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Euro 2020 - Danemark : Kasper Hjulmand, tacticien au service des "Brésiliens du Nord"

Arthur Merle

Mis à jour 03/07/2021 à 17:41 GMT+2

EURO 2020 – En première ligne après le malaise cardiaque de Christian Eriksen en tout début de compétition, Kasper Hjulmand a fait preuve d’une grande dignité dans la difficulté. Mais le temps avançant, le jeu a repris la main sur l’émotion. Et avant le quart de finale entre le Danemark et la République tchèque, le sélectionneur danois fait parler de lui pour ses qualités de coach.

Dänemarks Nationaltrainer Kasper Hjulmand reagierte betroffen auf den Zusammenbruch von Christian Eriksen

Crédit: Imago

Les images paraissent si loin. Et si proches. Celles de Christian Eriksen s’effondrant peu avant la pause lors de Danemark – Finlande. Celles de ses coéquipiers l’entourant, certains en larmes. Celles de Kasper Hjulmand aussi. De facto en première ligne, le sélectionneur danois avait géré son groupe avec calme, et fait face à la presse avec pudeur, jusqu’à se prononcer avec plus d’amertume concernant la reprise de cette rencontre quelques heures après son interruption.
"Il y a un grand respect pour la manière dont il a géré la situation, nous confie Kenneth Jensen, journaliste pour le journal danois Tipsbladet. Il a dit qu’ils n’auraient pas dû finir le match, il a été très clair à ce propos. Il a touché les cœurs, il a été très courageux, il a été un leader fantastique". Un peu plus de deux semaines plus tard, Christian Eriksen est toujours en vie, le Danemark aussi. L’émotion a laissé place, progressivement, au jeu. Et voilà les coéquipiers de Kasper Dolberg en quarts de finale de l’Euro, qu’ils disputeront face à la République tchèque samedi (18h).
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C’est un super tacticien
Et encore une fois, Hjulmand prend la lumière. Les matches spectaculaires face à la Belgique (1-2), la Russie (4-1) puis le Pays de Galles (4-0) portent clairement son empreinte. Celle d’un coach résolument tourné vers le spectacle. "Les gens parlent de son leadership aujourd’hui. Mais il est aussi un super tacticien, rappelle Kenneth Jensen. Il peut s’adapter d’un match à l’autre, il comprend l’aspect tactique des matches. Il a des chiffres, des idées dans sa tête". Frédéric Hjorth, journaliste franco-danois pour le quotidien B.T invité dans Tour d'Euro, acquiesce : "C’est un entraîneur qui aime jouer de façon offensive et dynamique. Cette équipe qui manquait un peu de charme, qui n’était pas super sexy, est maintenant vraiment adorée".
Huit buts inscrits sur les deux derniers matches - dont quelques bijoux -, la révélation Mikkel Damsgaard, le réveil de Kasper Dolberg... Le Danemark a marqué les esprits à plus d’un titre, au point de devenir l’un des principaux animateurs de cette compétition. Grâce à son cœur, incontestablement. Mais aussi à la science tactique du technicien de 49 ans. L’utilisation hybride d’Andreas Christensen, le défenseur central de Chelsea, est l’un de ses choix remarqués dans ce tournoi.
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Andreas Christensen

Crédit: Getty Images

"Quand il a le ballon, c'est un coach qui veut jouer de derrière, explique Kenneth Jensen. J’ai vu les Allemands ne pas réussir à le faire face à l’Angleterre, car ils défendaient à trois défenseurs centraux contre trois attaquants. Là où Hjulmand ferait monter Andreas Christensen d’un cran et descendre les deux pistons pour relancer à quatre contre trois. C’est pour ça que vous voyez Christensen venir au milieu régulièrement dans les matches. Pour éviter d’allonger".

Un "fil rouge" à respecter

Il y a ce que l’on voit aujourd’hui. L’adaptabilité des joueurs, le jeu entre les lignes, le danger qui vient de partout dans cette équipe danoise. Mais il y a aussi tout ce qui s’est construit dans le passé. A l’échelle de la sélection, d’abord. "La Fédération a une stratégie depuis très longtemps, qui s’appelle ‘le fil rouge’, détaille Frédéric Hjorth. Le concept est que toutes les équipes de jeunes doivent jouer de la même façon, jouer un football attractif, plutôt en 4-3-3, avec beaucoup de possession. Morten Olsen (sélectionneur de 2000 à 2015) a instauré ça au Danemark. Après, il y a eu une petite coupure avec le prédécesseur de Hjulmand".
Un prédécesseur nommé Åge Hareide, dont le contrat devait se terminer après l’Euro… 2020, et qui a donc quitté ses fonctions en août dernier pour rejoindre Rosenborg. Le tout après avoir accompli une véritable mission de bâtisseur, dans un style bien différent. "Il a construit les murs, les fondations. Quand Hjulmand est arrivé, il n’a pas touché à la structure, il a décoré la maison, explique Kenneth Jensen. Il a conservé les bases : une équipe qui travaille dur, qui a une bonne mentalité, qui est difficile à battre. Et il a rendu tout ça beau. Avec lui, c’est plus fluide, c’est sympa à regarder. Ce n’est pas juste un football pragmatique. Il veut réussir à gagner plutôt que d’éviter de perdre".

A Nordsjælland, un coach qui voulait déjà "attaquer et gagner"

Un mélange idéologique qui se retrouve dans les chiffres : avant son quart de finale, le Danemark est deuxième ex-aequo au nombre de buts marqués (9), deuxième au nombre de frappes au but (77), et troisième au nombre de ballons récupérés (187). "C’est une équipe qui fait rêver les gens, reprend Frédéric Hjorth. Au Danemark, on s’appelle ‘les Brésiliens du Nord’. C’est caricatural, mais les Danois aiment bien être les beaux joueurs de Scandinavie".
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Hjulmand aime que ses joueurs le soient, sans aucun doute. A son échelle aussi, il faut aller chercher dans le passé pour mieux prendre la mesure de ce qui se passe aujourd’hui. D’abord entraîneur du petit club de Lyngby, le technicien a ensuite enchaîné comme adjoint de Morten Wieghorst sur le banc de Nordsjælland. Wieghorst qui est aujourd’hui – au passage – son adjoint en sélection. Puis, pour sa première saison comme entraîneur principal du club, Hjulmand a offert à ce dernier le seul titre de champion du Danemark de son histoire.
"Il était un peu critiqué car son équipe n’était pas assez pragmatique, rappelle Kenneth Jensen, alors que Nordsjælland n’avait pris qu’un point en phase de poules de Ligue des champions la saison suivant le titre. Mais il voulait attaquer et gagner. Il a montré qu’il était fort tactiquement et qu’il pouvait s’adapter. Il voulait apprendre aux joueurs". Tout est parti de là. Et l’expérience ratée de Hjulmand à Mayence, en 2014-2015, n’y a rien changé. Ses ambitions et préceptes sont toujours présents, peut-être appliqués mieux que jamais. Pour le plus grand bonheur de supporters danois, qui voient bien plus loin que les quarts de finale dans cet Euro.
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