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Equipe de France : Le sens du sacrifice (et autres petits plaisirs)

Maxime Dupuis

Mis à jour 22/06/2018 à 22:59 GMT+2

COUPE DU MONDE – A défaut d'avoir ébloui face au Pérou (1-0), l'équipe de France s'est retrouvée dans la solidité et dans le combat, deux armes sans lesquelles on ne voyage jamais très loin. Les retours de Blaise Matuidi et d'Olivier Giroud ont changé le visage de cette équipe, apportant leur grinta et montrant aux autres que se sacrifier n’avait rien de déshonorant. Au contraire.

Olivier Giroud

Crédit: AFP

C'est un rituel immuable. Ou presque. Les lendemains de matches de l'équipe de France, les internationaux envoyés sur le gril sont ceux qui ont de bonnes raisons d'arborer un large sourire. Histoire d'éviter de marcher sur des œufs et de servir de la soupe à la grimace aux suiveurs. Vendredi matin, quelques heures après un long voyage et une très courte nuit, ce sont Steven NZonzi et Olivier Giroud qui sont venus passer les plats.
La veille, le Sévillan avait disputé son premier match de Coupe du monde, face au Pérou. Le Londonien avait lui retrouvé ses habits de lumière. Si tant est que l'expression soit parfaitement adaptée alors que l'attaquant de l'équipe de France, quatrième meilleur buteur de l'histoire des Bleus, prend autant de plaisir dans l'ombre que sous les spotlights, qu'il laisse volontiers aux autres, sachant que leur réussite sera de toute manière toujours un peu la sienne.
Jeudi soir, Olivier Giroud et Blaise Matuidi ont, autant symboliquement qu'efficacement, modifié le visage de cette équipe de France. Au collectif amorphe de Kazan a succédé un groupe de guerriers qui n'a pas fait chavirer les cœurs mais renversé le Pérou. Et passé le premier tour de la Coupe du monde. Sans sourciller. Sans briller, mais avec efficacité. Du DD tout craché.

Bleu de chauffe

Une phase de jeu a parfaitement cristallisé le changement de visage des Tricolores et leur retour aux bases, à Iekaterinbourg. Pas la peine d’aller le chercher très loin. Coup d'envoi du match. Antoine Griezmann sert Raphaël Varane vingt-cinq bons mètres derrière lui. Le Madrilène balance une longue ogive vers Olive. Déviation de la tête de l'avant-centre de Chelsea. Le ton est donné.
En même temps que le retour au 4-2-3-1 - ou 4-4-2 en phase de replacement -, les Tricolores ont remis le combat au centre de leurs préoccupations et revêtu le bleu de chauffe. Force est de constater que c'est la couleur qui leur va le mieux au teint, n'en déplaise aux esprits chagrins qui ne sont satisfaits que lorsque la possession de balle dépasse allégrement les 70%.
Didier Deschamps a du talent dans son groupe, c'est une évidence. Sur le papier, l'équipe de France possède avec le Brésil le plus bel éventail de talents individuels. Mais, jusqu'ici, de Paris à Rio, le talent n’a rien garanti aux Bleus comme aux Auriverde. Cette équipe de France s'épanouit dans une forme de combat et dans la douleur. Et elle n'avancera qu'à ce prix. On peut le regretter. Mais on a tout autant le droit de s'en réjouir.

"Du plaisir" à défendre

Si Blaise Matuidi n'a pas réussi un grand match face au Pérou, il en a d'ailleurs été très loin, le Turinois a donné le tempo et cimenté le collectif. Le leadership par l'exemple en quelque sorte. Comme Olivier Giroud, dont le dévouement est inhérent à sa position et ressemble à un style de vie, le milieu de terrain de la Juventus s'est sacrifié en évoluant à un poste qui n'est pas le sien. Il n'y a pas eu grand-chose de parfait dans sa prestation mais se plier à ce type d'exigences collectives était une manière de montrer aux autres que si lui l'a fait, et accepté, d'autres - qui ont bien moins de sélections que lui (69) – peuvent se mettre chiffon pour les Bleus. Des plus jeunes et bien plus talentueux que lui ont entendu le message et se sont mis au diapason.
Le plaisir peut paraitre un peu sadomasochiste. Mais il est réel : oui, il est possible de s'épanouir dans l'effort et d'en tirer une satisfaction qui ne devrait faire culpabiliser personne. Olivier Giroud a tout résumé samedi : "Évidemment qu'on a pris du plaisir. On en prend dans l'effort défensif. Le plaisir, ce n'est pas seulement de réussir un crochet ou de mettre une frappe en pleine lucarne. Se faire mal donne aussi du plaisir." C'était une déclaration d'amour au combat. Et un message aux petits copains. Une autre manière de joindre l'utile à "l'agréable".
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