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Euro 2021 - Avant Italie - Espagne : portraits croisés de Roberto Mancini et Luis Enrique, architectes du renouveau

Cyril Morin

Mis à jour 06/07/2021 à 08:33 GMT+2

EURO 2021 - Le duel en demi-finale entre l’Italie et l’Espagne verra s’opposer Roberto Mancini et Luis Enrique, deux coaches dont cet Euro peut changer complètement leur destinée. Passé par City et disparu des radars brièvement, l’Italien a rappelé qu’il était un tacticien qui comptait dans le panorama mondial. Pour l’Espagnol, c’est une seconde vie après son passage barcelonais.

Roberto Mancini et Luis Enrique, le duel des coaches en demi-finale de l'Euro

Crédit: Eurosport

C’est fou comme un mois de compétition peut façonner, ou refaçonner plutôt, l’image que l’on peut se faire de vous. Avant cet Euro, Roberto Mancini et Luis Enrique n’étaient pas parmi les sélectionneurs les plus cotés du moment. La faute à une équipe italienne qui semblait venir de loin, trop loin, pour espérer jouer mieux que les trouble-fête. La faute à une génération espagnole amoindrie et à une préparation pourrie par le Covid.
Un mois après, le regard autour d’eux a changé. Le "Rinascimento" italien et la "reconquista" espagnole portent clairement leur marque. Alors, avant la demi-finale alléchante entre l'Italie et l’Espagne (21h), zoom sur les destins croisés des deux coaches avec les rédactions italiennes et espagnoles d’Eurosport.

Mancini, force tranquille revenu à la mode

Son parcours : Celui d’un laissé pour compte qui a décidé de prouver à nouveau qu’il était un homme qui comptait dans le panorama mondial. "On peut diviser la carrière de Mancini en trois phases", résume Carlofilippo Vardelli, journaliste à Eurosport Italia. La première, évidente : une montée en puissance, de la Fiorentina à Manchester City, en passant par la Lazio et Manchester City. Arrivé aux commandes du bolide mancunien, l’Italien réussit à gagner des titres et installer durablement les Citizens dans le paysage anglais, à force de millions mais aussi de cylindrées bien pensées et solides. Jusqu’en 2013, Mancini est un entraîneur qui compte.
"La seconde phase est clairement la plus sombre, continue notre collègue transalpin. Galatasaray, son retour à l’Inter et son passage au Zenit ont laissé penser que son avenir au plus haut niveau était définitivement bouché. Alors, forcément, quand il est arrivé au chevet de l’équipe nationale, beaucoup avaient des doutes". Depuis, ils ont été chassés.
Parti d’un champ de ruines, "Mancio" impressionne. Sa Nazionale se redresse, se retape, ne perd plus (32 matches sans défaite d’affilée, record de Pozzo effacé). Sur cet Euro, le jeu développé par la Squadra Azzurra, fait d’un pressing sans faille, d’un milieu travailleur et qui se projette et de séquences léchées, a ravi les observateurs et définitivement fait chavirer le peuple italien. Preuve qu’on peut être résolument moderne après avoir été presque has-been.
Ce qu’on dit de lui au pays : "Il n’y a plus de mots, avait écrit la Gazzetta dello Sport samedi. Il a créé une équipe enthousiasmante qui sait gagner en souffrant". Un résumé assez juste de la Mancio-mania qui se répand en Italie. Sa communication millimétrée, son coaching souvent bien senti mais surtout ce redressement spectaculaire d’une équipe démunie de stars a suffi à se mettre tout le monde dans la poche. "Dès le premier jour de son mandat, quelque chose de très clair s’est dessiné : Mancini avait évolué, avance Carlofilippo Vardelli. De mai 2018 à maintenant, il vit une seconde jeunesse, nous prouvant qu’il a toujours la place pour progresser. Donc tout le monde a évolué le concernant, on ne peut que le complimenter pour cela".
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Un Euro inéquitable, des demi-finalistes (et surtout les Anglais) avantagés ?

Son ajustement tactique majeur : Ils ont été nombreux, entre ce pressing tout terrain, cette faculté à basculer entre une défense à trois et une défense à quatre, sa vision concernant Leonardo Spinazzola, révélation du tournoi, ou sa confiance maintenue en Ciro Immobile, aussi important dans les mouvements collectifs italiens que décevant à la finition de ceux-ci. Mais son choix de réinstaller Marco Verratti aux côtés de Jorginho alors que Locatelli avait pris feu en poules aurait pu être discuté. La prestation du double-pivot, en huitièmes puis en quart, a fait gagner beaucoup de maturité et de maîtrise à cette équipe italienne. L’ADN de cette Squadra si joueuse, c’est d’abord un double pivot délicieux et ô combien brillant tactiquement.
Son avenir : A la tête de la Squadra, naturellement. Quelle que soit l’issue de sa demie, l'Italie aura réussi son Euro. Mais si Mancini avait expliqué à maintes reprises "rêver d’une finale à Wembley", ce n’est pas pour rien. Prolongé jusqu’en 2026 avant l’Euro, "Mancio" devra continuer sur sa lancée. A une différence près : là où l'Italie a parfaitement profité de sa position discrète d’outsider, elle devra s’accommoder d’une pancarte de favori potentiel avant le Qatar au vu de son Euro XXL.
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Robert Mancini exulte lors du coup de sifflet final face à l'Autriche

Crédit: Getty Images

Luis Enrique, histoire compliquée et coach entêté

Son parcours : D’abord compliqué avec une expérience mitigée à la tête de la Roma puis un bilan correct avec le Celta Vigo sans être totalement génial. Puis vient le Barça. Si sa dernière année est restée dans les mémoires, Luis Enrique a beaucoup gagné avant ça (9 trophées sur 13 possibles), s'offrant même la C1 2015, porté par un trio qu’il a tenu à installer : la MSN.
La suite, c’est cette Roja qu’il quitte brutalement en mars 2019 pour s'installer au chevet de sa fille, gravement malade. Mais entre résultats décevants, listes sans grande continuité et creux de génération, personne n’y croit vraiment. D’autant que le bonhomme, rancunier vis-à-vis de la presse, n’arrondit pas spécialement les angles. Son choix d'écarter Sergio Ramos et de se passer de joueurs madrilènes a également divisé un peu plus la presse autour de son cas.
"Son comportement sec envers la presse, qui était déjà existant au Barça, lui a donné une image de donneur de leçons, avec des idées très claires, viril mais pas toujours correct, décrypte Daniel Ecija, journaliste pour Eurosport Espagne. Mais, à la lumière de ce qu'il a réussi à faire dans cet Euro, beaucoup sont en train de réviser leur jugement le concernant".
Ce qu’on dit de lui au pays : "Crack Luis Enrique", a notamment titré Sport, quotidien barcelonais, dimanche matin. Sans tête qui dépasse et sans star planétaire, l’Asturien endosse le costume de symbole de cette Roja au pays. "Personne ne comprenait vraiment ses choix au début et beaucoup de fans et de journalistes n’avaient pas confiance en l’avenir de cette équipe, continue notre collègue. Mais, on a finalement vu que lui savait comment faire fonctionner ce groupe si jeune, et donc eu davantage confiance en ses choix. Son cas divise encore, son image est toujours questionnée mais les critiques sur son travail sont bien moindres".
Son ajustement tactique majeur : Faire confiance à un vieux général qu’on pensait dépassé par les évènements. Et mettre le destin offensif de son équipe entre les pieds d’un gamin de 18 ans. En réintroduisant Sergio Busquets comme sentinelle dès qu’il a pu, Luis Enrique a surtout mis sur orbite Pedri, le gamin à la simplicité et à la facilité déconcertante. En termes de management, ses choix forts (Unai Simon intronisé numéro 1, Alvaro Morata maintenu comme titulaire et systématiquement défendu) auront soudé un groupe inexpérimenté autour d’un homme à convictions qui a l’adhésion des siens.
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Pedri mis en orbite par Busquets, ou le doux souvenir d'Iniesta

Son avenir : Si le soutien inconditionnel de son président, Luis Rubiales, lui a permis de prolonger jusqu’en décembre 2022 à la tête de la Roja, il n’aurait peut-être pas survécu à une déconvenue majeure, tant son avenir personnel était un sujet récurrent avant l’Euro. Demi-finaliste, Luis Enrique s’est offert une certaine tranquillité. Et a aussi rappelé que son caractère n’avait pas que des mauvais côtés.
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