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Drame du Heysel : "Tu vas mourir pour la Juve, imbécile!"

ParAFP

Mis à jour 29/05/2015 à 13:05 GMT+2

Trente ans après, Luciano Barelli, 65 ans, a encore "la voix qui tremble" en parlant du Heysel où il a failli "laisser la peau" comme "un imbécile". La tragédie a fait 39 morts à Bruxelles lors de la finale de la Coupe des clubs champions entre la Juventus et Liverpool en 1985.

Un spectateur, le visage ensanglanté, lors du drame du Heysel - 1985

Crédit: Panoramic

"Le virage maudit"

"Le Heysel était un des pires stades du monde! Les gradins des virages étaient de simples bandes de ciment à même la terre. Nous avons même eu du mal, avec mes quatre amis, pour arriver au virage maudit, où nous étions avec des quidams. Il y avait peu de tifosi et au milieu un simple filet genre poulailler, c'était la seule séparation avec ceux de Liverpool..."

"Des animaux"

"A un moment, ces... animaux ont commencé à crier, menacer et d'un seul coup ils ont chargé et défoncé ce filet. S'il y avait eu des 'durs' de la Juve, ils se seraient battus entre eux mais nous, au lieu de répondre, nous nous sommes enfuis! Nous sommes passés par le haut, nous avons réussi à sauter le mur, il n'y avait que deux, trois mètres. Mais ceux qui se sont échappés vers le côté se sont retrouvés sur ce mur qui s'est écroulé, sous la pression de la masse, et ont fini écrasés".
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Une banderole déployée par les supporters de la Juventus lors du drame du Heysel - 1985

Crédit: Panoramic

"Ils jetaient des parpaings, des extincteurs"

"Nous avons eu peur tout de suite, ils jetaient des parpaings de ciment qu'ils arrachaient, même des extincteurs! Ils avaient des gueules de gens absolument prêts à causer les pires désastres, des faces laides, laides, laides".

"Tu vas mourir pour la Juve!"

"Je n'arrivais plus à respirer, compressé par la foule, je me suis même dit: +Pirla+ (imbécile, en milanais) de 'milanista' (supporteur de l'AC Milan), tu vas mourir pour la Juve! Puis je me suis appuyé sur deux autres, j'ai repris mon souffle et j'ai pu m'échapper. Et cela s'est arrêté aussi vite que cela avait commencé".

"Comme un tremblement de terre"

"L'image qui m'est restée, c'est ce champ de bataille dans la tribune, les chaussures, les vêtements abandonnés, les bouteilles... Comme un tremblement de terre. Et puis il y avait les tentes montées à l'entrée principale du stade, avec les morts. Là, on a compris l'ampleur du désastre. Encore aujourd'hui, j'ai la voix qui tremble quand je parle de cette histoire, je ressens la rage et la peur, j'ai failli y laisser ma peau".
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Le chaos dans le stade du Heysel - 1985

Crédit: Panoramic

"Scandale absolu de jouer ce match"

"C'est un scandale absolu d'avoir joué ce match. Ceux qui n'y étaient pas ne se sont pas bien aperçus de la situation,, mais les dirigeants, ceux des équipes, du stade, l'UEFA eux le savaient très bien. La justification, c'était qu'il risquait d'y avoir un désastre plus grand encore en-dehors, c'est peut-être vrai, mais après, quand même, 39 morts... Comment peut-on jouer? Je comprends, mais je ne suis pas d'accord. Et puis ça s'est joué sur un penalty qui n'existait pas, comme si Dieu voulait que la Juve gagne, comme d'habitude (rires)".

"Thatcher les a mis en prison"

"Au moins, cela a servi à calmer ces animaux (les hooligans, ndlr). Madame Thatcher les a mis en prison, les Anglais ont été chassés des Coupes d'Europe pendant cinq ans. Chez nous, ils s'entretuent et on leur donne une Daspo (acronyme pour interdiction de stade)... Ici on n'a rien appris, en Angleterre, à partir de ce moment-là, ils ont appris".

"Avant, on voyait des familles"

"Je n'ai pas eu de répulsion pour le foot, mais tout ce qu'il y a autour, oui. Je n'ai jamais été un grand tifoso, mais c'est notre sport national, je reste un peu passionné quand même, j'aime toujours le Milan. Mais je ne vais pratiquement plus au stade, des fois pour voir Côme, et la finale (de C1) 2003 contre la Juve (C1, gagnée par le Milan), j'avais des invitations. Avant, on voyait des familles au stade. Maintenant, ceux qui vont voir le foot pour ça (la violence, ndlr) me dégoûtent. Le foot est beau, c'est tout ce qui se fait derrière qui ne va pas".
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Luciano Barelli témoigne 30 ans après le drame du Heysel.

Crédit: AFP

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