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Comment les Italiens vivent-ils cette Coupe du monde ?

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 22/06/2018 à 16:05 GMT+2

COUPE DU MONDE 2018 - La Nazionale est la grande absente du Mondial russe, un réel traumatisme pour un pays où le football est une religion. Quel est donc leur quotidien durant ce prochain mois ?

Un pizzaiolo dans son restaurant lors de Italie - Suède, match de barrage de la Coupe du monde 2018

Crédit: Getty Images

En pariant sur les matches

L'Italien est un parieur dans l'âme à tel point que les scandales de matches arrangés ont régulièrement émaillé l'actualité des trois dernières décennies. En manque de sensations fortes sans la Nazionale, beaucoup compensent en jouant gros sur les rencontres de ce Mondial, et si les résultats-surprises ont surtout enrichi la SNAI (principale agence de paris), cela ne va pas les empêcher de continuer de prendre des risques et d'enchainer les "schedine". Attention, l'abus de paris est dangereux pour la santé financière, et pas que.

En se prenant pour des talents scouts

La Coupe du monde, c'est l'occasion de faire de belles découvertes ou d'observer de près des joueurs pistés par son club de coeur mais évoluant dans des championnats peu médiatisés. C'est par exemple le cas pour les juventini qui n'ont pas loupé une miette des prestations d'Aleksandr Golovine, meneur de jeu de la Sbornaya annoncé avec insistance du côté de Turin depuis le début du mois de juin. Idem pour les romanisti qui surveillent le Marocain Hakim Ziyech et les Laziale qui suivent l'Iranien Sardar Amzoun. Les milanistes, eux, ont d'autres préoccupations...
Aleksandr Golovin (Russie)

En jouant les maillots de mauvais augure

Dans la langue de "Dante", on dit "gufare" du substantif "gufo" soit le hibou. Rien à voir avec Marco Verratti mais dans de nombreuses cultures cet animal est un symbole funeste. Beaucoup de Transalpins offrent leur soutien aux petites équipes dont l'Islande qui a la grosse cote mais en fait, ils sont surtout contre les rivaux historiques que sont l'Allemagne et la France. "Go Aussies", "Fuerza Peru" et "Kom så Danmark" sont les cris de guerre les plus en vogue en ce mois de juin.

En pestant contre Ventura

Allez faire un tour sur les réseaux sociaux, ne serait-ce que la page officielle de la fédération italienne qui continue évidemment d'être active et dont le moindre post est suivi d'une liste de reproches plus ou moins violents dans les commentaires. L'ex-sélectionneur Gian Piero Ventura en prend pour son grade plus que les autres et son nom est souvent associé aux suidés. En outre, son interview il y a quelques jours dans la Gazzetta dello sport où il assume à peine ses responsabilités ne va pas redorer son image, bien au contraire. Une reconversion en "pet detective" lui est conseillée.

En exploitant cette tragédie sportive pour de la pub

Les services marketing de certaines marques rivalisent d'ingéniosité. C'est le cas de Uber Eats et McDonalds qui ont mis en scène huit champions d'autres pays tentant de convaincre un Andrea Pirlo plus blême que jamais de soutenir leur sélection. Trivago, célèbre comparateur de tarifs d'Hotels a lui misé sur le duo du Napoli, Insigne-Mertens. Dans quel pays cherches-tu ta réservation ?" demande le premier ; "En Russie, tu veux venir ?", rétorque le second. Le fameux humour belge.

En se goinfrant de matches

L'absence de l'Italie a facilité l'achat des droits de retransmissions télévisées de la compétition dans la Botte. De fait, Sky y a renoncé et la Rai a été battue par Mediaset qui a décidé de transmettre l'intégralité des rencontres sur ses trois chaines en clair, ce qui n'était pas arrivé depuis plusieurs éditions. Toute une série d'émissions avec de nombreux consultants (et beaucoup de pubs) ont ainsi été mises en place. Dans l'air de la pay tv à tout va, c'est toujours ça de pris.

En évitant d'être nostalgiques

"Vends DVD du Mondial 82 et 2006 pour les barbecues estivaux en 2018". Un écriteau qui a fait le tour de Facebook en Italie. Nombreux sont les supporters attachés à la dernière génération championne du monde mais la nostalgie n'est absolument pas à l'ordre du jour. La moindre image ou compilation de ce sacre provoque surtout de l'énervement voire presque du rejet. Personne ne veut vivre dans le passé et prendre le risque de finir dans une U Arena version italienne dans huit ans à y applaudir des quinquas.
Claudio Gentile (Italie) avec le trophée de la Coupe du monde 1982

En supportant simplement leur équipe

Comme les Français d'origine espagnole, portugaise, italienne, marocaine ou encore tunisienne, les Italiens au double passeport, à la double culture ou aux ancêtres venant d'ailleurs vont supporter leur équipe de cœur. Si on se fie au dernier rapport ISTAT, cela concerne notamment les Marocains, Egyptiens, Sénégalais, Péruviens, Polonais, Nigérians et Tunisiens, tous présents au moins au nombre de 100.000 sur le territoire. Mais contrairement à la France, l'Italie a moins de risques de subir les festivités d'une victoire finale d'une autre sélection sur son sol.

En pensant au Mondial 2019

Les Italiens ont tout de même eu l'occasion de se réjouir grâce à leurs sélections en cette période. Les U17 et U19 masculins et féminins participent aux phases finales des Euros de la catégorie, et surtout, les filles ont déjà décroché leur qualification pour la Coupe du monde en battant le Portugal 3-0, le 8 juin dernier. Ce sera une première participation depuis 1999. Un joli pied de nez au pays du machisme bon enfant.

En s'intéressant à d'autres sports

L'Italie n'échappe pas à la dictature du football, l'absence de la Nazionale va permettre à d'autres sports d'avoir plus de suivi, même celles où ses concitoyens obtiennent historiquement de bons résultats comme l'escrime avec les championnats d'Europe qui se déroulent en ce moment à Novi Sad. Durant le Mondial, le Tour de France prendra son départ avec un Vincenzo Nibali qui vise la victoire finale et il y aura aussi Wimbledon avec les têtes de séries Marco Cecchinato et Fabio Fognini. Et pourquoi jeter un oeil aux meetings d'athlétisme pour admirer les performances de Filippo Tortu et Irene Siragusa qui peuvent viser une médaille sur 100 mètres lors de l'Euro d'Athlétisme début août. En revanche, on oublie le rugby !

En menant un train de vie normal

Et c'est peut-être ça le plus frustrant, pas d'horaires aménagés de la part de patrons plus indulgents en période de Coupe du monde, la contrainte de suivre ou plutôt subir l'actualité politique sans avoir l'opportunité de s'évader pendant un mois, et le plus regrettable, l'impossibilité de voir un Turinois, un Napolitain, un Palermitain et un Vénitien unis derrière une même équipe.
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Un pizzaiolo dans son restaurant lors de Italie - Suède, match de barrage de la Coupe du monde 2018

Crédit: Getty Images

En prenant des vacances anticipées

La Toscane, ses collines, ses plages, sa gastronomie, ses vins, ses villes-musées, son authenticité... tout ça hors haute saison. Voilà ce pour quoi j'ai personnellement opté, je vous dis donc à la saison prochaine.
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