Compagnons d'infortune

Pourra-t-il s'en relever ? Le temps où Mickaël Landreau était le grand espoir du football français au poste de gardien de but semble bien loin. Depuis des saisons, tous les observateurs estimaient pourtant que l'ancien prodige nantais, qui avait débuté en première division à 17 ans, allait devenir le numéro un dans le but tricolore. Il était le successeur naturel de Grégory Coupet. Ça semblait écrit. C'était même une évidence. En 2007/2008, la roue a brutalement tourné. Et Raymond Domenech s'est chargé de conclure de la pire des manières la saison catastrophique du Parisien.

Car Landreau a vécu une véritable saison en enfer. Pour son 12e exercice professionnel, il a été de Charybde en Sylla. Dans le but parisien, il a enchainé les boulettes dont certaines spectaculaires, comme cette sortie de sa surface contre Toulouse, laissant ainsi la passe en retrait de Camara filer... dans les pieds d'Elmander. En sélection, il n'a pas été plus brillant. Titularisé à la place de Grégory Coupet blessé, il s'est même illustré en commettant de beaux impairs. Et notamment contre l'Ecosse où le natif de Machecoul jugeait mal la trajectoire flottante de la frappe de McFadden qui offrait la victoire à l'Ecosse au Parc des Princes en septembre dernier. Un premier but encaissé sous le maillot bleu qui aurait pu coûter très cher aux Français. Peu de temps après, il donnait encore le bâton pour se faire battre en relâchant un ballon d'Hadji dans les pieds de Sektioui, face au Maroc en novembre.

Un constat s'imposait alors : le Landreau 2007/2008 était aux antipodes de celui de Nantes ou celui de la saison dernière, sauvant les meubles et évitant en grande partie la relégation au PSG. Domenech a longtemps soutenu mordicus son ancien capitaine des Espoirs. Le sélectionneur martelait à tout bout de champ qu'il avait une hiérarchie a priori immuable pour les portiers (Coupet N.1, Landreau N.2, Frey N.3). Mais voilà, Landreau n'était plus le même. Le patron des Bleus a donc été obligé d'en tirer les conséquences. Et "Mika" a dégringolé de la deuxième à la quatrième place. Une chute terrible. Il faudra désormais se relever. A Paris d'abord avant de rêver peut-être à nouveau des Bleus. Mais Mandanda lui a chipé sa place. Et Lloris piaffe d'impatience d'en faire de même...

Encore une fois, l'aventure s'est terminée avant même d'avoir débuté. Pour la troisième fois de suite et pour autant de raisons différentes, Djibril Cissé va manquer - sauf pépin physique de l'un des quatre attaquants retenus - une compétition internationale estivale. En 2003, redescendu en Espoirs pour donner un coup de main à la bande à Domenech, l'attaquant avait craqué lors d'un France - Portugal Espoirs de triste mémoire et, lourdement suspendu (quatre matches), n'avait pas été emmené à l'Euro 2004 par Jacques Santini.

Deux ans plus tard, c'est une terrible double fracture tibia-péroné contractée lors d'un France - Chine de préparation à la Coupe du monde 2006 qui avait coûté sa place au double meilleur buteur de Ligue 1 (2002, 2004). 2008 aurait dû être la bonne année. Six ans après avoir disputé la Coupe du monde 2002, le Marseillais avait de fortes chances de passer le mois de juin en Suisse et en Autriche. Apprécié par Raymond Domenech et correspondant plus au jeu développé par les Bleus que David Trezeguet, "Djib" pensait que le plus dur était fait alors que le Turinois n'était pas dans la pré-liste des trente.

Malgré des performances en dent de scie avec l'Olympique de Marseille, Djibril Cissé avait tout de même terminé troisième meilleur buteur du Championnat de France avec seize buts au compteur. Le même total que Bafétimbi Gomis. Mais voilà, le Stéphanois est passé par là mardi soir. Un doublé pour une première. Et Raymond Domenech ne convaincra personne lorsqu'il affirme que la performance de "Bafé" n'a rien changé à son idée de départ.

A l'heure qu'il est, Djibril Cissé se fiche certainement de savoir le pourquoi du comment. Raymond Domenech a néanmoins tenté de trouver les mots pour consoler l'attaquant. "Il y a toujours des degrés dans la manière d'appréhender en fonction des relations que l'on a avec les uns et les autres. J'ai essayé de rester professionnel. Mais je dois avouer que pour certains, je n'ai pas pu." Derrière ce "certains" se cache sans doute l'infortuné Djibril Cissé.