Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Critiqués et imparfaits, l'Allemagne et le Brésil sont toujours là

Anthony Procureur

Mis à jour 07/07/2014 à 23:57 GMT+2

Pour le Brésil comme pour l'Allemagne, le chemin jusqu'aux demi-finales a été semé de critiques sur la qualité de jeu ou les choix de leurs sélectionneurs. Loin de leurs standards habituels, les deux nations sont pourtant encore au rendez-vous.

Mesut Özil exulte après avoir assuré la qualification de l'Allemagne aux dépens de l'Algérie (Mondial 2014)

Crédit: Panoramic

Le "jogo bonito" brésilien, c'est du passé

Le Brésil et l'Allemagne en demi-finales d'une Coupe du monde, c'est un peu la force de l'habitude. Pourtant, les deux nations partagent un autre point commun : elles n'ont pas été épargnées par les critiques depuis le début du Mondial. Notamment sur la faible qualité de jeu qu'elles proposent. Pratiquement un crime de lèse-majesté pour la Seleçao au pays du "jogo bonito". Un lointain fantasme désormais. "La sélection brésilienne n'a pas encore joué un beau football comme l'an dernier (lors de la Coupe de Confédérations, ndlr)", déplore Ronaldo. Chez eux, les hommes de Luiz Felipe Scolari se sont rassurés face à la Croatie sur un penalty de Neymar (3-1), ont été poussifs face au Mexique (0-0), efficaces contre le Cameroun (4-0), chanceux face au Chili en huitième (1-1, 3-2 t.a.b.) avant de hausser très légèrement le ton face à la Colombie en quart de finale (2-1).
En panne d'imagination depuis le début de leur Mondial, les Auriverde se sont illustrés davantage par leur engagement physique et leur solidarité que par les petits ponts et les crochets pour arriver en demies. Même s'il continue d'avoir des joueurs au bagage technique extraordinaire, et qui sont capables par moments de beaux enchaînements, le Brésil a rangé au placard son football chatoyant. Avant la Colombie, Scolari avait prévenu : "Le temps et venu de revenir à mon style et mon style est agressif". Une rupture, notamment pour les nostalgiques de la mythique Seleçao de 1982. "Pour la première fois de l'histoire, le Brésil a une défense meilleure que son attaque", regretterait presque Pelé. Ce sont même ses défenseurs qui marquent : trois buts sur les deux derniers matches (deux pour David Luiz et un pour Thiago Silva). On est loin des équipes spectaculaires des années 1970-1980 qui jouaient bien mais ne gagnaient rien (aucun titre entre 1970 et 1994).
picture

David Luiz hurle de joie après avoir marqué lors de Brésil - Colombie

Crédit: Panoramic

Place à la "Realpolitik" allemande

L'Allemagne doit faire face aux mêmes critiques, en particulier Joachim Löw dont les choix n'ont cessé d'être remis en cause. Die Welt estime même que le sélectionneur a "trahi" le jeu qui faisait sa marque de fabrique de l'Allemagne. Malgré un bon début de Mondial face au Portugal (4-0), la Nationalmannschaft a aussi déçu. Un nul face au Ghana (2-2) et une victoire étriquée face aux Etats-Unis (1-0). La victoire arrachée en prolongation face à l'Algérie (2-1) a fait couler beaucoup d'encre outre-Rhin, même si depuis la qualification obtenue face à la France en quart de finale (1-0) a quelque peu calmé les esprits. Comme les Brésiliens, les Allemands impressionnent moins que par le passé mais affichent davantage de maîtrise que le pays hôte et avancent sûrs de leur force. Reste que le souvenir de l'Allemagne virevoltante de 2010 a la vie dure.
En Afrique du Sud, ça ne lui avait permis de décrocher une quatrième étoile. Quatre ans plus tard, Löw a donc changé de recette et sacrifié le beau jeu sur l'autel des résultats. Car, ces dernières années, ce n'est plus l'Allemagne qui gagne à la fin. Vainqueur en 1954, 1974 et 1990, finaliste en 1966, 1982, 1986, 2002 et double troisième (2006 et 2010), elle est toujours bien placée mais de moins en moins gagnante. Pris à partie après le 8e face à l'Algérie, Per Mertesacker avait sèchement défendu ce changement de philosophie : "Vous voulez quoi ? Une Coupe du monde avec le succès au bout ou qu'on se fasse sortir après avoir bien joué ? Moi, je n'en ai rien à faire de la manière". "Je ne veux pas être champion du monde et devoir dire ensuite : désolé d’avoir gagné la finale avec un seul but d’écart", s'est aussi justifié Philipp Lahm. Ce qui n'est pas pour déplaire à Lothar Matthaüs, capitaine des champions du monde allemands en 1990 : "Bien jouer c'est une chose, mais gagner salement des sales matches peut aider aussi dans une Coupe du monde".
picture

Miroslav Klose réclame un penalty pendant France-Allemagne

Crédit: AFP

Quels changements ?

Si les résultats sont pour le moment au rendez-vous, au Brésil comme en Allemagne, on attend aussi la manière. Et donc des changements. Au Brésil, Scolari n'aura pas le choix après le forfait de Neymar. Jusque-là, l'attaquant du Barça a été le seul à proposer quelques gestes d'éclat dignes de l'école brésilienne. Si certaines voix se sont élevées, comme celle de Roberto Carlos, pour regretter l'absence de certains joueurs créatifs (Kaka, Ronaldinho, Robinho), Felipão va devoir faire avec les solutions à sa disposition. Celles-ci se nomment a priori Willian, Bernard ou Hernanes.
Le sélectionneur a déjà pris des décisions en relançant Paulinho et en remplaçant Alves par Maicon face à la Colombie. Il a aussi fait venir une psychologue pour soigner l'état émotionnel de ses troupes, Thiago Silva en tête, dans l'espoir de les voir (enfin) se libérer. Mais, si certains aimeraient voir Ramires à la place d'un Oscar moins rayonnant à un poste qui n'est pas le sien, il doit surtout gérer le cas Fred. L'ancien Lyonnais, discret, lent et maladroit (un but face au Cameroun), cristallise toutes les critiques.  Au Brésil, ils sont 21% à penser qu'il est le pire joueur de leur équipe. Mais, "en ce moment, le Brésil n’a pas d’autres options", résume Juninho.
Côté allemand, la question du numéro 9 est également d'actualité. Malgré ses 15 buts en Coupe du monde, et s'il est le seul spécialiste du poste dans la liste de Löw, Miroslav Klose ne jouit pas d'un statut d'intouchable. Et son match effacé face aux Bleus ne plaide pas en sa faveur. Mesut Özil n'est que l'ombre de lui-même depuis le début du tournoi. Sa place n'est pas menacée. Son positionnement, en revanche, fait débat alors que Jogi s'entête à l'aligner à un poste d'ailier quand ses qualités s'expriment mieux dans l'axe. Au moins le Bundestrainer a-t-il répondu aux attentes en replaçant Philipp Lahm en défense contre la France. Avec réussite. Mais il a un avantage sur Scolari. En Allemagne, on pardonnera plus facilement qu'au Brésil de gagner sans la manière.
picture

Luis Felipe Scolari, le sélectionneur du Brésil, rassure Neymar, lors de la séance des tirs au but face au Chili, en 8e de finale de la Coupe du monde.

Crédit: Panoramic

Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité