De Pogba à Neymar, pourquoi les jeunes ont pris si vite le pouvoir en sélection

Ils ont à peine 25 ans, mais sont déjà des cadres de leur sélection respective. Eden Hazard (25 ans) et Neymar (24 ans) ont même porté le brassard de capitaine de leur nation cet été, lors de compétitions aussi importantes que l'Euro et les Jeux olympiques. Le Brésilien est - déjà - le quatrième meilleur buteur de l'histoire de sa sélection, devant Zico, Bebeto ou Rivaldo et derrière les légendes Pelé, Ronaldo et Romario. Sur la planète football, ils sont nombreux à avoir, malgré leur jeune âge, atteint un statut en sélection et un nombre de capes dignes de joueurs en fin de carrière.

Et la liste n'est pas exhaustive. Un signe de l'époque : il y a 10, 20 ou 30 ans, rares étaient les joueurs à pouvoir se targuer, à de tels âges, d'un statut de titulaire indiscutable et d'un tel vécu en sélection nationale. L'équipe de France illustre à elle seule cette évolution chronologique. Au même âge que Paul Pogba, Zinedine Zidane ne comptait ainsi que 10 sélections. Et la dernière d'entre-elles, un match amical contre la Grèce à Nîmes, en février 1996 (3-1), l'avait vu s'asseoir sur le banc, au profit de Youri Djorkaeff et Reynald Pedros.

Didier Deschamps, pourtant considéré à l'époque comme un titulaire "précoce" en Bleu, ne comptait lui à cet âge que 24 sélections, presque deux fois moins que Pogba. Et Marcel Desailly, 3e joueur le plus capé de l'histoire de la sélection, n'avait quant à lui… jamais porté la tunique bleue à 23 ans et 8 mois ! Mais alors, qu'est-ce qui explique que les jeunes joueurs soient de plus en plus vite multi-capés sous les couleurs de leur pays ?

La réponse tient d'abord dans un calendrier FIFA de plus en plus chargé. La saison s'est alourdie, année après année, de nouveaux rendez-vous internationaux. Quand l'équipe de France ne jouait que 6 matches en 1965 et 1975, elle en disputait 8 en 1995, 11 en 2005 et 10 en 2015. C'est mathématique : plus il y a de matches à jouer, plus les joueurs en jouent et voient leur nombre de sélection augmenter. Une équation qui n'est pas nouvelle : les 10 joueurs les plus capés de l'histoire des Bleus ont tous fini leur carrière au 21e siècle.

Mais l'explication du calendrier suffit-elle ? Ou bien les jeunes ont-ils plus facilement voie au chapitre en sélection nationale ? Il apparaît qu'il est aujourd'hui plus facile d'intégrer la sélection nationale, malgré un jeune âge ou une expérience encore limitée. Déjà, en 2004, Rio Mavuba avait été propulsé titulaire en Bleu à la nomination de Raymond Domenech, quelques semaines seulement après avoir remporté le Tournoi de Toulon U20 et quelques mois après avoir découvert la L1 à Bordeaux. Plus récemment, Presnel Kimpembe, 21 ans et remplaçant au PSG, a été appelé en sélection, comme Ousmane Dembélé (19 ans) ou Adrien Rabiot (21 ans).

Pourtant, il n'est pas dit que les sélections nationales sont plus jeunes aujourd'hui qu'hier. Si l'on compare les matches des Bleus face aux Pays-Bas, en octobre dernier (0-1), et face à la Turquie (4-0), en octobre 1996, on se rend compte que l'équipe de France de Didier Deschamps sélectionneur a une moyenne d'âge supérieure à celle du Didier Deschamps capitaine : 26,6 ans pour les Bleus cru 2016, contre 25,8 ans pour leur aînés de 1996. Alors, les époques sont différentes et l'automne 96 correspondait à la montée en puissance de la génération des Zidane, Thuram ou Barthez, tous âgés de 24 ou 25 ans.

Il y a, pourtant, un constat qui s'impose : nombre de sélections majeures du football européen font actuellement la part belle à leurs jeunes générations. En France, les Varane, Pogba et autres Griezmann sont des cadres tous âgés de 23 à 25 ans. Au Brésil, les Neymar, Marquinhos, Coutinho et autres prennent une importance croissante au fil du temps. En Angleterre, Kane (23 ans) a mis le vieux Rooney sur le banc et Dele Alli (20 ans) a déjà pris les clés du jeu. En Allemagne, les Schweinsteiger et autres Lahm se sont effacés au profit de Weigl ou Kimmich, 21 ans à peine.

De plus en plus jeunes et de plus en plus vite importants : voilà une évolution du football international que le temps et les années à venir devraient confirmer. Alors, on devrait voir des Neymar et Hazard finir leur carrière avec près d'une décennie de capitanat derrière eux et quelque 150 capes au compteur.