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Equipe de France : S'écrire un destin demande autre chose que du talent

Maxime Dupuis

Mis à jour 17/06/2018 à 11:04 GMT+2

COUPE DU MONDE 2018 - Samedi, l'équipe de France a dominé l'Australie au forceps (2-1). Malmenée, la sélection s'est imposée sur le fil et grâce à ses valeurs sûres. Cette équipe de France, rajeunie et talentueuse sur le papier, a subi un bizutage grandeur nature qui s'est mieux terminé qu'il n'avait commencé. Grâce à qui ? Aux anciens.

Giroud et Pogba

Crédit: Getty Images

C'est une après-midi dont ils se souviendront à vie. Parce qu'on n'oublie jamais la première fois. Jamais plus ils ne ressentiront cette excitation teintée d'appréhension au moment d'entrer sur une pelouse. Ça y est, c'est fait : ils ont été bizutés à Kazan. Si la douloureuse initiation ne dit rien de la suite, on est sûr d'une chose : désormais, ils savent. Ils ne laisseront plus les autres dire pour eux que leur fréquentation assidue des soirées privées de Ligue des champions les avait préparés à ce début d'après-midi passé là où la C1 ne les escorte jamais, à Kazan au cœur du Tatarstan.
La Coupe du monde, c'est autre chose. Si un France - Australie n'accouchera jamais d'une partie dont la qualité technique surpasserait celle des grands rendez-vous européens, son impact psychologique est sans commune mesure avec tout ce qui leur a été donné de voir jusqu'ici. Aussi précoces et talentueux soient-ils, Kylian Mbappé et Ousmane Dembélé se sont pris ce mur en pleine face, samedi à la Kazan Arena. S'ils n'ont pas semblé émotionnellement écrasés par l'événement, ils n'ont pas su le maîtriser et l'appréhender. A respectivement 19 et 21 ans, cela n'a rien d'infamant. Au contraire, c'est même rassurant pour leurs aînés qui, samedi soir, se sont couchés en se disant qu'ils valaient bien mieux que le sombre avenir qui leur était promis.
Attractive au possible sur la feuille de match, l'initiative de Didier Deschamps s'est retournée contre lui. Samedi, le sélectionneur de l'équipe de France avait aligné l'équipe la plus talentueuse sur le pré - ou jugée comme telle -, retirant le pain de la bouche de ses détracteurs qui aiment à souligner jusqu'à plus soif la frilosité supposée du boss des Bleus. Encouragé par les événements, l'état de forme de chacun et leur préparation accomplie, DD a succombé aux charmes d'une équipe jeune, joueuse et séduisante qui n'avait en son sein que quatre joueurs ayant déjà humé le parfum du Mondial (Lloris, Varane, Pogba, Griezmann). Elle a vécu sa morne vie une heure et dix minutes. Et puis, au pied du mur australien, DD n'a eu d'autre choix que de remettre en selle Olivier Giroud puis Blaise Matuidi, respectivement entrés à la 70e et 78e minute.

Giroud, of course

Symboliquement, le sélectionneur s'en est remis à deux de ses cadres fidèles qui partagent un point commun - à des degrés divers : le désamour dont ils font l'objet n’a d'égal que leur importance. Si Matuidi est de loin le plus épargné des deux, il n'a jamais complètement réussi à faire l'unanimité pour des raisons qui ont plus à voir avec l'esthétisme que l'efficacité et qui, par conséquent, laissent songeur.
Giroud ? Pas la peine de vous faire un dessin. Et pourtant, c'est le second nommé, enturbanné, qui a débloqué la situation en faisant ce qu'il sait faire de mieux : peser. Sans grâce. Mais avec du cœur, des tripes et des biceps. En gros, tout ce qu'il faut pour aller loin en Coupe du monde. On ne le martèlera jamais assez : une Coupe du monde ne se gagne pas au talent. Parce que le talent est comme l'argent, il contribue au bonheur mais ne le fait jamais complètement.
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