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Si le Brésil 2014 rappelle celui de 1982, c'est uniquement pour ses faiblesses

Laurent Vergne

Mis à jour 04/07/2014 à 00:05 GMT+2

Dans l'esprit des Brésiliens, impossible de comparer la Seleçao actuelle avec celle de Tele Santana. Pourtant, "grâce" à deux de ses titulaires, elle s'en rapproche. Un peu.

Fred - Serginho, comme un lien de parenté...

Crédit: Panoramic

On ne saura que dans quelques jours, voire quelques heures, si l'affaire se goupille mal face à la Colombie, quelle place tiendra la Seleçao 2014 dans la longue et glorieuse et histoire du football brésilien. Parce qu'elle a responsabilité (plus que la chance pour l'instant) de disputer ce Mondial à domicile, cette place sera, forcément, très importante. En attendant, ce qu'elle dégage, ce qu'elle offre, ce qu'elle montre, n'incite pas à la cataloguer comme une référence. Loin, très loin en tout cas de l'équipe de 1982, considérée comme la dernière Seleçao de rêve, quand bien même elle ne fut pas sacrée, au contraire des mécaniques plus (1994) ou moins (2002) stéréotypées qui ont apporté au Brésil ses quatrième et cinquième couronnes.
Vu d'ici, oser comparer le Brésil et Neymar (qui d'autre?) à celui de Zico, Socrates, Eder, Falcao, Cerzeo et Junior (les six demi-dieux), c'est garantir à vos interlocuteurs un bon fou rire. Pourtant, il existe bien un point commun, comme un étrange parallèle à 32 ans de distance, entre ces deux sélections: ses points faibles individuels. En 1982, on l'a vu par ailleurs, l'équipe de Tele Santana laissait franchement à désirer au niveau des deux maillons extrêmes de la chaine. Son gardien de but (surtout), Waldir Peres, et son avant-centre, Serginho. Deux éléments dix tons en-dessous du reste de ce onze de rêve. Pour Luiz Felipe Scolari, c'est un peu la même chose, même si, cette fois, la cible numéro un joue devant, pas derrière.

Grâce au Chili, Julio Cesar s'est éloigné de Waldir Peres

Avant le début de ce Mondial 2014, s'était donc forgée une certaine unanimité pour considérer que Felipao aussi devrait trainer deux points faibles "géographiquement extrêmes" sur le terrain, comme en 1982 : Julio Cesar d'une part, Fred de l'autre. Jugé parmi les principaux responsables de l'échec de 2010 notamment pour sa piètre performance en quarts de finale contre les Pays-Bas, Julio Cesar n'a pas franchement connu une trajectoire ascendante depuis. Pour les Brésiliens, avoir un gardien qui évolue… à Toronto, cela laisse perplexe. Néanmoins, il serait injuste de placer l'ancien Intériste au même rang que Waldir Peres. Il y a un monde entre les deux. Surtout, depuis le match contre le Chili, le portier auriverde a regagné (beaucoup) de crédit. Le terme "point faible", régulièrement évoqué il y a trois semaines, avant le Mondial, ne semble plus lui aller comme un gant.
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Julio Cesar

Crédit: Eurosport

Reste donc Fred. Et là... L'ancien Lyonnais apparait réellement comme le talon d'Achille individuel du groupe. A sa décharge, il évolue à un poste où la comparaison est cruelle. Depuis la Guerre, il y a eu Ademir, Vava, Pelé, Roberto Dinamite, Careca, Romario ou Ronaldo. Au milieu de cette scintillante guirlande, deux principaux intrus : Serginho en 1982 et Fred cette année. "Ce qui nous chiffonne un peu, c'est que quand le Brésil a été champion du monde, il l'a toujours été avec un très grand avant-centre, que ce soir Vava, Pelé, Romario ou Ronaldo. Même Amarildo, qui remplace Pelé en 1962, était d'un joueur d'un tout autre niveau que Fred", soulignait avant le début du tournoi le journaliste Guilherme Tavares. Depuis, on ne peut pas dire que Fred ait arrangé son cas.

Fred, le pire depuis Serginho

En quatre matches, il n'a inscrit qu'un seul but, face au Cameroun, dont on peut dire qu'il relève presque de l'anecdote puisque les Auriverde menaient déjà 2-1. Son principal fait d'armes, finalement, c'est ce penalty controversé obtenu en ouverture face à la Croatie. "Voilà, même quand il est décisif, ça ne va pas", avait plaisanté un intervenant dans l'émission Band na Copa, sur Globo. Fred fait une victime facile, c'est vrai. Mais il n'a toujours pas convaincu et les stats dévoilées par la FIFA montrent sa très faible influence sur le jeu. Il est le Brésilien qui a touché le moins de ballons parmi les titulaires : 64 seulement en quatre rencontres, contre 161 à Neymar et 87 à Hulk... pourtant absent face au Mexique. Et encore, ses deux principaux pourvoyeurs sont… Marcelo et Julio Cesar !
Cette semaine, Fred a admis qu'il devait trouver les solutions pour être davantage impliqué dans le jeu. Après la performance de Julio Cesar face au Chili, il n'est plus très loin d'endosser la peu enviable étiquette de boulot principal. Il a reçu tout de même reçu le soutien de… Serginho Chulapa. Le Serginho de 1982. "Ce n'est pas du grand Fred pour l'instant, mais le ballon ne vient pas à lui et c'est un problème collectif, a-t-il estimé. Mais il a été mieux contre le Chili, je trouve." Serginho comme avocat, au Brésil, pour un avant-centre, ce n'est pas forcément l'idéal. S'il reste titulaire, Fred jouera gros contre la Colombie. Sinon, il passera très vite aux oubliettes de l'histoire ou y restera, ce qui est pire, pour de mauvaises raisons. Comme Serginho…
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Fred (Brésil) a inscrit son premier but de la Coupe du monde face au Cameroun

Crédit: Panoramic

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