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L’Euro à 24, c’est nouveau mais est-ce que c’est mieux ?

Maxime Dupuis

Mis à jour 10/06/2016 à 14:37 GMT+2

EURO 2016 - Le Championnat d’Europe des Nations qui débute vendredi en France est le plus élargi de l’histoire. Vingt-quatre équipes sont sur la ligne de départ d’une compétition continentale qui possède désormais une taille mondiale. Une bonne chose ? Difficile à dire. Mais ça change la donne.

Gareth Bale fête la qualification des Gallois

Crédit: AFP

A l’heure où le Royaume-Uni a des envies d’ailleurs et de Brexit, ses membres n’ont jamais autant été à la fête ballon au pied. Mis à part le mauvais élève écossais qui persiste depuis 1998 à louper toute phase finale qui s’offre à lui, le reste de la classe a pris l’avion ou l’Eurostar pour la France et dit oui à l’Euro. L’Angleterre, le pays de Galles et l’Irlande du Nord ont pris leurs quartiers dans l’Hexagone. Indépendante, l’Irlande du Sud - l’Eire - a aussi validé son billet pour la phase finale.
Si les Anglais sont plus que régulièrement de la fête et que les Irlandais s’y invitent souvent également, les Gallois et les Nord-Irlandais vont vivre une grande première à partir du 10 juin. Cet Euro, ils l’ont décroché à la force du poignet. Et grâce au coup de pouce du futur ex-président Platini qui, élu en 2007 grâce aux "petits pays", leur avait rendu la monnaie de leur pièce en faisant du championnat d’Europe une compétition ouverte au plus grand nombre.
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Slovakia's Vladimir Weiss (L) and Northern Ireland's Kyle Lafferty (R) vie for a ball during the a UEFA EURO 2016 friendly football match between Slovakia and Northern Ireland in Trnava, on June 4, 2016

Crédit: AFP

On n’ira pas dire que tout le monde est désormais convié à l’Euro - ça ne plairait pas aux Néerlandais - mais les conditions d’accession à la phase finale ne sont plus aussi drastiques que par le passé, quand quatre ou huit pays la disputaient, avec un ticket réservé pour le pays hôte.
Aujourd’hui, ce sont 23 nations sur 53 engagées en éliminatoires qui ont rendez-vous en France. Est-ce un progrès ? Difficile à dire. Mais ça change pas mal de choses.

Une compétition moins dense…

La formule précédente du Championnat d’Europe faisait l’unanimité auprès des observateurs. Seize équipes, quatre poules et trois tours à élimination directe (quarts, demies et finale) assuraient à l’Euro une qualité rare et offraient aux spectateurs une compétition relevée de A à Z. Sur le papier, il paraissait plus compliqué de décrocher un sacre continental que de remporter la Coupe du monde. Aujourd’hui, les huit équipes supplémentaires diluent forcément la densité de la compétition. Ce qui ne signifie pas qu’elle sera moins spectaculaire ni moins passionnante.

…mais des stars dans tous les sens

C’est le point positif de cet élargissement : des joueurs qui n’auraient peut-être jamais disputé de grande compétition internationale le feront dès cet été. On pense évidemment au Gallois Gareth Bale qui, à la différence de Ryan Giggs, est né au moment opportun. Il va être l’une des têtes d’affiche de l’Euro alors qu’il serait peut-être resté à quai toute sa vie si le format n’avait pas été modifié. Le joueur du Real Madrid va s’ajouter aux Cristiano Ronaldo, Paul Pogba, Robert Lewandowski et compagnie, eux aussi stars annoncées d’un Euro où les grands joueurs vont s’empiler comme jamais. Pour le grand public et les observateurs, c’est un plus indéniable. Et une sacrée promesse.

Une douce montée en puissance pour les gros

Entre 1986 et 1994, trois éditions de la Coupe du monde ont été organisées sur le nouveau modèle de l’Euro. Avec six groupes de quatre et 16 qualifiés après le premier tour. Pour faire simple : les deux premiers de chaque poule et les quatre meilleurs troisièmes (désignés en fonction de leurs points, différence de buts, etc.) se qualifieront pour les huitièmes de finale. L’écrémage sera relatif puisque seules huit nations rentreront à la maison après le premier tour. C’est après que les choses sérieuses débuteront. Sauf cataclysme, et comme en éliminatoires, les grosses nations paraissent à l’abri d’un énorme coup de grisou. Au premier tour, ils possèdent jusqu'à deux jokers quand ils n’en avaient qu'un il y a encore quatre ans.
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Thomas Muller (Allemagne)

Crédit: Panoramic

51 matches et du suspense en rab

Pas sûr que ce nouveau format enchante beaucoup les Anglais. Si elle veut aller au bout, l'Angleterre devra disputer un tour à élimination directe supplémentaire et, par conséquent, risquer une séance de tirs au but de plus sur son parcours. Les Anglais, incapables de gagner une seule séance depuis 1996, s’en seraient sûrement bien passés. C’est évidemment de l’humour mais c'est un fait : la route s’est allongée avec l’instauration des huitièmes de finale. Pour le suspense, c’est une bonne chose... si les "petits nouveaux" sont au niveau de l’événement. A défaut, certains des 51 matches pourraient être longs. Très longs.

Economiquement, un Euro plus bankable ?

Si Michel Platini a décidé de passer l’Euro de 16 à 24, c’est parce qu’il était sportivement convaincu du concept : "Je pense qu'on a 24 bonnes équipes en Europe. On peut même encore trouver quelques équipes pour aller à 32", lançait-il à la veille de la finale de l’Euro 2012, lors d’une conférence de presse organisée à Kiev. Aussi, économiquement parlant, une compétition à 51 rencontres est plus bankable qu’un Euro à 31 rencontres [en France, l'Euro a coûté 110 millions aux diffuseurs, un record, NDLR]. C’est mathématique : on vend des droits TV à plus de qualifiés, avec plus de matches et, donc, potentiellement plus cher. Le gâteau est plus gros et, même si plus de nations se le partagent, ce n’est pas un problème : les parts restent généreuses. Et l'on ne parle pas du reste du business.
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FOOTBALL Euro 2016 - Trophy, trophée

Crédit: AFP

Du côté des organisateurs pourrait cependant se poser un problème que la France, destination touristique majeure, n'a pas eu et que d'autres grands pays d’Europe ne connaitront pas non plus : celui des infrastructures et de l’accueil. Héberger 24 sélections, loger les supporters qui vont avec et organiser 51 matches n'est pas à la portée de toutes les nations du Vieux Continent. Les "petits" semblent plus que jamais condamnés à des co-organisations. C’est aussi pour cela que Platini a annoncé en 2012 que l’Euro 2020 serait disputé dans toute l’Europe. Une manière de réussir la transition de 16 à 24 en période de crise économique et de ne pas frustrer les "petits pays". "Un stade par pays, par ville, dans toute l'Europe, c'est beaucoup plus simple et moins cher parce que construire dix stades, des aéroports, c’est un peu compliqué", expliquait Platini il y a quatre ans. Son constat reste d'actualité. Plus que jamais.
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