Colombie-Japon : Falcao, à la recherche du temps perdu

C'est un novice de 32 ans. Mardi à Saransk, Radamel Falcao se sentira un peu dans la peau d'un débutant. Un puceau impatient de découvrir la sensation unique d'un match de Coupe du monde. Son heure est enfin arrivée. C'est peu de dire qu'il l'attendait. Entre ce mauvais coup du sort un jour grisâtre de janvier 2014 à Gerland et cette entrée en lice de la Colombie face au Japon dans le Mondial 2018, El Tigre a pu mesurer à quel point le temps pouvait paraître long.

Pour lui, c'est déjà une victoire d'être en Russie. De s'être remis de cette terrible blessure au genou gauche survenue dans un match anodin de Coupe de France face à Chasselay. Elle lui coûté sa place dans la sélection colombienne pour la Coupe du monde 2014. Et il a longtemps semblé ne pas être en mesure de s'en remettre. Ses deux échecs successifs à Manchester United et à Chelsea ont laissé planer le doute sur la capacité de Falcao à retrouver son niveau.

Mais le Tigre s'est battu. Et il s'est refait une santé sur le Rocher. Falcao y était revenu sur la pointe des pieds à l'été 2016. Doucement mais sûrement, il a su redevenir le chasseur de buts qu'il était avant sa blessure. Les 54 buts inscrits en deux ans sous le maillot de l'ASM en attestent. "La qualité est toujours là, constate son entraîneur à Monaco, Leonardo Jardim. Il a un peu moins de forces qu'à Porto ou à l'Atlético, mais il a plus d'expérience. Ainsi va la vie."

Falcao n'est peut-être plus l'avant-centre dominant qu'il était au début de cette décennie. Mais il reste une référence à son poste et José Pekerman l'a toujours considéré comme tel. Le sélectionneur colombien l'a rapidement relancé avec les Cafeteros quand le Tigre a commencé à refaire surface après son retour à Monaco à l'été 2016. Il a fait de lui son buteur à la pointe de l'animation offensive colombienne. Et Falcao a globalement répondu aux attentes avec quatre buts lors de ses neuf dernières sorties en sélection.

La Colombie manquait d'un avant-centre de cette trempe, même si James Rodriguez avait admirablement endossé le costume de buteur de cette sélection en 2014. Le joueur du Bayern n'en reste pas moins un créateur. Et la présence à ses côtés de Falcao, un joueur qu'il connaît bien pour avoir évolué avec lui à Porto et à Monaco, le numéro 10 colombien va pouvoir encore davantage faire parler ses qualités de stratège. Avec Juan Cuadrado, un ailier dynamiteur de défense, le Tigre vient compléter un trio d'attaque qui peut permettre à la Colombie de voir loin.

Le rôle de Falcao dans l'équipe de Colombie dépasse celui du buteur, même s'il est le goleador le plus prolifique de l'histoire des Cafeteros avec ses 28 réalisations. L'attaquant monégasque en est aussi le capitaine et son leadership est essentiel dans le groupe de Pekerman. "Il a fait beaucoup de choses pour le pays, résumait son coéquipier Carlos Bacca dans un entretien pour le quotidien espagnol Marca. A tous les niveaux, c'est une personne fondamentale pour l'équipe nationale et la Colombie. Nous lui devons beaucoup."

Falcao est enfin à sa place. Au courage et à force de travail, il s'est offert cette deuxième chance. Il lui appartient désormais de la saisir pour emmener les Cafeteros encore plus loin qu'il y a quatre ans. L'objectif des quarts de finale n'est pas irréaliste pour les hommes de Pekerman, tombés dans l'un des groupes les plus abordables du tournoi. Et renforcés par un Tigre affamé à l'idée de rattraper le temps perdu. Parce que c'est sa première Coupe du monde. Et peut-être la dernière, aussi.