Equipe de France - Lloris, Hernandez, Giroud : La gueule de bois des vice-champions du monde

En 2018, après avoir décroché la lune, ils avaient déjà eu du mal à revenir sur terre. Quelques champions du monde français avaient dû attendre plusieurs mois pour retrouver leur niveau et certains le cherchent encore. En octobre, Raphaël Varane traversait une semaine cauchemardesque avec le Real au cours de laquelle sa responsabilité était engagée sur trois buts dont deux penalties concédés. Benjamin Pavard, en grande détresse avec Stuttgart, bon dernier de Bundesliga, était loin de son état de grâce estival alors qu'Olivier Giroud courait après les buts. Pour ne citer qu'eux.

Quatre ans plus tard, ils ont perdu en finale et l'après est tout aussi délicat à appréhender. Parmi les titulaires, le retour à l'ordinaire ne se fait pas sans difficulté. Le cas le plus symptomatique reste celui du capitaine Hugo Lloris. Mais le recordman de sélections en équipe de France (145) s'est ajouté une difficulté : gérer émotionnellement l'annonce de sa retraite internationale. Depuis son retour sur les terrains, l'ancien gardien des Bleus a fait preuve d'une fébrilité qu'on ne lui connaissait pas.

Face à Aston Villa, son ballon relâché a offert l'ouverture du score aux Villans. Dimanche, face à Arsenal, son but contre son camp a mis les Gunners sur la voie d'un succès trop facile dans le derby du North London (0-2). "Sa date de péremption est dépassée", jugeait Graeme Souness en début d'année. Chahuté de toutes parts en Angleterre depuis son retour sur les terrains, Lloris traverse un moment très délicat. En Italie, les Bleus ont, eux aussi, du mal à digérer la belle aventure qatarie.

Théo Hernandez souffre physiquement et quand la machine répond moins bien, le Milanais est méconnaissable. Ce week-end, il a fait les frais d'un réajustement tactique en laissant sa place dès la pause alors que son match avait démarré par un but contre son camp maladroit. Son coéquipier en Lombardie, Olivier Giroud, n'est pas beaucoup plus en réussite. De retour dès le 4 janvier dernier dans le onze milanais, il a enchaîné quatre titularisations pour une seule passe décisive.

L'un des héros de Doha souffre physiquement, se rend coupable d'erreurs inhabituelles et rate des déviations tout à fait dans ses cordes. Depuis sa reprise, Giroud est loin de son meilleur niveau et a d'ailleurs écopé d'un carton jaune contre la Salernitana pour un geste de frustration. Le Mondial est resté sur l'estomac des Milanais mais les Français ne sont évidemment pas les seuls à avoir du mal à le digérer.

Neymar et Lionel Messi à Rennes dimanche ont rappelé à quel point il est aussi compliqué de se remettre de la plus grande désillusion ou du plus grand triomphe de sa carrière. L'absence de coupure nette après le plus grand rendez-vous de l'année rend l'affaire plus périlleuse encore pour ceux qui ont laissé des plumes au Qatar. Trois jours après la finale, Kylian Mbappé se rendait déjà au Camp des Loges. Et s'il a marqué pour son retour en L1, les défaites à Lens et Rennes, au cours desquelles il n'a jamais pesé, autant que son voyage à New York ont rappelé que lui aussi avait besoin de souffler.

Mais le Parisien s'en sort mieux qu'un Aurélien Tchouaméni dont le corps a dit stop. Après trois matches, une blessure musculaire l'a contraint à s'arrêter pendant un mois au moins. Adrien Rabiot, lui, est un peu moins impactant qu'avant de décoller pour le Qatar mais il a su se montrer décisif face à Cremonese. Raphaël Varane, impeccable à Manchester United, Jules Koundé, royal au Barça, et Antoine Griezmann, plutôt en jambes lui aussi, s'en sortent bien et ne semblent pas souffrir de l'enchaînement dantesque qui leur est proposé.

Assez logiquement, les seconds rôles encaissent mieux la cadence. A l'image d'un Jordan Veretout excellent en ce début d'année à Marseille ou d'un William Saliba aussi décisif après qu'avant la coupure. Quid de Marcus Thuram ou Randal Kolo Muani, inattendus protagonistes de la finale ? La Bundesliga a, comme souvent, mieux fait les choses et ne reprendra le championnat que le week-end prochain. Les Mondialistes n'auront alors plus d'excuse.