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Euro féminin 2022 - France - Allemagne - Delphine Cascarino, bénie par les dieux du dribble

Cyril Morin

Mis à jour 27/07/2022 à 09:55 GMT+2

EURO 2022 - Rayonnante depuis le début de cet Euro avant de défier l'Allemagne (21h), Delphine Cascarino impressionne toujours autant par sa capacité à faire des différences. Si sa vitesse fait des ravages, son aptitude à éliminer régale visuellement les amoureux de dribbles. Un domaine dans lequel, dès son plus jeune âge, elle semblait en avance. Souvenirs.

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De notre envoyé spécial à Milton Keynes,
C'est tiré par les cheveux mais ça se tient. "La première fois que j'ai joué au foot, je pense que c'était à la maison avec mon grand frère. On n'avait même pas de ballon, on jouait avec une peluche Pikachu." A l'heure de trouver une explication rationnelle à la faculté de Delphine Cascarino de foudroyer ses adversaires sur place, seule la filiation avec ce Pokémon électrique semblait répondre à la question. Depuis, la peluche est devenue ballon et c'est tant mieux. Parce que le talent de la Lyonnaise était trop évident pour qu'elle se cantonne à des parties en famille.
En Angleterre, au moment d'évoquer les prestations de Cascarino sur cet Euro, un mot revient systématiquement en commentaires de ses publications Instagram : "baller". Baller donc et ballerine, tant la délicatesse de son touché tranche avec la cruauté de ses accélérations pour ses adversaires. "Elle peut faire la différence à n'importe quel moment", a résumé Wendie Renard mardi. Dans la profondeur, même sur son aile gauche, l'ailière est inarrêtable. Flashée à près de 31 km/h au Rotherham Stadium, elle n'a cessé de martyriser ses adversaires directes par ses feintes, ses crochets et ses arabesques inspirés. Rien de nouveau pour celle qui fut, déjà, la dribbleuse la plus efficace de Ligue des champions la saison passée.
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Delphine Cascarino, la surdouée du dribble

Crédit: Quentin Guichard

Delphine était sans complexe, contre des garçons ou pas
Mais d'où lui vient cette folle capacité à éliminer ? "C'est quelque chose de naturel chez elle", assure Gilles Eyquem, ancien sélectionneur de la joueuse en jeunes. Des dires confirmés par Aziz Sabba, qui parle de "quelque chose d'inné". Entraîneur à l'AS Manissieux en 2007, moment où les deux Cascarino (elle a une sœur jumelle, Estelle, joueuse au PSG, NDLR) décident de quitter leur premier club Saint-Priest, il se souvient. "Delphine, dès les premiers instants, elle a montré le foot qu'on lui connaît actuellement : sans complexe, contre des garçons ou pas, ça ne changeait rien, explique-t-il. Tout de suite, ça a été une plus-value pour notre équipe. Elle a commencé tous les matches sur son fameux côté droit, avec les garçons. Elle a fini sa formation avec les garçons. Elle aurait pu rester avec les garçons quelques années de plus mais quand l'OL vous appelle…"
L'histoire est connue : une gamine de la région lyonnaise, qui se fait repérer par le plus grand club français chez les féminines, qui franchit toutes les étapes en formation avant de s'imposer dans un effectif qui déborde de stars. Mais quand on a son talent, impossible de passer à côté. En la prolongeant l'année passée, Sonia Bompastor, sa coach à l'OL, lui a fixé un objectif personnel simple : le Ballon d'Or. Rien d'étonnant selon son ancien éducateur en jeunes, qui l'a coachée alors qu'elle n'avait que dix ans.
"C'est une joueuse explosive, qui aime beaucoup provoquer en un-contre-un, avec une bonne qualité de centres, résume-t-il. Mais c'est une joueuse collective, elle ne tirait jamais la couverture à elle. Elle partageait plus avec les autres qu'elle ne pensait vraiment à elle. C'est en partie pour ça, je pense, qu'elle n'a pas le rayonnement attendu encore. Pour moi, Delphine, c'est Kylian Mbappé". Des mots qui peuvent prêter à sourire mais qui correspondent mot pour mot à la comparaison faite par Amel Majri, son amie à l'OL.
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Delphine Cascarino lors de l'Euro 2022

Crédit: Getty Images

Les premiers appuis, carnage assuré

Peut-être parce que comme le Parisien, la Lyonnaise a une capacité au démarrage absolument ahurissante visuellement. "Elle est encore plus efficace quand elle arrête son adversaire en face à face, estime Gilles Eyquem. Sur ses premières foulées, c'est fantastique." La pauvre Kerstin Casparij pourra en témoigner : arrière gauche des Pays-Bas samedi (1-0, a.p), elle s'est d'abord coltinée Kadidiatou Diani avant de récupérer Delphine Cascarino au marquage. Une seconde lame qui fut encore plus tranchante. De quoi garder des souvenirs pour un premier Euro…
Des souvenirs, justement, ceux qui l'ont côtoyé plus jeune n'ont que ça en tête. Quand une gamine surnage autant, elle se remarque. Aziz Sabba n'a pas eu à chercher longtemps. "C'est le tournoi de Villefranche, c'est la dernière fois où je l'ai eue sous mes ordres, embraye-t-il. C'était un tournoi assez relevé dans la région et franchement… Elle faisait des différences monstres : accélération sur les deux-trois premiers mètres, éliminations d'un ou deux adversaires avant de centrer… Ce tournoi-là, elle avait montré qu'elle était au-dessus."
Forcément, ça fait jaser dans un football encore réservé aux garçons. "S’inscrire au foot à notre époque, c’était un acte politique", confirmait sa sœur pour Bros Stories. Mais, comme son ancien entraîneur, ceux qui se sont frottés à Cascarino restent marqués à vie. "Encore aujourd'hui, vous parlez de Cascarino à des garçons de 1997, je peux vous dire qu'elle est vraiment respectée, explique-t-il. Les gars étaient choqués, et même maintenant, ils sont tous choqués. Ils disent tous 'c'est trop', 'c'est incroyable'. Et c'est pareil pour des personnes qui ne la connaissent pas. La première question, c'est toujours 'mais c'est qui cette fille ?'. Quand elle est vraiment dans un bon jour, on la remarque très rapidement !"
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La jeune Delphine Cascarino lors de la Coupe du Monde U20

Crédit: Getty Images

Retrouvée sur... Eurosport

Fatalement, les liens ont fini par se détendre avec le temps. Mais l'histoire entre Sabba et Cascarino n'est pas encore terminée. "Je suis Lyonnais à la base, donc quand Delphine rejoint l'OL, j'ai quelques retours sur le fait que ça se passe bien, explique-t-il. Un jour, je zappais et je tombe sur Eurosport. Ce sont les quarts de finale Euro U20 : première image, boom, un zoom sur Delphine. J'ai regardé tout le match et tout le tournoi." Les Bleues gagneront et, hasard, c'est Gilles Eyquem qui était aux commandes.
Lui aussi se souvient de démonstrations de facilité folle chez Cascarino. La même année, c'est un Mondial U20 qui attend l'ailière. "La Coupe du monde en Papouasie Nouvelle-Guinée, elle avait fait le spectacle, au-delà de son but fantastique. Quant à ses dribbles… il lui suffisait d'un crochet pour partir", confirme-t-il. La phrase est encore vraie en 2022. Preuve que le talent ne vieillit pas. Et que la recette reste toujours aussi efficace.
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