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L'Italie ne sait pas faire simple, elle a toujours préféré se compliquer la vie

Valentin Pauluzzi

Publié 23/06/2014 à 22:43 GMT+2

Vainqueur de l'Angleterre (2-1) lors de son premier match, on pensait l'Italie bien partie pour se qualifier sans trop souffrir au tour suivant. C'est mal connaitre la Squadra Azzurra, qui aime se compliquer la vie en Coupe du monde... et n'est jamais aussi redoutable que lorsqu'elle se sort du bourbier dans lequel elle s'est mis.

L'Italie après sa défaite contre le Costa Rica, Coupe du monde 2014

Crédit: Panoramic

Inattendue, la défaite contre le Costa Rica (0-1) ? Pas tant que ça puisqu’en Italie, on est habitué à voir la Nazionale souffrir pour passer le premier tour. Et en exagérant un tantinet, le match couperet contre l’Uruguay de mardi prochain est presque annoncé comme une bonne nouvelle. Ainsi, on ne s’attarde pas vraiment sur les regrets provoqués par cette occasion gâchée et à laquelle on trouve des justifications presque "logiques", en passant au crible le passé de la Squadra Azzurra. Le fameux dicton "l'Histoire est un éternel recommencement" a rarement autant pris tout son sens.

Des entames toujours laborieuses

Ce n'est pas encore cette fois que l'équipe d'Italie pourra aligner les fameux "coiffeurs" lors d'un hypothétique troisième match de poule sans enjeux. La dernière fois que c'est arrivé, c'était il y a 14 ans à l'Euro 2000 après deux succès contre la Turquie et la Belgique, les Azzurri avaient même fait le plein en battant la Suède. Concernant la Coupe du monde, il faut remonter à l'édition organisée à la maison en 1990, là aussi un trois sur trois contre l'Autriche, les Etats-Unis et la Tchécoslovaquie. Si on prend en compte les 14 phases de poule à 4 équipes auxquelles la Squadra Azzurra a participé durant un Mondial, elle engrange en moyenne 3 points sur 6 lors des deux premiers rencontres.
Paroxysme de cette "tradition" : la Coupe du Monde 1982 qu'elle remporte et la qualification pour le second tour avec trois matches nuls. Douze ans plus tard (1994), elle atteint la finale en étant la dernière des meilleurs troisièmes, avec cette fois quatre points pris. Des entames de compétitions toujours laborieuses et dues à une grosse préparation physique qui vise à monter en puissance au fil des matches. Le fameux moteur diesel régulièrement encrassé lors des premiers jours, les conditions climatiques de cette Coupe du monde brésilienne n’arrangeant pas les choses. Le fatalisme est ainsi de rigueur, depuis la nuit des temps, l'Italie peine en phase de poules, que ce soit en Coupe du monde ou à l'Euro et ce, au risque de passer à la trappe très tôt. C’est déjà arrivé trois fois en moins de vingt ans : en 1996, en 2004 et en 2010.
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Mario Balotelli a offert la victoire à l'Italie face à l'Angleterre

Crédit: Panoramic

Une équipe qui se hisse ou se rabaisse au niveau de son adversaire

L'Italie est également victime d'un syndrome à double-tranchant, elle s'adapte très facilement au niveau de jeu de son adversaire. L’avantage, c’est que de la sorte, elle se sublime souvent face aux autres grandes nations du football. On l'a vu contre l'Angleterre - toutes proportions gardées car c'était loin d'être parfait -, la Nazionale a dégainé la prestation la plus aboutie de l’histoire de la compétition en termes de transmissions de balles réussies : 93 %.
A l'inverse, elle tend à se rabaisser au niveau d'opposants beaucoup plus faibles sur le papier comme c’était le cas contre le Costa Rica. C'est bien simple, elle n'a battu aucun des quatre derniers représentants de la Zone Concacaf qu'elle a affrontés en Coupe du monde, livrant des nuls contre le Mexique (en 1994 et 2002) et contre les Etats-Unis (en 2006) en plus donc de ce revers face aux Ticos. Des difficultés également rencontrées face aux équipes de la zone Océanie, autre confédération en théorie largement abordable : nul contre la Nouvelle-Zélande il y a quatre ans, victoire à la dernière seconde et sur penalty contre l'Australie en 2006. C'est là qu'on se rend compte que les traditionnelles piètres performances contre les plus petites nations ne sont pas seulement réservées aux matches amicaux, cette mauvaise approche (puisque c’est de ça qu’il s’agit) est aussi de mise lors des grandes compétitions estivales.
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Bryan Ruiz trompe Ginaluigi Buffon, le gardien de l'Italie, et ouvre le score pour le Costa Rica juste avant la mi-temps.

Crédit: AFP

Tout se complique quand elle encaisse le premier but

Régulièrement louée pour son savoir tactique, la Nazionale s'en retrouve prisonnière lorsqu'il faut se retrousser les manches. Endormir son adversaire et le faire déjouer surtout une fois qu'elle mène, ça, elle le fait sans problèmes (même si ça se perd avec le temps). En revanche, quand il s'agit de faire sauter tout schéma de jeu pour courir après le score et produire des occasions de buts en rafales, ça devient tout de suite beaucoup plus complexe. D'ailleurs, il faut remonter à 1978 pour assister à un succès de l'Italie lorsqu’elle a encaissé le premier but de la rencontre. C'était contre la France qui avait ouvert la marque après même pas une minute de jeu et ça s'était conclu sur une victoire 2-1.
Depuis, ce scenario d'une ouverture du score défavorable a eu lieu à 9 reprises (en 8 éditions) et le bilan est de 4 défaites et 5 nuls. Sachant que les victoires contre le Nigeria en prolongation en 1994 et contre la France aux tirs au but en 2006 sont bel et bien comptabilisées comme des scores de parité après la fin des 90 minutes réglementaires. Trop disciplinée tactiquement, la Nazionale est pratiquement incapable de partir à l'abordage pour étouffer son adversaire. Ses joueurs chercheront bien trop souvent des solutions réfléchies en suivant leurs instructions à la lettre. Contre le Costa Rica, Prandelli a pourtant sorti l'artillerie, le 4-5-1 de la première période a vite laissé place à un 4-2-3-1 ultra offensif avec les entrées successives de Cassano (dès la mi-temps), Insigne (avant l'heure de jeu) et Cerci (pour les 20 dernières minutes). Mais rien, pas la trace d’un coup de folie ou d’un exploit individuel de la part de joueurs paralysés par leurs directives tactiques et qui peinent à se fier à leur instinct.
Bien sûr, toutes ces références historiques ne peuvent suffire à expliquer une telle contre-performance mais elles sont tout à fait significatives des limites de cette sélection. D'ailleurs, pour la qualification en huitièmes, on se rattrape encore à un signe indien : la Nazionale n'est jamais aussi forte que lorsqu'elle est dos au mur. Elle a deux résultats à disposition contre l’Uruguay pour se qualifier une fois de plus dans la douleur. Et une fois la phase de poule passée, l’histoire - encore elle - nous dit que soit l’Italie va au bout, soit elle est éliminée de justesse.
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