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Sven Ulreich, une option qui prend forme pour le Mondial

David Lortholary

Mis à jour 25/04/2018 à 17:41 GMT+2

Les performances au Bayern de la doublure de Manuel Neuer sont en progression constante. Conséquences : d’une part, sa légitimité comme titulaire pour les matches décisifs de la saison n’est plus remise en cause ; d’autre part, sa présence dans le groupe de l’Allemagne pour le Mondial devient une hypothèse plus que crédible.

Sven Ulreich vom FC Bayern München

Crédit: Getty Images

Jour après jour, le bruit monte. La discussion s’enflamme. Manuel Neuer, dont le retour à la compétition se dessine, doit-il vraiment remplacer Sven Ulreich pour les matches décisifs de la fin de saison ? Pour la finale de la Coupe d’Allemagne, mi-mai, et surtout pour une éventuelle finale de Ligue des champions ? Voire… au Mondial ? Jupp Heynckes remet la discussion à plus tard et refuse d’aborder le sujet pour l’instant. Après tout, ces deux rendez-vous européens, et a fortiori le tournoi en Russie, sont encore à plusieurs semaines de distance. Mais dans l’environnement du Bayern, et au cœur même de l’institution, le débat est déjà vif.
La raison ? Ulreich réalise une saison de haute volée et sa forme progresse semaine après semaine. De telle sorte qu’il est impensable de se passer de lui comme n°1 en ce moment. Et que, lentement mais sûrement, se répand l’opinion selon laquelle il serait malvenu de l’écarter au profit de Neuer pour les échéances restantes. Seule la performance sportive compte, juge le chroniqueur de Sport 1 Martin Volkmar. Qui estime que Jupp Heynckes devrait conserver l’actuel titulaire dans le but jusqu’au terme de la saison. "Non pas en guise de remerciement ni de loyauté, mais parce qu’il a pris une part active aux résultats positifs de son club ces derniers mois. En somme, pour des raisons sportives pures. Aujourd’hui, Ulreich est le 2e meilleur gardien allemand derrière Marc-Andre ter Stegen. De ce fait, il mériterait une nomination dans le groupe pour la Coupe du monde. Il donne de la sécurité à l’équipe, réussit des arrêts incroyables et ses adversaires le respectent." Un hashtag est même apparu : "SvenTheWall" (Sven le mur).

Matthäus : "Je maintiendrais Ulreich"

Au point de faire de Manuel Neuer de l’histoire ancienne ? "Cela ne signifie pas que Neuer serait devenu soudainement moins bon", réfute Martin Volkmar. "En pleine possession de ses moyens, il fait partie des meilleurs du monde à ce poste et, une fois complètement remis sur pieds, est totalement irremplaçable dans le but du Bayern. Mais pour le moment, il lui manque la forme. Ça ne réapparaît pas d’un seul coup après une demi-année de rééducation et sept mois sans entraînement collectif." Les légendes du poste sont d’accord : de Bodo Illgner, champion du monde 1990, à Oliver Kahn, vainqueur de la Ligue des champions en 2001, en passant par le recordman de sélections en équipe d’Allemagne Lothar Matthäus, chacun insiste sur la nécessité du rythme de la compétition et de la pratique au plus haut niveau.
Sans ceux-ci, déraisonnable d’envisager disputer légitimement une finale de Ligue des champions avec l’espoir d’influer réellement sur le cours de cette dernière. Sans parler du risque accru de blessure, comme la rechute de la saison dernière, à Madrid, l’a démontré. "Moralité, pour moi, sur la foi de la forme étincelante d’Ulreich, il ne faut pas changer une équipe qui gagne", conclut le chroniqueur. "Si j’étais l’entraîneur, je maintiendrais Ulreich", renchérit Matthäus. "Neuer pourrait entrer en jeu dans quelques rencontres de championnat, mais le risque est trop grand pour les grands matches. Et puis Ulreich a mérité de jouer, lui qui a livré des performances fantastiques."
Reste que les trois (ou quatre, en cas de qualification face au Real en C1) matches décisifs qui se présentent sont les plus bouillants de la saison de club. "Le match retour au stade Santiago-Bernabeu, pour lui, sera une expérience nouvelle", abonde Jean-Marie Pfaff, le légendaire portier de la sélection belge et du Bayern. "Là-bas, comme gardien de but, tu dois garder le calme et faire confiance à ton savoir-faire. Il ne s’agit pas de penser qu’il faille accomplir quelque chose de particulier. C’est une exigence mentale que de ne pas perdre ses nerfs. Naturellement, Neuer va manquer. Mais jusqu’ici, Ulreich a fait du très bon boulot. Il faut qu’il se prépare en connaissance de cause : le danger, on le sait, vient des coups francs, des centres… et lorsqu’il aura le ballon, il devra calmer le jeu, jouer la montre, surtout ne pas entretenir l’excitation."
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Sven Ulreich avec le Bayern Munich

Crédit: Getty Images

Müller : "L’homme de l’année"

En matière d’expérience, Ulreich a trouvé un sacré mentor en la personne de son entraîneur. Jupp Heynckes a restauré chez lui une confiance largement abîmée. Le gardien de 29 ans explique même la hausse de son niveau et de ses performances directement par l’arrivée du septuagénaire comme coach, l’automne dernier. "Qu’Heynckes m’accorde sa confiance et me redonne confiance en moi a été d’une importance gigantesque", explique-t-il. "Carlo Ancelotti ne comptait pas sur moi, avait peu confiance en moi et communiquait peu. La confiance, c’est ce qu’il y a de plus important pour un sportif. Si quelqu’un m’avait dit, quand j’étais enfant, que j’allais disputer une demi-finale de Ligue des champions contre le Real, je ne l’aurais jamais cru."
En résumé : merci Jupp Heynckes. "Mes bonnes prestations ont coïncidé avec l’arrivée du coach", observe Ulreich. Qui enchérit : "C’est clair, désormais, faire partie du groupe pour le Mondial est l’un de mes objectifs." Son président Karl-Heinz Rummenigge est d’accord. Son capitaine Thomas Müller, aussi, qui n’y va pas de main morte. "C’est justice de faire de lui l’homme de l’année. Il mérite qu’on pense à lui pour le Mondial. Il constitue une option excellente", estime l’attaquant bavarois.
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Sven Ulreich face à Pablo Sarabia lors de Séville - Bayern en Ligue des champions

Crédit: Getty Images

Heynckes : "En total manque de confiance quand je suis arrivé"

Et c’est un fait, inédit mais réel : aujourd’hui, Sven Ulreich fait gagner des matches à son club. La sérénité de la qualification pour les demi-finales, contre le FC Séville, tient à lui pour une bonne part. "Je sais la chance que j’ai et je me réjouis de pouvoir jouer régulièrement pour un tel club", répond simplement le gardien d’1,92 m, qui a prolongé jusqu’en 2021 et dont le statut a bel et bien changé depuis l’automne. "Quand je suis arrivé, Sven Ulreich était un gardien pas sûr du tout, en total manque de confiance en lui et sans aucune reconnaissance extérieure", balance son entraîneur.
"Cela a radicalement changé. Il n’est pas seulement l’un des meilleurs gardiens du championnat, il a désormais la reconnaissance au sein du groupe, au sein du club, chez les supporters, dans les médias. Il est devenu quelqu’un sur qui on peut s’appuyer, et qui nous a déjà fait gagner beaucoup de matches cette saison". Le joueur n’est pas complètement d’accord. "Même quand je ne jouais pas, j’ai le sentiment que j’étais respecté de l’équipe. C’est seulement que maintenant, j’ai un rôle central. Du coup, je suis pris plus au sérieux." Sa présence est désormais incomparablement plus forte. Son rayonnement aussi. Autant de choses qui ne s’apprennent pas dans les manuels des apprentis gardiens. "C’est à lui qu’il doit cette évolution", précise le coach, "et ensuite à Toni Tapalovic (le jeune entraîneur des gardiens du Bayern), qui travaille avec lui au quotidien. Cela vient aussi, sûrement, du fait que d’emblée, je lui ai signalé qu’il était mon n°1, peu importe ses performances. Pour lui, cette marque de confiance est primordiale".
Le sélectionneur l’a confirmé, Ulreich apparaît sur les radars. "Il est particulièrement fort dans les un contre un et s’est également amélioré footballistiquement", précise-t-il. Ulreich touche en effet 35 ballons par match en moyenne et arrête régulièrement des penalties. Pas sûr, néanmoins, que Joachim Löw bouscule ses habitudes à ce poste, lui qui a jusqu’ici fait confiance, dans l’ordre, à Neuer, ter Stegen, Leno et Trapp. Si Neuer retrouve la forme, Löw va déjà devoir laisser l’un de ces quatre-là à la maison cet été. Alors deux… Le verdict tombera le 15 mai. D’ici là, le Bayern aura rencontré deux fois le Real Madrid. De quoi donner des maux de tête à "Jogi" ? Jamais dans l’histoire de la Mannschaft deux gardiens du même club n’ont participé à un Mondial. Mais si Ulreich était artisan d’un triplé, le sélectionneur pourrait-il décemment se passer de lui ?
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