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Euro féminin 2022 - 5 joueuses de l'OL, Henry et Le Sommer absentes : Mais où est passé le gang des Lyonnaises ?

Cyril Morin

Mis à jour 08/07/2022 à 16:20 GMT+2

EURO 2022 - Le groupe retenu par Corinne Diacre pour l'Euro en Angleterre s'appuie sur moins de joueuses lyonnaises qu'à l'accoutumée. Alors que l'OL sort d'un nouveau doublé impérial, comment expliquer cette disparition du "gang des Lyonnaises" ? Entre volonté de la sélectionneure de tourner la page et une diversité plus importante du foot féminin français, les raisons sont multiples.

Une fan française optimiste : "Aucune chance que l'Angleterre ne batte la France"

"On était beaucoup à mon époque, peut-être même trop". Camille Abily a beau se marrer à l'évocation de ses années en équipe de France avec ses amies de l'OL, elle met le doigt sur une révolution pas si discrète qui s'est produite chez les Bleues. L'adjointe de Sonia Bompastor chez les championnes de France a fait les calculs : malgré le doublé championnat-Ligue des champions des Fenottes, il n'y a jamais eu aussi peu de joueuses venues du club lyonnais en équipe de France.
Pour cet Euro, le contingent de l'OL est de cinq joueuses : Wendy Renard, la capitaine, Griedge Mbock, Selma Bacha, Melvine Malard et Delphine Cascarino. Soit le même nombre que son rival parisien. Une vraie nouveauté tant le poids des joueuses lyonnaises chez les Bleues a toujours été considérable par le passé. De 2011 à 2017, c'est minimum à dix que les Fenottes débarquaient chez les Bleues. En 2019, avec Corinne Diacre déjà, elles n'étaient "que" 7. "C'est sûr qu'il aurait pu y en avoir un peu plus avec Amandine Henry et Eugénie Le Sommer qui faisaient partie des joueuses sélectionnables mais qui font partie des choix de Corinne Diacre, explique l'entraîneure-adjoint de l'OL. Il y a aussi Amel Majri, qui est blessée mais vient d'avoir un enfant, donc on aurait pu en avoir plus".
Hormis Majri, Henry et Le Sommer ont fini par payer leur conflit larvé avec Corinne Diacre après l'échec du Mondial 2019. A l'heure d'expliquer la disparition des Lyonnaises, c'est surtout ces deux noms-là qui viennent à l'esprit. La première, capitaine lors du Mondial, avait tenté de tirer la sonnette d'alarme en mettant sur la place publique les difficultés de communication de sa sélectionneure. Elle pensait être dans son rôle mais ses propos, s'ils ont sans doute permis de briser un tabou, ont fini par se retourner contre elle.
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Corinne Diacre et la disparition de certaines joueuses emblématiques de l'OL : Eugénie Le Sommer, Amandine Henry ou Sarah Bouhaddi

Crédit: Quentin Guichard

Diacre : "Ce n'est pas moi qui ai créé les crises"

"On travaille depuis un petit moment avec ce groupe-là, qui s'est aussi qualifié pour la prochaine Coupe du monde 2023, expliquait ainsi Diacre en mai dernier au moment de la révélation de sa liste des 23. On a réussi à trouver un équilibre depuis quelques mois avec de l'expérience et de la jeunesse". Pour Le Sommer, l'argument sportif est plus entendable à la vue de sa saison lyonnaise mais son rapport troublé avec Diacre a aussi beaucoup pesé.
Au moment d'évoquer pour RMC cette séquence post-Mondial 2019, la coache des Bleues a avoué que les prises de paroles de certaines, toutes Lyonnaises et soutenues publiquement par Jean-Michel Aulas, avaient fini par la rebuter. "Ce qui a été dur à digérer ? Trop de choses, trop de choses, expliquait-elle. Déjà l’échec de la compétition, et tout ce qui s'est passé derrière. Et pas toujours à juste titre. Mais ce n’est que mon point de vue, on pourrait en débattre, mais cela prendrait trop de temps. Mais en même temps, peut-être que cela a été un mal pour un bien. Cela m’a permis de bien réfléchir, de bien me poser. Il y a eu beaucoup d'évolution".
En octobre 2021, déjà, elle avait expliqué que le lobbying lyonnais avait été trop intense à ses yeux : "ce n'est pas moi qui ai créé les crises, les tensions ou les conflits, on appelle ça comme on veut". Une manière de faire comprendre que c'est surtout du côté de Lyon qu'on a fait monter la pression sur son cas personnel. De fait, parce qu'elles pesaient plus que d'autres chez les Bleues, Wendy Renard, Amandine Henry, Eugénie Le Sommer ou Sarah Bouhaddi ont toutes pris la parole pour crever l'abcès. Que des Lyonnaises dont il ne reste que la capitaine…
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Une fan française optimiste : "Aucune chance que l'Angleterre ne batte la France"

Tout ne passe plus forcément par l'OL

Mais la diminution du quota lyonnais chez les Bleues répond aussi à des logiques plus structurelles. Car s'il l'OL a encore dominé la saison française et européenne, l'écart avec le reste de la meute sur le plan national n'a jamais semblé aussi restreint.
"Pour moi, ça démontre plutôt le fait que le foot français s'est diversifié, avance ainsi Laure Boulleau, ancienne latérale internationale et coordinatrice sportive du PSG. Il y a beaucoup de clubs qui travaillent bien mieux. Le PSG, évidemment, qui a monté une équipe énorme et qui bénéficie du cru parisien. Mais ailleurs aussi. La qualité est en train de monter à la surface un peu partout parce que les clubs sont mieux structurés. On voit aussi des joueuses de Bordeaux (4 joueuses appelées, NDLR). Corinne Diacre aime ramener des joueuses qui ne jouent pas qu'à l'OL ou à Paris".
"On a aussi pas mal d’étrangères qui apportent beaucoup à l'OL, donc forcément, même si on veut garder une ossature française, ce n’est pas toujours évident parce qu’on doit rester le meilleur club d’Europe, confirme Abily. Pour moi, ça montre que les autres clubs investissent, se construisent, et surtout sont beaucoup plus attrayants qu’auparavant, puisqu'avant c'était surtout Lyon, Montpellier, Juvisy. L’OL mettait beaucoup de moyens donc toutes les joueuses voulaient venir à Lyon, maintenant ça montre que le championnat progresse et que de plus en plus de clubs sont attractifs".
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Malard, l'avenir de l'attaque bleue aux nattes rouges

Un groupe plus divers, des automatismes moins évident

De ce choix a découlé une autre conséquence : désormais, certaines ne craignent plus de quitter l'OL pour aller grandir ailleurs. Dans le onze titulaire des Bleues, Pauline Peyraud-Magnin, Sakina Karchaoui ou Eve Perisset se sont notamment détournées du Rhône face à une situation sportive bouchée. "Les joueuses évoluent beaucoup, confirme Laura Georges, elle aussi taulière des Bleues et de l'OL en son temps. Certaines filles, par exemple, veulent du temps de jeu donc partent ailleurs si l'OL ne peut pas leur en offrir. Elles n'ont plus peur non plus de partir à l'étranger, comme Toletti, Tounkara ou Peyraud-Magnin".
Le rééquilibrage des forces, voulu par Diacre, a ainsi permis la naissance d'un groupe plus homogène à ses yeux, où les échos sont plutôt bons quant à l'ambiance de groupe. Mais si hors du terrain, la sélectionneuse a fait ce choix, elle pourrait le regretter. Car rien ne remplace le vécu commun sur un terrain.
"Regardez ce que fait Barcelone à l’heure actuelle avec une grosse ossature en équipe d’Espagne : quand les joueuses se connaissent très bien, qu’elles ont des automatismes, et nous on l’a vécu, c’est un sacré avantage en sélection, où on a très peu de temps pour préparer les matches, estime Abily. Moi je me rappelle qu’avec certaines joueuses, on se connaissait tellement que c’était un avantage pour l’équipe de France". Mais entre l'unité de son groupe et la cohérence technico-tactique de son équipe, Diacre a fait son choix. Au plus grand dam des plus illustres Lyonnaises.
Avec Vincent ROUSSEL
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