Euro Espoirs I Les Bleuets se sont trouvés à Zilina face à la Géorgie (3-2) : "Une âme est en train de naître"

Ils ont vu le vide. D’abord en tête au score, les Bleuets se sont retrouvés au bord de l’élimination en encaissant deux buts en l’espace de huit minutes dans le dernier quart d’heure face à la Géorgie. Zilina aurait pu être le théâtre de tous leurs regrets et de leurs dernières illusions dans l’Euro Espoirs samedi soir. Il fallait manifestement ça pour que la formation de Gérald Baticle trouve l’électrochoc et rentre enfin dans son tournoi. Ce qu’elle a montré ensuite, pour arracher une victoire miraculeuse (3-2) au bout d’un scénario de folie, c’est tout ce dont elle avait besoin pour forger le vécu qui peut l’emmener loin.

Parce que ces Bleuets sont passés ensemble par toutes les émotions. La frustration de ne pas capitaliser leur avantage après l’ouverture du score de Mathys Tel (35e). La rage, quand la Géorgie a renversé le match en seulement huit minutes par Giorgi Abuashvili (76e) et Saba Sazonov (84e), sanctionnant au prix fort des Français bien trop inefficaces dans les deux surfaces. Et enfin l’ivresse, au bout d’un temps additionnel interminable (90e+12), quand Thierno Barry s’est trouvé au bon endroit, au bon moment, pour délivrer toute une équipe revenue d’abord à égalité grâce à l’excellent Johann Lepenant (89e).

Ce groupe a traversé tout ça dans la difficulté. Cela ne rend la fin que plus belle. "Je suis sorti à 1-0, et après il s'est passé ce qu'il s'est passé, il y a eu beaucoup de stress depuis le banc, racontait Tel dans des propos rapportés par L’Equipe. Mais j'ai confiance en mon équipe et on a montré beaucoup de caractère. Il y a eu des rebondissements, c'était fou, mais on a vu que même en trente secondes il peut se passer beaucoup de choses. Il ne faut jamais abandonner."

Cela n’a vraiment tenu qu’à un fil. A 2-1 en faveur des Géorgiens, les Bleuets paraissaient au bord de la rupture, destinés à être rongés par les regrets. C’est là qu’ils se sont trouvés. "On a eu quelques situations délicates, avec des émotions très négatives après avoir concédé deux buts, et j'ai aimé la réaction de mon équipe dans cette période, individuellement et collectivement, on a senti beaucoup de caractère, a souligné le sélectionneur Gérald Baticle. Il y a eu un élan collectif pour rester dans la partie, pour revenir au score dans un premier temps, en restant lucides dans le jeu, sans paniquer."

Ce n’est pas anodin. Malgré une domination nette et une collection d’occasions, les Tricolores étaient quand même sur le point de rendre une copie criante d’inefficacité, et donc largement imparfaite. "On a des possibilités de tuer le match, de marquer un deuxième but, et là… Quand vous avez la possibilité de le faire, il faut le faire, on doit être capable d'être efficace offensivement, sinon vous laissez votre adversaire dans la partie, vous lui laissez la possibilité de vous faire mal et c'est ce qui s'est passé, résumait Baticle. Il y a des axes d'amélioration, on a payé pour apprendre, on doit grandir à travers nos erreurs."

C’est justement ce que ces Bleuets ont su faire. Croire en eux pour forcer leur destin et inverser une situation désespérée. "C'est un scénario et un style de match qui doivent être fondateurs pour l'esprit collectif et doivent nous donner beaucoup de confiance, avançait Baticle. J'aime voir mon équipe créer du lien. Je sens qu'une âme est en train de naître." Zilina restera comme le cadre de cet acte de naissance pour les Tricolores. Un scénario ahurissant pour le début d’une nouvelle vie. Mais il reste encore les plus belles pages à écrire.