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Election FFF - Le Graët, politique et granitique

ParAFP

Publié 18/03/2017 à 15:43 GMT+1

ELECTIONS FFF - Réelu à la tête de la FFF ce samedi, Noël Le Graët n'en est pas à son coup d'essai. Fin politicien, il a réussi à écarter ses concurrents pour garder son trône. Profil d'un tacticien.

Noël Le Graët à Clairefontaine

Crédit: AFP

Noël Le Graët a été réélu à la tête de la Fédération (FFF) samedi avec un bilan reconnu de toutes parts et un profil d'homme politique aussi madré que tranchant, voire cassant.
"Le score est net (57,4%), ça donne la possibilité de travailler de façon sereine. J'ai une très belle équipe, c'est ce qui a fait la différence", a-t-il réagi après sa victoire, histoire de jouer collectif. Le Breton de 75 ans sait arrondir les angles sans se départir de son image granitique, modelée au long de décennies à la confluence de la politique, du football et des affaires. Quand il s'engage quelque part, c'est pour commander.
Tombé dans la marmite du foot "à l'âge de 7 ans", il devient très jeune, à la trentaine seulement, le président d'un petit club, En-Avant Guingamp (1972-1991 et 2002-2011), qu'il propulse du monde amateur à la coupe d'Europe. Il prend aussi la tête de la Ligue professionnelle dans les années 1990, où il crée la DNCG, le gendarme financier du foot pro.
Cet homme à la silhouette de notaire de province, crâne dégarni et sourire carnassier, a aussi longtemps été maire de Guingamp (1995-2008) et cultive des sympathies dans les allées du pouvoir. Élu sous l'étiquette du Parti socialiste, soutien de François Hollande à l'élection présidentielle en 2012, il aime parler foot avec Nicolas Sarkozy et compte en Jean-Yves Le Drian un "ami breton".
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Noël Le Graët à Clairefontaine ce mercredi

Crédit: AFP

Promesse oubliée

Et comme les politiques, il lui arrive de revenir sur ses promesses: en novembre, il s'est porté candidat à sa succession alors qu'il avait déclaré en mai 2014 qu'il était en train d'honorer son "dernier mandat"... Il avait promis de passer le témoin à Jacques Rousselot qui, s'estimant trahi, l'a affronté dans les urnes. Dans son mode de fonctionnement, "NLG" serait plutôt droit dans ses crampons. D'ailleurs, personne n'attaque son bilan à la tête de la Fédération depuis 2011, pas même Rousselot, mais bien sa pratique du pouvoir, jugée "autoritaire" par ses détracteurs.
"Quand on confond l'autoritarisme avec le charisme, on se trompe d'analyse", rétorque le puissant patron de Lyon Jean-Michel Aulas, nouvel allié de "NLG", qui sera dorénavant chargé du centre technique de Clairefontaine et de la réorganisation d'ici juin de la Direction technique nationale (DTN). "Le Graët a pris tous les pouvoirs. Le foot, c'est lui. Désormais, le pouvoir est globalement confisqué aux élus", l'a taclé son prédécesseur Fernand Duchaussoy (2010-2011) récemment dans France Football.
Or, "NLG" cultive aussi ses inimitiés à coups de formules assassines. "Il a été battu ce gentil monsieur, a-t-il confié à l'AFP. J'ai beaucoup d'estime pour lui mais il sort d'où là ? De la naphtaline un petit peu, non ? Il y a des gens rancuniers, qui ont un peu de mal à digérer. J'ai de l'Alka Seltzer en réserve en cas de besoin." Sa meilleure tête de Turc fut Frédéric Thiriez, président de la LFP (2002-2016). Les relations furent fraîches, jusqu'à la rupture fin 2015 lorsque le patron de la FFF asséna que celui de la Ligue n'y connaissait "rien en football".
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Noel Le Graet, président de la FFF et Frederic Thiriez, président de la LFP

Crédit: AFP

Ticket NLG-DD

C'était sur fond d'affaire de sex-tape: Le Graët a toujours refusé d'enfoncer Karim Benzema. Le Breton s'inscrit dans la "défense du minoritaire", du fait notamment d'une enfance dans la précarité. "A six ans, il y a des maisons où on ne me laissait pas entrer. On jouait dans la rue et, à l'heure du goûter, on ne me recevait pas. Question de classe sociale. Cela m'a bouffé", avait dit le natif de Bourbriac (Côtes-d'Armor) à Ouest-France en 2001. Mais il aime aussi les grands joueurs, dont dépendent les Bleus, et donc la FFF. Et c'est à contre-coeur qu'il avait finalement décrété Benzema "non sélectionnable" pour l'Euro 2016.
S'il a mis Aulas de son côté, il a depuis 2012 construit une relation au beau fixe avec Didier Deschamps. NLG-DD, c'est un binôme habile et à poigne: l'un tient la Fédération, l'autre les Bleus, et rien ne dépasse. "C'est lui qui m'a choisi, on travaille en totale confiance ensemble depuis quatre ans, on échange beaucoup, et puis je suis convaincu que le bilan de ses quatre années est très, très positif à tous les niveaux", a réagi le sélectionneur auprès de l'AFP.
Et si son bilan est respecté, c'est aussi grâce à son sens des affaires: celui qui a réussi dans l'agroalimentaire est le principal artisan des juteux contrats avec l'équipementier Nike (42 millions d'euros annuels pour la FFF sur 2010-2018, puis 50,5 M d'euros annuels sur 2018-2026).
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Didier Deschamps discute avec Noël Le Graët

Crédit: AFP

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