Dimitri Payet après France-Roumanie : "Si on m’avait dit ça il y a un an…"

Il n’avait pas encore franchi le rond central. La clameur s’était à peine élevée des travées du Stade de France. Pourtant, Dimitri Payet était déjà en larmes. Vendredi soir, l’international français a vécu un moment de grâce qu’il n’oubliera jamais. Parce qu’aussi immense que rare. Il en avait toujours rêvé, même quand les Bleus n’étaient qu’un lointain songe après avoir ressemblé à un cauchemar. Face à la Roumanie (2-1), il a été récompensé de son talent et son abnégation.

Le nul vers lequel les Bleus se dirigeaient le plus logiquement du monde, Dimitri Payet avait décidé de ne pas s’en contenter. Parce qu’il aime piquer quand la résignation commence à gagner les autres (il a désormais inscrit 3 de ses 4 buts en bleu à partir de la 89e minute). Parce qu’il possède un talent fou qui est tout sauf desservi par la confiance accumulée depuis son arrivée en Angleterre et son retour en équipe de France.

Logiquement élu homme du match, pour son but venu d’ailleurs et pour avoir sonné la révolte en seconde période, Payet a vécu une soirée à part. Ses larmes en sont la conséquence évidente. "J’ai ressenti beaucoup de stress et de pression... Si on m’avait dit ça il y a un an, je n’y aurais pas cru, a-t-il confié, sincère, en conférence de presse. Sur ce but, c’est tout ça qui est ressorti."

Sauveur des Bleus en début de match, Hugo Lloris a volontiers cédé son costume de Superman à son voisin londonien en fin de partie. Et même lui, chantre de l’éloge du collectif à outrance, n’a pu faire autrement que que saluer une telle performance individuelle. "Même si la victoire est collective, on a toujours besoin de ces joueurs qui évoluent au plus haut niveau, a expliqué le capitaine des Bleus. Que ce soit en sélection ou avec West Ham, on connaît son talent."

Un temps réticent, finalement convaincu, Didier Deschamps n’a pas été le dernier à tresser des louanges à son numéro 8, impressionnant en seconde période, actif et impliqué durant la majeure partie des débats. Il y a évidemment eu ce but libérateur. Mais ce n’est finalement pas ce que DD a retenu en premier lieu. "C’est simple le football quand on frappe dans la lucarne. Mais il n’y a pas que ça. Techniquement, il est capable de faire des choses extraordinaires du pied gauche comme du pied droit. Je vais le mettre dans la glace jusqu’au prochain match", a plaisanté le sélectionneur national qui a aussi été ébloui par son volume de jeu.

Une statistique résume à merveille la partie de Payet face à la Roumanie. Huit de ses passes ont débouché sur un tir français. C’est tout bonnement exceptionnel et du jamais vu en équipe de France depuis Samir Nasri et un France - Angleterre, premier match des Bleus lors de l’Euro 2012 (1-1). "Ce qu’il a vécu, c’est fort émotionnellement, a reconnu Deschamps. Il vient de loin. Il a tout fait pour être là". Désormais, la confiance de Deschamps envers Payet est sans borne. Si on lui avait dit ça il y a un an...