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France - Norvège (4-0) : Les Bleus ont joué la carte du collectif, aux absents de s'adapter

Florent Toniutti

Mis à jour 28/05/2014 à 12:33 GMT+2

Face à la Norvège, l'équipe de France a montré un collectif séduisant, avec un vrai liant dans le jeu, même quand les remplaçants sont entrés. Prometteur mais il faut maintenant que les absents s'y intègrent.

Blaise Matuidi, Paul Pogba, Olivier Giroud et Mathieu Debuchy avec l'équipe de France (2014)

Crédit: Panoramic

Pour leur premier match de préparation, les Bleus ont rendu une copie plutôt encourageante en vue du Mondial. Privés de leurs leaders techniques (Ribéry, Benzema), les hommes de Didier Deschamps ont joué la carte du collectif et de la circulation simple du ballon pour dominer une formation norvégienne qui a coulé après la pause. Prochaine étape, observer la réintégration des vedettes et leur impact – positif ou négatif – sur l’animation offensive de l’équipe.
Ribéry et Benzema ont eu beau ne pas être au rendez-vous, l’équipe de France qui a débuté mercredi soir ressemblait quand même beaucoup à celle qui devrait commencer le Mondial dans quelques jours. Devant Ruffier qui gardait exceptionnellement le but de Lloris pour ce match, trois des quatre défenseurs partent a priori titulaires aux yeux de Didier Deschamps (en imaginant qu’un Varane à 100% soit le quatrième). Dans l’entrejeu, l’ancien coach de l’OM a relancé son milieu-type, découvert lors du match retour face à l’Ukraine (Cabaye-Pogba-Matuidi). Devant, le plus que jamais titulaire Valbuena était associé à Griezmann et Giroud, remplaçants poste pour poste des deux stars des Bleus.
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Rio Mavuba, Loic Rémy et Mathieu Valbuen avec l'équipe de France en 2014

Crédit: Panoramic

Pressing et récupération :
Défensivement, les Français ont eu besoin de quelques minutes pour trouver la bonne formule face au 4-4-2 mis en place par les Norvégiens. En effet, en début de partie, Valbuena s'est positionné très souvent dans l’axe afin de bloquer l’un des milieux de terrain adverses, complétant le travail de Matuidi qui est sorti sur le second. Pogba a lui évolué un cran plus bas et a coulissé vers le couloir lorsque la Norvège est passée par la zone que devait normalement garder Valbuena.
Il a fallu quelques minutes, et quelques consignes de Didier Deschamps, pour rééquilibrer le milieu de terrain, qui s’est alors articulé comme un 4-1-4-1 classique. Pogba et Matuidi sont devenus les deux joueurs chargés de sortir dans l’axe, laissant Griezmann et Valbuena bloquer les couloirs face aux latéraux adverses. Les deux ailiers ont pu aussi sortir jusqu’au niveau de Giroud afin de bloquer les défenseurs centraux adverses, peu à l’aise avec le ballon. Les Bleus se sont autorisés quelques phases de pressing haut, mais – premier match de préparation oblige – l’essentiel était ailleurs et s'est passé justement dans l’entrejeu.
A l’instar d’un grand nombre d’équipes évoluant dans le même système, les Bleus ont alterné entre le 4-1-4-1 classique et le 4-4-2 en position défensive. Préposé aux sorties en première ligne, Matuidi a rejoint ainsi Giroud afin de bloquer la transition adverse. Lorsque le Parisien est sorti à hauteur de son attaquant, Cabaye a quitté sa position devant la défense et complété la deuxième ligne à hauteur de Griezmann, Valbuena et Pogba. Un classique vu et revu durant la saison chez d’autres équipes et qui permet de défendre en avançant depuis sa propre moitié de terrain.
Seul bémol dans la prestation défensive des Bleus, leurs difficultés en première mi-temps face au flanc gauche de la Norvège et notamment au milieu de terrain Daehlie. Bien soutenu par les mouvements de King (attaquant) et Högli (latéral gauche), le joueur de Cardiff a posé beaucoup de problèmes au duo Debuchy-Valbuena. Seul Pogba a semblé en mesure de mettre fin, par sa présence athlétique, à la circulation de balle norvégienne dans cette zone où les Bleus ont plus subi que sur le reste du terrain. Il a même fallu que Ruffier s’emploie pour éviter que Högli n’égalise peu avant la pause (42e).
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Mathieu Valbuena, Olivier Giroud et Antoine Griezmann se félicitent avec la France en 2014

Crédit: AFP

Animation : 
C’est certainement à ce niveau que se situent les enseignements les plus intéressants de ce premier match de préparation. Face au 4-4-2 de la Norvège, a priori censé se rapprocher de l’organisation de la Suisse, les Bleus se sont montrés particulièrement efficace au milieu de terrain, dans la transition défense-attaque. Comme face à l’Australie, où Cabaye, Nasri et Pogba avaient été associés dans l’entrejeu, ils se sont appuyés sur une relance à cinq (défenseurs centraux et milieux de terrain) afin de permettre aux latéraux d’évoluer plus haut dans le camp adverse.
Cette animation a permis à Griezmann de repiquer dans l’axe afin de se muer soit en deuxième attaquant aux côtés de Giroud, soit en deuxième solution entre les lignes avec Valbuena. Portant très peu le ballon, le joueur de la Real Sociedad a travaillé la plupart du temps en remises, soit pour Valbuena à ses côtés, ou Pogba et Matuidi qui se sont projetés à hauteur une fois la première passe effectuée, soit vers Debuchy et Evra qui ont suivi eux aussi la remontée du ballon depuis les côtés. Valbuena et Giroud ont été dans le même registre, si bien que les Bleus sont parvenus à enchaîner rapidement dans l’entrejeu pour rentrer dans le dernier tiers du terrain.
Dans la zone de vérité, les Bleus se sont appuyés sur plusieurs solutions. Côté gauche, Evra et Matuidi se sont chargés d’animer le couloir, toujours soutenus par les relais proposés par Valbuena ou Griezmann à l’intérieur du terrain. Lorsque les deux hommes étaient haut dans le camp norvégien, Cabaye s'est chargé évidemment de la couverture. Dans le coeur du jeu, les projections de Pogba et les appels en profondeur de Griezmann se sont appuyés sur Giroud qui s'est chargé de tenir son rôle de pivot dos au but. Enfin à droite, Debuchy a été le plus esseulé mais il a souvent bénéficié d’assez d’espaces pour se débrouiller, le jeu arrivant de la gauche où ses partenaires se sont chargés de "fixer" la défense norvégienne.
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Franck Ribéry sur le banc lors de France-Norvège

Crédit: AFP

Des remplaçants au diapason : 
Habituellement, ces rencontres de préparation se terminent au moment de l’entrée en jeu des premiers remplaçants. Et pour cause, les joueurs sont d’abord en quête de temps de jeu pour retrouver ou garder la forme, et le turnover opéré par le sélectionneur grippe généralement le collectif. Ce match a toutefois dérogé à la règle puisque, malgré les six changements effectués par Didier Deschamps, les Bleus ont conservé un vrai liant dans le jeu jusqu’au coup de sifflet final. Tous les entrants se sont mis au niveau des titulaires et se sont fondus dans le collectif, permettant à l’ensemble de continuer sur sa lancée jusque dans les dernières minutes de la rencontre.
Un constat qui renvoie à la question qui va animer les prochains jours : que va-t-il se passer lorsque Didier Deschamps va réintégrer les leaders techniques que sont Karim Benzema et Franck Ribéry ? Leurs absences sur ce premier match de préparation ont permis à Didier Deschamps de mettre en place une équipe qui, à défaut de stars, a fait la différence en faisant circuler rapidement le ballon. Excepté Pogba qui a fait parler sa puissance à plusieurs reprises dans l’entrejeu, les Bleus ont rarement provoqué en un-contre-un, préférant le "contrôle-passe" aux dribbles et autres tentatives individuelles. Le quatrième but est un modèle du genre, aucun joueur n’excédant les deux touches de balle durant  sa mise en place.
Le retour de Benzema dans le onze de départ ne devrait sur le papier pas poser de problèmes. L’attaquant du Real Madrid assume désormais son statut de véritable attaquant de pointe, dézonant beaucoup moins, et le jeu de passes lui convient habituellement. En revanche, le cas Ribéry pose plus de questions après ce premier match de préparation. Le milieu de terrain du Bayern doit normalement reprendre sa place au détriment d’un Griezmann qui n’a pas démérité, mais qui a surtout pesé sur la partie par ses déplacements intelligents entre les lignes. En travaillant intelligemment dans l’axe, il a notamment facilité le travail de Valbuena.
A l’inverse, Ribéry est plus habitué à rester sur son aile gauche afin de faire parler ses qualités de percussion et de débordements. Dès lors, son retour demandera très certainement une adaptation de la part du reste de l’équipe. Face à l’Australie en octobre dernier, la présence de Nasri dans l’entrejeu et les courses vers l’intérieur de Evra ont permis aux Bleus de développer le même type de football que mercredi tout en conservant la menace Ribéry sur l’aile, qui a focalisé d’ailleurs toujours deux adversaires. A Didier Deschamps de trouver désormais les bonnes solutions pour garantir un retour probant de ses stars face au Paraguay, et s’éviter ainsi quelques jours de casse-tête avant le début des hostilités.
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