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Des centaines de travailleurs migrants expulsés avant la Coupe du monde

ParAFP

Mis à jour 29/10/2022 à 17:29 GMT+2

COUPE DU MONDE 2022 - Nouvelle polémique en marge du Mondial au Qatar. Ces derniers jours, des centaines de travailleurs migrants ayant construit les stades qui accueilleront les matches de l'évènement ont été expulsés de certains bâtiments du centre de Doha, où doivent séjourner certains touristes. Le Qatar assure que ces personnes seront relogées.

Des travailleurs à Doha, le 25 octobre 2022

Crédit: Getty Images

Ils sont maintenants priés d'aller voir ailleurs. Des centaines de travailleurs migrants ont été expulsés de bâtiments du centre de Doha par les autorités locales, en plein préparatifs de la Coupe du monde de football, ont rapporté samedi des habitants et des ouvriers. Des employés municipaux et des agents sont arrivés mercredi soir pour nettoyer et fermer une douzaine de bâtiments, un peu plus de trois semaines avant le début de l'événement sportif, ont expliqué des résidents. Certains supporteurs du Mondial, organisé du 20 novembre au 18 décembre, doivent séjourner dans cette zone, en grande partie située dans le quartier Al-Mansoura et réaménagée ces dernières années.
Selon un porte-parole du gouvernement, les bâtiments étaient "inhabitables" et les autorités ont agi en vertu d'une loi de 2010 contre "les logements informels". Un préavis a été donné aux occupants et "les autorités s'assurent toujours que les personnes soient relogées dans un endroit sûr et approprié", selon la même source.
Younes, un chauffeur bangladais rencontré dans le quartier samedi matin, trois nuits après avoir été expulsé de son logement, a expliqué avoir dormi à l'arrière de son pick-up dans une rue des environs. "Ce camion est ma vie et je ne le quitterai pas tant que je n'aurai pas un endroit où je peux le garer à proximité", explique-t-il. C'est la troisième fois en trois ans qu'il est contraint de déménager, dit-il aussi.

Le Qatar sous le feu des critiques

Les migrants représentent plus de 80% des 2,8 millions d'habitants du Qatar. Ils sont majoritairement originaires d'Inde, du Pakistan, du Bangladesh, du Népal mais aussi des Philippines et de pays africains comme le Kenya et l'Ouganda. Le riche État du Golfe a dépensé des dizaines de milliards de dollars pour accueillir le tournoi mais s'est retrouvé sous le feu des critiques d'organisation de défense des droits de l'homme et de syndicats internationaux, notamment pour son traitement des travailleurs étrangers, qui ont construit la plupart des nouveaux stades et des infrastructures de transport pour l'événement.
Ces organisations ont dénoncé les conditions de travail des ouvriers, des salaires impayés et même des décès sur les chantiers, dont le nombre est à ce jour incertain. La Confédération syndicale internationale, regroupant des organisations syndicales du monde entier, a toutefois pris acte d'améliorations nettes ces dernières années. Sa secrétaire générale Sharan Burrow saluait récemment auprès de l'AFP les "progrès incroyables" du Qatar dans ce domaine, tout en les jugeant encore insuffisants.
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Le Qatar souligne avoir mené de nombreuses réformes et son dirigeant, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, s'est insurgé cette semaine contre les "fabrications et les doubles standards" dans ce qu'il a décrit comme une "campagne sans précédent" de critiques depuis que le pays a obtenu la Coupe du monde.
Les salaires sont bas donc chaque centime compte
Originaire d'Asie du sud, le patron d'un magasin ouvert 24 heures sur 24 à Al Mansoura, témoin de certaines expulsions, affirme pour sa part la plupart des personnes forcées au départ ne payaient pas de loyer et n'avaient aucun bail. "Ce sont essentiellement des squatters", a-t-il dit sous couvert de l'anonymat. "Ils restent quelques mois dans un bâtiment puis sont obligés d'en trouver un autre". "C'étaient de bons clients. J'avais apporté du riz supplémentaire parce qu'ils en achetaient tellement ; maintenant je n'en ai plus", a-t-il ajouté. "Dans ce cas, c'est le moment si proche de la Coupe du monde qui est tout faux", selon lui.
Tous les bâtiments vides vus par l'AFP étaient sombres et rien ne laissait penser qu'ils pourraient être bientôt utilisés. Des habitants du quartier ont estimé que que la plupart des hommes expulsés déménageraient dans l'immense zone industrielle de Doha ou dans des villes plus éloignées de la capitale.
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Faute d'être employés par de grandes entreprises, qui fournissent logement et nourriture, beaucoup travaillent pour un salaire journalier ou pour de petites entreprises. "Ils vivent dans ces blocs pour éviter de payer un loyer. Les salaires sont bas donc chaque centime compte", a déclaré un migrant vivant à côté d'un immeuble qui a été vidé.
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