Les Bleus avaient un avenir, ils se sont déjà écrit un présent et c’est exceptionnel

Quand Didier Deschamps a un message à faire passer, il sait comment s'y prendre. La communication est un élément qu'il maîtrise à merveille. Et quand vous faites le bilan d'un mois de Coupe du monde et listez les sujets abordés, vous vous rendez compte qu'il a répété un même argument à chacun de ses passages - ou presque - en conférence de presse, lié à la jeunesse de son équipe. Depuis la divulgation de sa liste, le 17 mai dernier, le sélectionneur de l'équipe de France a martelé ces chiffres : 6 et 14. Six, comme le nombre de ses Mondialistes qui étaient déjà là au Brésil il y a quatre ans. Quatorze, comme le nombre de ses joueurs partis en Russie découvrir une grande compétition internationale.

Entre la finale de l'Euro 2016 et sa liste des 23, Didier Deschamps a probablement plus modifié son équipe qu'il ne l'imaginait. Parce que la jeunesse a poussé plus fort que personne ne pouvait le prévoir à l'époque. Au fond, DD s'est retrouvé devant le fait accompli et à incorporé cette jeunesse qui ne demandait que ça et dont Kylian Mbappé est le phare. Dans son équipe, Deschamps a quatorze joueurs de 25 ans ou moins. Pour une moyenne d'âge de 26 ans, ce qui faisait des Bleus au coup d’envoi du Mondial l'équipe la plus jeune de la compétition, avec le Nigeria.

Deschamps l'a répété après chaque obstacle franchi - "j'ai 14 joueurs qui découvrent une compétition internationale" -, comme pour bien mesurer le chemin parcouru. Dimanche, il pourra peut-être dire qu'il a remporté la Coupe du monde avec une équipe de minots. Une équipe qui a un avenir mais qui s'est d'ores et déjà écrit un présent. Ce qui est exceptionnel.

Dans l'histoire de la Coupe du monde, la jeunesse a souvent été une promesse, rarement une garantie. Pour toutes les raisons que vous pouvez imaginer et qui sont autant footballistiques que psychologiques. Etre champion du monde avec une équipe plus jeune que celle des Bleus, c'est arrivé une fois, en 1978 avec l'Argentine (25,7). Le reste du temps, l'expérience a primé. Regardez les Bleus de 1998, qui tournaient à 28,3 ans de moyenne et, pour le coup, étaient plus vieux que le champion du monde type, qui tourne autour de 27 ans et demi en temps normal.

Il y a quatre ans, l'Allemagne avait décroché le Graal avec une formation pas loin d'être aussi jeune que l'équipe de France, puisqu'elle présentait une moyenne d'âge dans les mêmes eaux que celle des Bleus (26,3 ans). A une différence près : elle possédait dans ses rangs quatre centenaires en termes de sélections (Lahm, Schweinsteiger, Klose et Podolski) quand les Bleus n'en avaient pas un en débarquant en Russie (ndlr : Lloris l'est devenu entre-temps). A l'image de Low il y a quatre ans, Deschamps a incorporé de la jeunesse au cœur de son équipe-type, tout en conservant l'ossature qui avait fait la force des Bleus à l'Euro. Pavard, Hernandez et Mbappé se sont ouvert les portes du onze où ils côtoient huit vice-champions d'Europe. Un savant dosage pour une recette réussie. On a hâte de voir la tête du gâteau, dimanche.