemagne (0-1). Bento avait reconduit les mêmes lors du match suivant, contre le Danemark (3-2). Et il s’était qualifié. Mais son équipe vieillit, fatigue, s’use et use. De cette compo du dernier Euro, seul Postiga n’était pas aligné au départ de ce Mondial. Bento est un paradoxe. Il a lancé plus de vingt joueurs avec la A mais touche à peine à son équipe-type. Plus de trois ans après sa première compo (le 8 octobre 2010 contre le Danemark : 3-1), seuls Eduardo (gardien) et Carlos Martins ont sauté…  
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Fabio Coentrao contre l'Allemagne, 2014

Crédit: Eurosport

Une défense en chantier

La suspension de Pepe et les blessures de Coentrão et Hugo Almeida vont aider le "seleccionador" à la mutation. Le Luso-Brésiien de retour sur son sol natal, n’a pas géré ses émotions. L’heure de Luis Neto (26 ans) est arrivée. Avec Bruno Alves, le Portugal devrait aligner une charnière 100% made in Varzim. C’est surtout le couloir gauche qui pose problème. Dommage : Antunes (Malaga) et Raphaël Guerreiro (Lorient) n’ont pas intégré la liste finale. Face aux Allemands, Bento a donc lancé André Almeida dont la saison n’a pas été pleine (16 titularisations au Benfica) et dont ce poste n’est pas le sien. Reste le bon soldat, Ricardo Costa. A 33 ans, il est devenu – avec CR7 – le premier Portugais à disputer trois Coupes du monde. Sa polyvalence peut le placer dans l’axe ou sur un couloir. Mais pas sûr qu’il incarne le renouvellement nécessaire de la Seleção.

L’heure de William

Grande révélation de la saison en Liga, William Carvalho est devenu LA star d’un Sporting renaissant au Portugal. Une résurrection que son pays cherche aujourd’hui. A 22 ans, le joueur d’origine angolaise va bousculer un entrejeu portugais grinçant et grimaçant. Meireles et Miguel Veloso ont du souci à se faire. Certains anciens, comme Carlos Manuel, récalme Veloso en 8 plutôt qu’en sentinelle. Le rôle du 6 reviendrait alors à William. "C’est un gamin intelligent", dit de lui mister Bento. C’est exactement ce dont la Seleção a besoin…
En mars dernier, face au Cameroun (5-1), Paulo Bento, grand adepte du 4-3-3, s’essayait au 4-4-2 en losange. Cristiano occupait le front de l’attaque, accompagné d’Ivan Cavaleiro et soutenu par Rafa. Parce que Ronaldo "tout seul devant, ça non", lançait Bento. Un système qui a peu de chances d’être reconduit ce dimanche, si on en croit les dernières déclas de Paulo : "Reformuler tous nos processus serait, à mon sens, la plus grosse erreur que nous pourrions commettre". Cris restera donc dans son couloir, en face de… Nani ? A peine utilisé à ManU, le joueur s’est noyé dans le jeu allemand et voit sa place menacée par Varela, Vieirinha ou Rafa.
Mais la principale incertitude concerne la pointe. Eder – dont la saison a été aussi mouvementée que celle de son club : Braga - a eu du mal à exister contre l’Allemagne ; Hugo Almeida est sur le flanc ; reste Hélder Postiga. Il est le cinquième meilleur buteur de l’histoire du Portugal (27 buts, en 66 caps) et a inscrit 16 buts au cours de l’ère Bento. Seul CR7 fait mieux. Mais en Coupe du Monde, le madrilène peine encore à décoller. En trois présences, le meilleur goleador lusitanien n’y a planté que deux de ses 49 réalisations. Pour caresser son rêve, la star n’a plus qu’à briller face à la bannière étoilée.
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But pour l'Allemagne contre le Portugal, Coupe du monde 2014

Crédit: Getty Images

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