Coupe du monde | France - Maroc | Kolo Muani, Konaté, Thuram, Fofana : Ce banc qu'on n'attendait plus…

A force de les voir se marrer dans le vestiaire, chambrer les titulaires, crier, hurler, chanter et célébrer, on avait fini par craindre que les éternels remplaçants aient décroché avec la compétition. Bien sûr, le groupe était soudé mais restait-il compétitif dans sa globalité ? La démission collective face à la Tunisie ne donnait pas vraiment de crédit à des coiffeurs complètement à l'ouest. Mais les remplaçants avaient simplement attendu la demi-finale de Coupe du monde, rien que ça, pour rappeler à Didier Deschamps qu'il pouvait compter sur eux. Ce fut spectaculaire et, très honnêtement, cela valait le coup d'attendre.

Dès le coup d'envoi, il a fallu sortir du frigo Ibrahima Konaté et Youssouf Fofana pour pallier les coups de froid de Dayot Upamecano et Adrien Rabiot. Le premier fut le Français le plus saignant du soir. Impeccable dans ses interventions, il a écoeuré les Marocains qui ont insisté dans sa zone sans jamais le prendre à défaut. Fofana, inquiétant contre les Tunisiens, s'est mis au niveau qu'exige un dernier carré de Coupe du monde. Il n'a pas tout bien fait, pas aidé par un Kylian Mbappé complètement absent des tâches défensives, mais il s'est comporté en soldat et a ouvert la voie du second but dans un dépassement de fonction salutaire.

Ce sont bien les remplaçants qui ont plié la rencontre dans une action initiée par Fofana, soutenu par Marcus Thuram, et conclue par l'improbable Randal Kolo Muani. "Je suis très fier, a savouré l'improbable héros du soir à 4 sélections. Très fier de mes coéquipiers qui ont fait le travail en première période, très fier aussi d'avoir pu libérer l'équipe et tuer le match. Je ne réalise pas encore, mais c'est une très grosse fierté, on ne peut pas rêver mieux, je suis sur mon petit nuage."

Pour la deuxième fois seulement sous le mandat de Didier Deschamps, et pour la première fois depuis France – Albanie à l'Euro 2016 (et un but d'Antoine Griezmann), un remplaçant français a marqué dans un tournoi international. On avait fini par ne plus y croire mais Kolo Muani a rappelé que les entrants pouvaient faire des différences et que le coaching du sélectionneur pouvait faire basculer une rencontre.

Didier Deschamps a beaucoup de qualités mais ses choix offensifs (Martial - Coman – Gignac en 2016, Fekir – Dembélé en 2018, Ben Yedder en 2021) n'avaient jamais rien donné sur les grands tournois. Au-delà de Kolo Muani, Thuram, s'il n'a pas marqué, a complètement rééquilibré les débats en s'astreignant à un travail défensif dont ne voulait pas Kylian Mbappé sur le côté gauche. Dès lors, le Maroc s'est montré nettement moins menaçant.

"Ce n'est pas un hasard, a savouré le coach après la rencontre. Vous vous attendiez toujours à ce que ce soit les mêmes qui rentrent mais je ne suis pas obligé de faire les mêmes choses. Kingsley a été fébrile cet après-midi et Kolo Muani me donne raison. Il a cette capacité de courses plus importantes. C'est un bon exemple pour les autres joueurs du groupe. Il rentre et il est décisif. Ça me rappelle un mauvais souvenir : un joueur portugais qui n'avait pas joué et qui marque en finale de l'Euro 2016 (ndlr : Eder)."

Les remplaçants ont-ils installé le doute dans la tête du sélectionneur désormais ? Le onze pourrait-il être retouché face à l'Argentine ? Un seul homme semble pouvoir bousculer la hiérarchie chez les coiffeurs. Ibrahima Konaté, excellent face à l'Australie, la Tunisie et le Maroc, est désormais en balance avec Dayot Upamecano. "Je ne me pose pas la question, a réagi Deschamps. Quand je dois choisir entre qualité et qualité : ça me va." Pour une fois, il va avoir le luxe de choisir.