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Après France - Portugal - Stop au bricolage : Deschamps doit arrêter de jouer à l'apprenti sorcier

Martin Mosnier

Mis à jour 25/06/2021 à 11:20 GMT+2

EURO 2020 – Blindée de certitudes après sa victoire à Munich, l'équipe de France a vu son statut se dégrader après deux matches ratés à Budapest. Les Bleus donnent l'impression d'être toujours en construction. Entre expériences malheureuses et bricolage de fortune, ils se cherchent. Une position trop inconfortable qui doit pousser Didier Deschamps à revenir à des options moins hasardeuses.

Didier Deschamps lors de France-Portugal

Crédit: Getty Images

47e minute de jeu de Portugal - France, il fallait se pincer pour y croire. Corentin Tolisso milieu droit, Jules Koundé et Adrien Rabiot latéraux : quasiment un tiers des joueurs de champ de l'équipe de France ne jouaient pas à leur poste. Si l'entrée du Turinois fut plutôt convaincante et répondait surtout à la poisse qui s'est acharnée sur les deux arrières gauches sortis sur blessure en trois minutes (Digne et Hernandez), Didier Deschamps avait choisi d'habiller son aile droite avec deux habituels axiaux. Ce fut un échec.
Anesthésié, le couloir droit s'est transformé en poids mort. Ce n'est pas la première fois que le sélectionneur tente de tels coups. Blaise Matuidi a vécu la Coupe du monde dans un poste d'ailier gauche contre-nature mais il a stabilisé l'équipe. N'est pas Matuidi qui veut, et ça ne fonctionne pas à chaque fois. Il ne faut pas croire qu'au nom de la sacro-sainte liberté de ses attaquants, les autres peuvent jouer n'importe où sans que cela ait une incidence sur la prestation collective. Pour le dire autrement, à force de vouloir mettre ses attaquants dans les meilleures dispositions possibles, Deschamps bricole, expérimente et ne rend service à personne.
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Pourquoi Deschamps s’est complètement trompé

La liberté des uns…

Ni aux pauvres Tolisso et Koundé (une seule titularisation à droite cette saison à Séville), jetés dans l'arène avec leur inexpérience. Ni même à ses attaquants. Griezmann, par exemple, replacé dans l'axe, a vu son pouvoir de nuisance anéanti par le manque de courses et de propositions sur son côté droit. Il devait se libérer mais l'incapacité des Bleus à prendre l'espace à droite l'a emprisonné dans un schéma dont il ne s'est jamais débarrassé. La liberté des uns (essentiellement le trio Griezmann, Mbappé, Benzema) doit s'arrêter là où elle met en péril les qualités des autres et, surtout, l'équilibre de l'équipe.
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"Je ne vois pas comment ces Bleus peuvent être champions d’Europe"

Finalement, cette équipe de France donne l'impression d'un immense laboratoire où le sélectionneur teste dans les conditions du direct, alors qu'il aurait dû arriver dans cette compétition avec les certitudes nées d'un titre de champion du monde. Qualifiés mais toujours en construction, les Bleus désarçonnent. L'arrivée de Karim Benzema à quelques jours seulement du coup d'envoi de l'Euro a tout chamboulé. Deschamps, en le rappelant si tardivement, a pris un risque immense : celui de démarrer la compétition à l'aveugle en attaque. Les Bleus savaient où ils allaient et leur sélectionneur a pris le pari de repenser toute son animation. Et il ne faut pas vraiment s'étonner de voir l'absence de liant et de complicité au sein d'un trio qui ne se connait que depuis quelques semaines.
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Et si Deschamps revenait à la magie du banal ?

Désormais dans un tableau final qui ne supportera plus la moindre approximation sous peine de prendre la porte, Didier Deschamps est à un tournant. Peut-il continuer à jouer les apprentis sorciers ? Ou doit-il rationnellement revenir à des schémas plus naturels pour chacun de ses joueurs ? Dans ce cas, il doit sacrifier un de ses joueurs offensifs : Antoine Griezmann, dans un 4-3-3 dont il occuperait le côté droit, ou Kylian Mbappé dans le 4-2-3-1, qui pourrait prendre l'aile droite et laisser le côté gauche à Adrien Rabiot, performant dans ce schéma.
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La Pogba-dépendance et le néant offensif des Bleus

S'il veut laisser ses deux attaquants à leur poste préférentiel, alors DD devra prendre un risque, celui du déséquilibre, et lancer un vrai ailier, Kingsley Coman. L'entrée du Munichois a complètement chamboulé le rapport de force face aux Portugais, et mis sur orbite Griezmann. Bien sûr, démarrer avec une équipe à quatre attaquants un 8e de finale de l'Euro reste périlleux. Mais sans doute un peu moins que de s'obstiner dans un bricolage bancal.
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