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A ton étoile

Martin Mosnier

Mis à jour 16/07/2018 à 23:51 GMT+2

COUPE DU MONDE – La France est allée décrocher à Moscou sa deuxième Coupe du monde. Emmenée par une bande de gamins insouciants, habités par des trajectoires hors normes et guidés par une mission commune. Ils sont tous champions du monde. Tel était leur destin. Hors du commun.

Les Bleus autour de Samuel Umtiti qui embrasse la Coupe du monde

Crédit: Getty Images

Je me souviens de 2014 et du visage de Griezmann déformé par les larmes. Je me souviens de 2016 et de l'aplomb du bonhomme. "Cette génération a de l'avenir", claironnait-il devant les journalistes une heure après avoir essuyé la plus grande désillusion de sa carrière. Je me souviens de son penalty raté en finale de la Ligue des champions perdue face au Real en 2016 encore. Cette fois, il n'a pas tremblé. Les larmes ont encore coulé. Mais de bon cœur. Il fut l'homme de Moscou. La génération Griezmann porte bien son nom. Platini, Kopa et Zidane peuvent lui faire une place dans le carré VIP du foot français.
Je me souviens d'Hugo Lloris, de ses toiles en Suède ou à Tottenham, des doutes, des interrogations. Quatre parades exceptionnelles, un tournoi magistral, l'ancien capitaine discret et sans relief est le premier Français à avoir touché la Coupe du monde depuis vingt ans et restera pour toujours sur la photo. Il est devenu le chef d'une bande d'immortels.
Je me souviens de Benjamin Pavard, de ses bouclettes démodées et de son ambition dévorante avant de prendre le Paris-Moscou du 10 juin. "La France ne me connait pas", nous confiait-il avant de s'envoler pour la Russie. Il est devenu un de ses plus précieux chouchous après une volée irréelle qui a fait basculer le Mondial des Bleus. Et tous les gamins de France chantent désormais : "Benjamin Pavard…"
Je me souviens de Lucas Hernandez qu'on a longtemps cru échapper à la sélection A avant que Didier Deschamps l'impose comme le meilleur plan B. Le recours est devenu le patron. Je ne suis pas près d'oublier que l'Espagne a chuté en 8e de finale et qu'il a emmené la France sur le toit du monde. Un Mondial fantastique. De A à Z pour le meilleur arrière gauche du tournoi.
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Lucas Hernandez, Lionel Messi

Crédit: Getty Images

Je me souviens de N'Golo Kanté, sacrifié alors qu'il n'avait pas grand-chose à se reprocher lors d'un après-midi qui tournait mal à Lyon. Il fut le plomb qui saute face à l'Eire et rappelé sur le banc jusqu'à la fin de l'Euro. En Russie, il n'a jamais quitté le onze de départ. Le sacrifié est devenu le talisman.
Je me souviens des dribbles irritants de Paul Pogba, de sa nonchalance. De toutes ses promesses non tenues, de tous ses discours sans lendemain. Je me souviens de ses intentions avant la Coupe du monde. Il veut être le patron ? Qu'il le soit. Il l'a été. Successeur d'Evra dans le vestiaire, irréprochable sur le terrain.
Je me souviens de ce duel perdu par Raphaël Varane un après-midi d'ennui au Maracana en 2014, de son envol face à l'Uruguay quatre plus tard, en quart de finale encore une fois. Je me souviens de cette satanée cuisse qui craque avant l'Euro d'une vie à la maison. Deux ans plus tard, il sera le patron de la défense des Bleus. Double revanche, double symbole pour l'un des plus beaux palmarès du foot français, à seulement 25 ans.
Je me souviens de Kylian Mbappé qu'on réclamait dans l'axe, qui a mangé de la craie pendant cinq semaines et des aller-retours contre-nature. De ce gamin que personne ne connaissait en 2016 et qui a mis la planète à ses pieds en 2018. Il est le visage de la France désormais.
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Kylian Mbappé

Crédit: Getty Images

Je me souviens de Samuel Umtiti lancé dans le grand bain à l'Euro avec brio avant de perdre de sa superbe en 2018. Sa main contre l'Australie, les doutes qui l'entourent. Et puis, il s'est glissé dans les pas de Lilian Thuram, héros un soir de demi-finale de Coupe du monde. Une tête décroisée et l'éternité devant lui.
Je me souviens d'Olivier Giroud qui enquillait les buts sous les sifflets. Il a gagné sa place dans l'histoire en ne cadrant pas une seule frappe du tournoi. Muet, le quatrième meilleur buteur de l'histoire des Bleus s'est mis à la planche. Au service des autres. Symbole d'un collectif prêt à tous les sacrifices pour assouvir ses rêves grandioses.
Je me souviens de Blaise Matuidi, l'irréprochable taulier, sur le banc face à l'Australie. Il n'a rien dit, pas bronché. Et puis, il a joué les rustines, à gauche, à un poste qui n'est pas le sien. Privé d'entrée, il se rattrapera sur le dessert. Jetez-le par la porte, Matuidi revient par la fenêtre et referme tout à double tour.
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Blaise Matuidi, Olivier Giroud

Crédit: Getty Images

Je me souviens de Steven Nzonzi. Masqué par la montée en flèche d'Adrien Rabiot, personne ne l'avait vu venir. Il devait faire le nombre au milieu et s'est offert quatre bouts de matches et quarante minutes de finale de Coupe du monde pendant que Rabiot s'inclinait en amical face à Chambly.
Je me souviens de Benjamin Mendy et Djibril Sidibé, uniques valeurs sûres à des postes qui se cherchaient des prétendants. De leurs blessures qui nous ont rongé les sangs, de leur retour plein de promesses et de leur mise au ban cruelle. Titulaires devenus coiffeurs. Sans broncher pour décrocher l'étoile.
Je me souviens de Corentin Tolisso, Presnel Kimpembe, Nabil Fekir, Thomas Lemar, Ousmane Dembélé, Florian Thauvin, Adil Rami, Alphonse Areola, Steve Mandanda. Je me souviens de cette équipe qu'on imaginait offensive, déséquilibrée, ouverte aux quatre vents, joueuse et audacieuse. Elle fut disciplinée, rigoureuse et fermée à double tour. Je me souviens de ce destin que l'on osait imaginer pour cette équipe de gamins. Talentueux mais sans doute trop tendres. Le droit d'y croire écrivait-on avant que la compétition débute. Ils y ont cru. Ils ont bien fait.
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