Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Euro féminin 2022 - Après les Pays-Bas, l'Angleterre : la nouvelle mission de Sarina Wiegman

Vincent Roussel

Mis à jour 11/07/2022 à 19:42 GMT+2

EURO FEMININ – Après avoir porté les Pays-Bas sur le toit de l’Europe puis en finale de la Coupe du monde, Sarina Wiegman a repris les rênes de la sélection anglaise, opposée ce lundi à la Norvège (21h) et hôte d'une compétition où elle espère décrocher son premier titre. Une mission à la hauteur de cette ancienne professeure de sport, qui semble bonifier tout ce qu’elle touche.

D’un stade de 4 400 places à Wembley : les dix enceintes de l’Euro

Vendredi 24 juin dernier. L’Angleterre, dans un stade d’Ellan Road surchauffé, étrille les Pays-Bas (5-1), vainqueurs du dernier Euro et vice-champions du monde en titre. Au-delà du signal envoyé en vue de l'Euro, où les Anglaises font partie des favorites, c'est surtout un "match spécial"- comme elle l’a reconnu avant la rencontre - à plus d’un titre pour Sarina Wiegman, la sélectionneure de l’Angleterre, qui affrontait là une équipe où elle a passé 7 ans en tant qu’adjointe, coach intérimaire, puis coach principale.
La tacticienne de 52 ans a pleinement participé à mettre sur le toit du Vieux Continent, puis presque du monde. Il y a 5 ans, elle s’était révélée en emmenant les Oranje à un titre surprise, à domicile. Tout juste ce que la Fédération anglaise veut la voir réaliser cet été, lors de l’Euro organisé sur les terres de Sa Majesté jusqu’au 31 juillet. En ouverture de la compétition, mercredi dernier, les "Three Lionesses" ont entamé leur mission dans le bon sens, en dominant l’Autriche (1-0).
La preuve que les instances anglaises ont fait le bon choix, lorsqu’ils ont décidé de libérer Phil Neville, pour y placer Wiegman, dont l'équipe affronte la Norvège d'Ada Hegerberg ce lundi (21h) ? A première vue, le pari s’annonçait risqué, puisque l’ancien joueur de Manchester United n’était pas non plus à la ramasse.
picture

Une fan française optimiste : "Aucune chance que l'Angleterre ne batte la France"

Loué pour son management à la tête d’une équipe qui reste sur trois demi-finales lors des 4 dernières grandes compétitions internationales, Neville avait permis à l’Angleterre, quart de finaliste des derniers Jeux Olympiques de Tokyo, de briller lors du Mondial organisé en France.
La plupart des gens ne voient pas tout ce que vous faites pour en arriver là. Ce sont beaucoup d’efforts, de dur labeur, et de choix à faire. (…) Je suis passé par tout ce processus avec les Pays-Bas, j’ai cette expérience et je peux l’utiliser
Mais l’ancien défenseur aux 59 sélections avec les Trois Lions, désormais parti se refaire une santé du côté des États-Unis et de l’Inter Miami, était régulièrement raillé pour son coaching et ses résultats jugés trop irréguliers. Celle qui a été nommée meilleure entraîneur de l’année 2017 doit donc faire passer un cap aux coéquipières de l’ancienne Lyonnaises Lucy Bronze, deux fois finaliste à l’Euro (1984 et 2009).
Une vraie prise de risque pour cette ancienne professeure de sport, dont l’intégralité de la carrière, hormis un passage à l’université de Caroline du Nord, s’est déroulée sur ses terres natales, au club de Ter Leede, avant un passage sur le banc puis 7 ans passés à l’ADO Den Haag. Ensuite, ce fut le début d’une extraordinaire aventure avec l’équipe nationale.
picture

Malard, l'avenir de l'attaque bleue aux nattes rouges

Pourquoi quitter une équipe où elle avait tous les pouvoirs, son pays où elle était adulée après le sacre de 2017 - au point de voir une statue d’elle être érigée au sein du Clairefontaine néerlandais - pour se lancer dans une mission des plus périlleuse, avec un public certes magnifique et bouillant, mais aussi des médias qui ne manqueront pas de la descendre si elle n’obtient pas le Graal ? La curiosité, déjà : "Quand j’ai commencé à coacher, je n’aurais jamais imaginé cela possible, donc je suis vraiment heureuse d’avoir l’opportunité d’entraîner à l’étranger", expliquait ainsi Wiegman à la Fifa l’été dernier.
C’est quelqu’un qui est proche de son groupe, et qui est aussi très rigoureuse. Elle amène de l’exigence, et ça, c’est très apprécié
Et puis il y a aussi ce fougueux sentiment de la compétition, et d’une tâche loin de l’effrayer : "C’est la partie du job qui le rend si palpitant. La plupart des gens ne voient pas tout ce que vous faites pour en arriver là. Ce sont beaucoup d’efforts, de dur labeur, et de choix à faire. (…) Je suis passé par tout ce processus avec les Pays-Bas, j’ai cette expérience et je peux l’utiliser", disait Wiegman avant d’être intronisée à la tête de l’équipe en septembre 2021.

Invaincue en 15 matches sur le banc anglais

"Je sais pour en avoir discuté avec certaines joueuses aussi bien anglaises ou néerlandaises que c’est une coach très appréciée, qui travaille beaucoup, et c’est vrai que les résultats ces dernières années le montrent et la mettent beaucoup en avant", raconte Camille Abily, ancienne internationale tricolore qui a vécu le dernier Euro sur le terrain, et est désormais entraîneuse adjointe de l’Olympique Lyonnais, où figure notamment Danielle Van de Donk, l’une des pièces maîtresses des Oranje en 2017.
picture

La sélectionneuse anglaise, Sarina Wiegman, donne des consignes à ses joueuses lors du match de l'Euro 2022 face à l'Autriche (1-0)

Crédit: Getty Images

"Sa capacité à fédérer un groupe, c’est un point fort. C’est quelqu’un qui est proche de son groupe, et qui est aussi très rigoureuse. Elle amène de l’exigence, et ça, c’est très apprécié, du moins chez les joueuses avec qui j’en ai parlé. L’Angleterre était déjà assez régulière mais je trouve que son arrivée à la tête de la sélection a amené encore plus de régularité", poursuit la femme aux 5 Ligue des champions. Depuis 1 an, Wiegman a pu prendre ses marques et donner sa patte à cette équipe d’Angleterre qui arrive en grande favorite de la compétition, notamment après une préparation au plus-que-parfait.
En plus du large succès face à son ancienne équipe, elle a également vu la troupe de Fran Kirby étriller la Suisse (4-0) lors de sa dernière sortie, après le 3-0 passé à la Belgique. Depuis son arrivée sur le banc, les Anglaises n’ont perdu aucun des 15 matches qu’elles ont disputés (13 victoires et 2 nuls). Les fessées mémorables passées à la Lettonie fin 2021 (10-0 puis 20-0) où à la Macédoine du Nord en avril (10-0), permettent de relativiser la performance. Mais tout de même, les quatrièmes de la dernière Coupe du monde ont de quoi faire peur.
Elle a emmené une nation qu’on ne pensait pas aller aussi loin à la victoire. Dans l’esprit des joueuses, cela va les amener à croire en tout ce qu’elle leur demande
"Auparavant, on s’est toujours dit qu’il fallait, à la tête de l’équipe, quelqu’un qui y soit arrivé avant (gagner l’Euro) pour pouvoir le faire nous-même, racontait avant le lancement de l'Euro, à Squawka Football, Faye White, légende de la sélection anglaise et capitaine lors de la dernière finale disputée par les Britanniques, en 2009 (défaite 6-2 contre l’Allemagne). Elle a emmené une nation (les Pays-Bas) qu’on ne pensait pas aller aussi loin à la victoire. Dans l’esprit des joueuses, cela va les amener à croire en tout ce qu’elle leur demande, à évacuer les frustrations liées au manque de temps de jeu, ou même à pousser toutes dans le même sens pour le bien commun".
Tactiquement, Sarina Wiegman, dont l’équipe s’appuyait sur une ossature bien établi du temps où elle emmenait les Oranje, a reconduit son habituel 4-3-3 (parfois proche d’un 4-2-3-1) avec les Three Lionnesses. En plus d’Ellen White, la joueuse qui célèbre ses buts comme Anthony Modeste, et qui a brillé lors des deux dernières grandes compétitions internationale (6 buts au Mondial 2019 et aux JO 2021), les Anglaises s’appuient aussi, offensivement, sur deux aillières en grande forme : Beth Mead, la joueuse d’Arsenal, auteure du but victorieux face à l’Autriche, et dont les statistiques depuis que Wiegman a repris l'équipe en main (15 buts et 10 passes décisives) suffisent à vous poser le niveau de menace. Côté gauche, l’attaquante Manchester City Lauren Hemp sera aussi à surveiller.

Wiegman peut marquer l'histoire

A cette armada déjà impressionnante, Wiegman compte bien s’appuyer sur le soutien du public. La présence de près de 69 000 supporters surchauffés à Old Trafford, pour le match d’ouverture, confirme la ferveur qui devrait porter les locales de l’étape. Cela avait été le cas en 2017 pour les Pays-Bas, dont l’effectif faisait pourtant moins peur, à l’époque, sur le papier. Il y a 5 ans, Sarina Wiegman avait fait rencontrer aux Bataves diverses personnes s’étant déjà frotter à pareil engouement populaire, afin de les préparer à cet environnement. Cela avait fonctionné. A-t-elle récidivé cette fois ? Elle ne l’a pas confirmé, indiquant tout de même, à la BBC, qu’à l’orée du "plus grand tournoi féminin de l’histoire", elle avait tout fait pour mettre ses joueuses dans les meilleures conditions, "sur et en dehors du terrain".
Si elle parvenait à réaliser le rêve du peuple britannique, Wiegman, outre le fait de débloquer le palmarès anglais, pourrait aussi marquer l’histoire. Si elle rejoindrait Tina Theune (1997 et 2005) et Silvia Neid (2009, 2013) comme manageure la plus titrée à l’Euro (Gero Bisanz et ses trois titres avec l’Allemagne faisant figure de référence), elle serait, surtout, la première à soulever le trophée deux fois de suite avec deux équipes différentes. La route sera longue mais, avec une telle magicienne, tout le peuple anglais s'attend à vivre un été abracadabrantesque.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Plus de détails
Publicité
Publicité