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Azzedine Ounahi vu par son ex-entraîneur à Avranches avant France-Maroc : "Le Barça serait le club idéal pour lui"

Clément Lemaître

Mis à jour 14/12/2022 à 10:37 GMT+1

COUPE DU MONDE 2022 - Avant de devenir l'une des révélations du Mondial 2022, Azzedine Ounahi jouait encore en National, à Avranches, il y a un an et demi. Pour Eurosport, son ancien entraîneur, Frédéric Reculeau (aujourd'hui à la Roche VF), s'est remémoré le passage du milieu marocain de 22 ans dans la Manche. Une étape qui l'a définitivement lancé vers la reconnaissance internationale.

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Frédéric Reculeau, comment Avranches a-t-il repéré puis recruté Azzedine Ounahi à l'été 2020 ?
Frédéric Reculeau. : "On n'a rien repéré du tout. C'est son agent Ismail Mouline qui m'a sollicité avec le président d'Avranches. Il voulait absolument qu'Azzedine rebondisse en National après ses deux ans avec la réserve de Strasbourg en N3. Beaucoup de clubs professionnels ne croyaient pas en lui. Moi, je ne connaissais pas le joueur mais son agent a beaucoup insisté. Il voyait Avranches comme un tremplin pour Azzedine grâce notamment à notre style, basé sur le jeu au sol, dans les pieds et en mouvement. Ce style correspondait à son profil."
Pourquoi n'a-t-il pas réussi à s'imposer à Strasbourg ?
F.R. : "Aucune idée. Je n'ai pas à juger le choix de Strasbourg. Lors de sa saison à Avranches, on était en contact avec des clubs professionnels, notamment en Ligue 2, et beaucoup d'entre eux n'ont pas cru en lui. Sauf Angers SCO."
Qu'avez-vous retenu de vos premiers échanges avec Azzedine Ounahi à son arrivée à Avranches ?
F.R. : "Les premiers échanges n'étaient pas simples. Il fallait sortir les mots de la bouche d'Azzedine. Il était touché par son échec à Strasbourg. Il n'imaginait pas jouer dans un club amateur en arrivant en France (ndlr : en 2018). Ce n'était pas simple pour lui. Il a fallu lui faire comprendre que s'il était à Avranches, c'était pour son bien. Nous, on voulait le mettre dans les meilleures conditions pour qu'il rebondisse très vite. Mais il a fallu gagner sa confiance. Azzedine est réservé, introverti voire méfiant. Il ne donne pas sa confiance comme ça. Les choses se sont ouvertes à partir du moment où on a travaillé sur le terrain. Là, il s'est rendu compte qu'il allait s'épanouir à travers ce qu'on allait lui proposer."
Quels souvenirs gardez-vous de ses premiers entraînements et de ses premiers matches ?
F.R. : "Autant j'avais un Azzedine réservé hors du terrain, autant il était épanoui sur le rectangle vert. On a tout de suite vu qu'il était bourré de talent. C'est ce genre de profil de joueur qu'on aime voir sur un terrain de football. Il est monté en puissance progressivement au cours de la saison dans un championnat de National qui n'est pas simple."
Avec Azzedine, ça rentre dans les oreilles et ça ressort par les pieds
Dans quels domaines de jeu a-t-il progressé à Avranches ?
F.R. : "A son arrivée, il avait déjà ses qualités techniques, d'accélération et de jeu au pied. Son volume de jeu était là aussi. C'était l'un des garçons qui courait le plus à Avranches. Avec la réserve de Strasbourg, je ne sais pas s'il a beaucoup progressé, je pense que c'était trop simple pour lui. En National, ça devenait plus compliqué sur le défi athlétique et il a eu du mal au départ. L'idée était qu'il élargisse sa palette de joueur : changer de zones de jeu, éviter certains duels, utiliser d'autres surfaces de pied, améliorer la prise d'infos, l'avant-dernière passe et la finition. Pour qu'il soit meilleur, il fallait qu'il aille chercher d'autres choses. J'estimais déjà qu'il allait être plus fort en Ligue 1 ou en Ligue 2 car il y a plus de places pour que ce type de joueur puisse s'exprimer. Comme c'est un bosseur, quelqu'un d'intelligent et qui écoutait ce qu'on lui demandait sur le terrain, c'était un plaisir de travailler avec lui. Avec Azzedine, ça rentre dans les oreilles et ça ressort par les pieds."
Est-ce qu'il évoquait ouvertement ses ambitions pour le futur ?
F.R. : "Au départ, je sentais qu'il était triste d'être à Avranches. On lui a donné beaucoup de bienveillance et d'amour. A partir de là, il a répondu sur le terrain et s'est ouvert de plus en plus. De son malheur de venir jouer en National, il en a fait une force. Car il s'est réfugié dans le travail et avait la volonté de sortir de là. Après ses ambitions, c'était au fond de lui. Sa volonté était de signer un contrat professionnel. Quand il s'est engagé avec Angers, il était heureux. Ensuite, il voulait intégrer la sélection du Maroc voire plus s'il poursuivait son ascension."
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Azzedine Ounahi, révélation marocaine du Mondial 2022, est suivi par le FC Barcelone.

Crédit: Getty Images

Êtes-vous surpris par sa Coupe du monde ?
F.R. : "Non. Après, je suis surpris que ça aille aussi vite pour lui. Je voyais tous les jours à Avranches ce que je vois à la télévision aujourd'hui. Mais comme je le dis, il joue dans une équipe défensive donc on ne voit pas totalement le vrai Azzedine. Lui est encore plus fort dans la partie haute chez l'adversaire. Il l'a prouvé contre l'Espagne et c'est ce qui a marqué Luis Enrique. A la 110e minute, il avait encore son pouvoir d'accélération, d'éliminer des joueurs et d'enchaîner avec une passe pour son attaquant. Que ce soit au début ou à la fin du match, il ne perd pas sa qualité technique et c'est rare. On a l'impression qu'il n'est jamais fatigué. C'est pour ça que c'est un joueur de très haut niveau."
Vous estimez qu'on n'a pas encore tout vu du talent d'Azzedine Ounahi...
F.R. : "Non. Là, il est dans son camp, dribble et se projette. Si vous le mettez dans la partie haute à animer le jeu, il ne va pas perdre de ballon et peut déclencher plus d'actions décisives. Après, il faudra des joueurs de talent autour de lui, il ne fera pas tout, tout seul. En numéro 8 ou 10, c'est plus son profil. Après, c'est un joueur complet, il est capable d'être très bon à partir du moment où il est dans l'animation du jeu."
La presse espagnole parle d'un intérêt du FC Barcelone pour le mois de janvier. Est-ce qu'il pourrait s'y imposer ?
F.R. : "Pour moi, c'est le club idéal pour lui. Son style est adapté au championnat espagnol. Est-ce qu'il existerait dans d'autres grands championnats ? Oui, mais j'aurais plus de doutes compte tenu du défi athlétique. Forcément, je le vois plus à Barcelone qu'ailleurs. Après, il faudra du temps et qu'il avale les matches de très haut niveau. Plus il jouera dans une équipe à fort potentiel, plus son talent sera mis en avant."
Êtes-vous toujours en contact avec lui ?
F.R. : "Oui, on échange. Je lui envoie des petits mots pour le féliciter de ses performances à Angers. Je l'appellerai après la Coupe du monde. Quand il est parti à Angers, il est revenu nous voir trois ou quatre fois à Avranches. Il était reconnaissant vis-à-vis du club. C'est la classe digne des grands joueurs."
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