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Bleus - L’évidence Payet

Martin Mosnier

Mis à jour 06/02/2020 à 11:53 GMT+1

EURO 2020 – Alors que l’équipe de France se cherche des certitudes aux quatre coins du terrain, et en particulier en attaque, Dimitri Payet apporte plus qu’une alternative crédible à Didier Deschamps à quatre mois de l’ouverture de l’Euro. Quand il est dans cette forme-là, Payet se rend absolument indispensable. A Marseille comme en sélection.

Dimitri Payet et Didier Deschamps lors de l'Euro 2016

Crédit: Getty Images

Des chevilles en vrac, une cuisse dans le formol, un genou qui grince, une saison qui ne décolle pas à Madrid, un buteur sans munition à Londres : à quatre mois du début de l’Euro, Didier Deschamps doit commencer à trouver le temps long. Aux quatre coins de son équipe type jusqu’au fin fond de son habituel banc de touche, l’épidémie se répand cet hiver et ronge peu à peu la solidité de son groupe. Lucas Hernandez, Paul Pogba, Moussa Sissoko, Léo Dubois, Olivier Giroud, Thomas Lemar, Ousmane Dembélé, Florian Thauvin : sur le flanc ou sur le banc, au fond peu importe, le résultat est le même. L’inquiétude n’est pas la même pour tous mais le doute s’étend.
Au milieu de ce tableau assez peu réjouissant, il faut bien en convenir, les bonnes nouvelles sont rares donc précieuses. Le retour en très grande forme de Dimitri Payet en est une. A ce stade de la saison, on ne peut plus parler de bonne période du Réunionnais. Voilà trop longtemps que cela dure. Payet est revenu à son meilleur niveau et sa nouvelle masterclass à Geoffroy-Guichard en est l’ultime preuve éclatante. Quand il atteint ces sommets, et ce n’est pas la première fois dans son cas, peu de joueurs peuvent s’enorgueillir d’avoir autant d’influence sur le jeu et le résultat de leur équipe. Oui, Marseille est Payet-dépendant. Mais comme West Ham l’a été. Et même comme l’équipe de France le fut aux balbutiements d’un Euro 2016 qui aurait pu très mal démarrer sans le feu sacré d’un Payet devenu injouable.

Peut-il jouer les seconds rôles ?

Quatre ans plus tard, le revoilà aux mêmes hauteurs. Et il serait aujourd’hui bien étonnant de ne pas le revoir à Clairefontaine au mois de mars. Didier Deschamps s’était montré curieusement définitif en novembre lorsqu’il a fallu réagir sur les belles performances, déjà, du Marseillais : "Il a fait partie de l’équipe de France. Ça fait trois ans. Il s’est passé des choses depuis. D’autres joueurs sont arrivés depuis avec les résultats qu’on connaît. Ils ont répondu à nos attentes. Dimitri est toujours sélectionnable mais je ne vais pas vous faire un dessin. Il n’est pas dans la logique actuelle." Dans la bouche du sélectionneur, cela ressemble à une condamnation. Surprenant alors que Deschamps se ménage systématiquement une porte de sortie lorsqu’il évoque les absents.
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Lucas Digne, André-Pierre Gignac et Dimitri Payet n'ont pas tous brillé avec les Bleus en Arménie.

Crédit: AFP

Comment expliquer l’attitude du sélectionneur ? En novembre, et aujourd’hui encore, Payet semble toujours loin du onze type tel qu’il a été construit à Moscou et consolidé depuis. Que ce soit en soutien de l’attaquant, où Antoine Griezmann est évidemment intouchable, ou sur l’aile gauche, où Matuidi équilibre l’ensemble, Payet ne peut prétendre qu’à une place sur le banc. Or il existe toujours des doutes quant à sa capacité à se fondre dans un groupe dont il ne serait pas l’une des principales têtes d’affiche. Il donne sa pleine mesure quand son équipe dépend de lui, quand ce n’est pas le cas, il peut totalement disparaître. Tel est le sens de son absence au Mondial brésilien en 2014. En Russie, Florian Thauvin, Ousmane Dembélé, Thomas Lemar et Nabil Fekir ont parfaitement tenu ce rôle et contribué, à leur manière c’est-à-dire sans faire de vague et en alimentant la dynamique de groupe, au succès.

Quand la logique de Deschamps touche ses limites

La question qui se pose aujourd’hui : jusqu’où cette logique est-elle tenable pour Deschamps ? Dembélé est d’ores et déjà à deux doigts de passer son tour pour cet été, personne ne sait quand Thauvin, qui a joué dix minutes cette saison en L1, retrouvera les terrains, Thomas Lemar est en perdition à l’Atlético Madrid où Diego Simeone ne lui fait plus confiance et Nabil Fekir a eu un apport limité lors de ses entrées en jeu en Bleu alors que son équipe, le Betis Séville, navigue dans l’anonymat du milieu de classement de la Liga. Peu de têtes ont émergé depuis la Russie : si Kingsley Coman a prouvé qu’au top de sa forme, sa place ne faisait pas de discussion dans le groupe, sa santé reste un point d’interrogation majeur. Quant à Jonathan Ikoné, autre joueur capable de jouer en soutien et sur une aile, sa saison lilloise souffre de la comparaison avec celle de Payet.
Si bien que les interrogations légitimes du staff sur la capacité de Payet à se fondre dans le groupe dans un rôle restreint semblent se heurter aussi bien à la forme étincelante du Marseillais qu’à l’absence d’alternative. En l’état, l’évidence Payet crève les yeux.
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