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Euro féminin 2022 - Equipe de France - Selma Bacha et Clara Matéo, les supersubs rêvées des Bleues

Cyril Morin

Mis à jour 25/07/2022 à 21:45 GMT+2

EURO 2022 - Entrées en jeu face aux Pays-Bas (1-0), Selma Bacha et Clara Matéo ont transfiguré les Bleues. L'une par son activité folle, l'autre par son sens de la passe. Les deux jeunes joueuses peuvent-elles prétendre à une place de titulaire ? Pas sûr tant leur apport en sortie de banc ressemble à une arme fatale que Corinne Diacre a longtemps cherché durant son mandat.

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S'il ne fallait retenir qu'un seul tournant, ce serait forcément cette 101e minute fatidique. Pourtant, si le quart de finale a fini par basculer dans l'escarcelle française, c'est à la faveur de deux choix forts de Corinne Diacre. 63e minute : Melvine Malard, en difficulté à la finition, est remplacée par sa meilleure amie Selma Bacha. Celle-ci prend place sur le flanc gauche de l'attaque tricolore et dynamite complètement la rencontre. 87e minute : Grace Geyoro, qui vient de rater une énorme occasion mais reste la milieu la plus dangereuse côté tricolore, laisse sa place à Clara Matéo. C'est de son pied magique que viendra la lumière, avec cette passe dans l'intervalle magnifique pour Kadidiatou Diani pour gratter un penalty.
Alors que les Bleues commençaient à tirer la langue, Diacre a sorti deux armes secrètes venues du banc. Un choix qui ne vient pas de nulle part. Depuis le début de la compétition, la sélectionneure française a bien identifié ces deux-là comme les 12e et 13e joueuses de l'effectif, même si elle s'en défend. Face aux Pays-Bas, c'est son équipe-type, celle qu'elle a montée depuis plusieurs mois désormais, qui a été choisie pour débuter, Melvine Malard remplaçant seulement Marie-Antoinette Katoto en pointe.
Pour le reste, toutes les taulières étaient là, manière de confirmer que Diacre a été rattrapé par l'enjeu mais qu'elle avait tout fait pour mettre ses remplaçantes de luxe dans les meilleures conditions possibles. Et qu'elles ont répondu présentes. "Elles auraient pu démarrer mais on sait que quand elles rentrent, elles amènent un plus", a-t-elle justifié après coup. "C'est important pour nous surtout sur les fins de matches quand l'équipe adverse commence à être fatiguée, confirmait Charlotte Bilbaut dimanche. Clara peut mettre le feu, comme l'a mis Selma hier". Zoom sur deux supersubs qui s'assument.
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Selma Bacha et Clara Matéo, les deux supersubs que les Bleues attendaient

Crédit: Quentin Guichard

Bacha, de la dynamite et un pied gauche incroyable

  • Son temps de jeu sur cet Euro : 183 minutes
Comment une joueuse avec seulement 10 sélections peut-elle être déjà aussi vitale à cette équipe ? Simplement en étant elle-même. Sur le terrain comme en dehors, la jeune Lyonnaise a conquis tout le monde. Son grain de folie est contagieux et c'est son entrée en jeu qui a amené un second souffle précieux aux Tricolores. "Quand on connaît la générosité de Selma, on n'est jamais déçues", souriait Corinne Diacre en conférence de presse alors que sa chouchou se tenait à côté d'elle.
Sur le terrain, Bacha est comme à la vie : spontanée, fonceuse et "fofolle", pour reprendre les termes de son ancien sélectionneur en jeunes, Gilles Eyquem. Son entrée face aux Pays-Bas a résumé tout ce qu'elle peut apporter : des courses dans tous les sens, un dépassement de fonction utile, une qualité sur coups de pied arrêtés et des frappes venues de loin qui peuvent faire mouche. "Sincèrement, je n’ai jamais vu une joueuse avec cette puissance-là dans le pied", avançait Camille Abily avant le début de la compétition.
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Selma Bacha face aux Pays-Bas

Crédit: Getty Images

Surtout, la jeune Lyonnaise n'a jamais semblé prise par l'enjeu. Dans l'affaire, la gestion de Diacre aura été importante. Hormis trois minutes contre la Belgique et sa titularisation comme arrière-gauche face à l'Islande, c'est à ce poste d'ailière qu'elle a choisi de lancer sa feu-follet. "Quand vous avez une coach qui vous fait confiance et trouve toujours les bons mots, rentrer dans un match comme ça, sans pression, et jouer mon football, il n'y a rien de mieux, savourait Bacha après le quart. Elle m'a bien parlé, m'a dit de faire ce que je savais faire".
Elle l'a fait. Et, face à l'Allemagne, c'est encore dans ce rôle de joker qu'on devrait la voir. D'autant qu'elle permet à Cascarino de retrouver son aile droite, histoire de définitivement martyriser la latérale gauche adverse, déjà traumatisée dans la plupart des cas par son duel avec Diani.
"Selma a fait de très belles rentrées, elle m'a impressionné, reconnaissait Eyquem, qui l'utilisait plus comme latérale à son époque. J'aimais bien la voir arriver de loin, avec de la vitesse, elle a cette qualité-là. En 3-5-2 par exemple, c'est le parfait piston, généreuse dans l'effort. Mais elle n'a pas le profil de Delphine ou de Kadi qui peuvent éliminer en un-contre-un. Quoiqu'avec Selma, on peut s'attendre à tout".
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"Cette victoire légitime Corinne Diacre"

Matéo, l'option dernière passe

  • Son temps de jeu sur cet Euro : 210 minutes
Commençons par les choses qui fâchent : samedi, face aux Pays-Bas, Clara Matéo n'a pas réussi à maintenir sa série : sur ses cinq derniers matches en Bleues, elle avait délivré cinq passes décisives. Face aux Bataves, sa passe dans l'intervalle n'apparaît nulle part dans les statistiques. C'est pourtant celle qui décide du destin des Bleues, en envoyant Diani dans le dos de la défense néerlandaise, provoquant ce penalty salvateur.
Une action qui résume finalement très bien la joueuse du Paris FC. Plutôt milieu dans un trident avec l'équipe de France, elle a disputé sa saison comme attaquante. C'est finalement ce N.10 floqué dans son dos en Bleues qui la définit le mieux. En soutien d'une avant-centre, elle voit le jeu avant tout le monde et sait provoquer des passes au cordeau. Griedge Mbock et Melvine Malard, buteuses sur des offrandes de sa part, peuvent en témoigner.
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Clara Mateo

Crédit: Getty Images

Son profil plus offensif que Geyoro offre ainsi une vraie option à Corinne Diacre lorsqu'il s'agit de forcer le verrou adverse. C'est dans cette optique qu'elle l'a fait démarrer contre la Belgique puis contre l'Islande. La titulariser, c'est prendre le risque d'un milieu déséquilibré, sans doute trop porté vers l'avant. La faire rentrer, c'est l'assurance d'une vraie menace pour l'adversaire alors que les corps adverses fatiguent.
"Elle a vraiment une très bonne vision de jeu, elle arrive très souvent à trouver des passes dans l'intervalle qui font mal à l'adversaire, reconnaissait Diani dimanche. Elle a énormément progressé par rapport aux années précédentes. Depuis le début de la compétition, elle a vraiment été décisive". Moins solaire dans la vie au quotidien que Selma Bacha, Matéo a le charme des discrètes qui brillent par leur QI football. Ingénieure au quotidien, ce qui lui vaut le surnom "d'intello du groupe" selon Geyoro, elle trouve des réponses quand d'autres se posent trop de questions.
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"Qu’on la déteste ou qu’on l’adore, les résultats sont là" : Diacre finit par séduire

Les autres, moins supersubs, pas moins essentielles

Face aux Pays-Bas, les entrées en jeu toniques de Marion Torrent et d'Ella Palis ont permis aux Bleues de garder une forme de fraîcheur physique sans jamais se départir de leur mainmise sur le jeu. Tout ce que Corinne Diacre espérait, elle qui avançait en 2019 n'avoir que "13 ou 14 joueuses pouvant démarrer". En 2022, le chiffre a largement grossi même si une équipe-type se dégage désormais.
"On apprend des expériences passées, expliquait-elle après coup. En voyant certaines compétitions, on voit qu'une équipe avec une profondeur de banc, c'est tout de suite plus intéressant. Quand on fait 120 minutes de match, on se rend compte de l'importance. Quand vous voyez la jeune Palis entrer avec toute son audace et tout son culot au milieu de terrain alors qu'elle n'était même pas titulaire dans son club.. Une Marion Torrent qui était titulaire il y a quelques mois, qui est aujourd'hui la doublure d'Eve Perisset, quand on voit l'énergie qu'elle a mise quand elle est entrée… Il n'y a pas d'amertume, les filles font partie de ce groupe".
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Un supporter conquis : "Je mets un billet sur la France face à l'Allemagne"

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