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"Il y avait des meneurs"

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 17/08/2010 à 07:57 GMT+2

Bernard Saules a milité, au conseil fédéral, pour le renvoi de Toulalan, Evra, Anelka, Ribéry et Abidal devant la commission de discipline. "Tout le monde savait qu'il y avait des meneurs et des suiveurs", justifie-t-il. Cet entretien a été réalisé juste après la décision de renvoi de la FFF.

FOOTBALL 2010 France Bernard Saules

Crédit: AFP

BERNARD SAULES, pourquoi n'avoir renvoyé "que" cinq joueurs devant l'instance disciplinaire alors que la commission d'information préconisait de renvoyer tout le monde ?
B.S. : En renvoyant les 23, on donnait l'impression de dire à la commission de discipline : allez-y, décidez toute seule, nous n'y sommes pas pour grand chose. Tous les joueurs sont responsables, c'est vrai. Mais tous les joueurs ont été sanctionnés. Il y a eu ces 5 millions de primes auquel ils ont renoncé, puis ce match de suspension en équipe de France décidé par Laurent Blanc. On ne va pas garder cette affaire toute l'année. Les cinq joueurs renvoyés devant la commission sont ceux qui ont le plus de responsabilités. C'est très cohérent. Les renvoyer ne veut pas dire qu'ils seront sanctionnés. On nous a assez reproché d'être des vieux cons, de ne servir à rien, d'être des béni oui-oui. Le conseil fédéral a pris ses responsabilités en désignant cinq joueurs : Anelka pour ses propos, Evra en tant que capitaine, Ribéry en tant que capitaine-adjoint qui était présent au moment de l'audition d'Anelka, Toulalan pour avoir fait rédiger le communiqué par son agent, Abidal car il a fait le sourd aux messages de la mission d'information. Eh bien, il ira s'expliquer devant la commission.
Vous avez pu donner l'impression de désigner dix-huit "innocents"...
B.S. : Il est faux de dire ça. Tous les joueurs méritent d'être punis, d'autant plus qu'ils avaient une ligne de défense commune, c'est vrai. Mais on met Blanc dans la m..., si on les renvoie tous. Et surtout, on savait tous qu'il y avait des meneurs et des suiveurs. Mais les suiveurs ne sont pas blanchis puisque je vous répète qu'ils ont déjà eu deux sanctions. Ils ont eu une sanction financière qu'ils se sont auto-imposée, il faut en tenir compte. Alors on me dit que c'est normal... Non, ils auraient pu prétendre à ces 5 millions et ils l'ont refusé. Quand on voit comment les joueurs négocient bec et ongle un euro de prime de match, il faut considérer leur geste. Je ne connais pas grande monde qui renonce comme ça à 150.000 euros. Le match de non-désignation compte aussi. On peut tous les pendre au crochet du boucher d'en face, mais à un moment, il faut avancer. Et vous savez que si la commission de discipline décide quelque chose, il peut y avoir des appels, des recours. On ne va traîne cette affaire pendant dix ans, il faut laisser au sélectionneur la possibilité de bâtir une équipe et de nous qualifier pour l'Euro 2012.
Pourquoi la thèse des meneurs et des leaders s'était-elle évanouie avant que vous la réintroduisiez ?
B.S. : Parce que les joueurs se sont bien entendus entre eux, il y a eu un effet de groupe. On se dit toujours que c'est mieux si tout le groupe est uni, et on signe des chèques en blanc au nom du groupe. Tous les témoignages recueillis sont unanimes pour dire que la décision a été celle du collectif. Tout a été fait par le groupe. (Ironique) On était vraiment dans le kolkhoze de l'équipe de France en Afrique du Sud. Avec le même dynamisme collectif sur le terrain, nous aurions été champions du monde sans contestation.
Que peut décider la commission à part une suspension en équipe de France ?
B.S. : Je ne suis pas spécialiste des règlements généraux de la FFF, mais je crois que les textes ne prévoient pas un joueur qui a fait une bêtise en sélection. Il y aura peut être jurisprudence. En tout état de cause la commission ne pourra pas suspendre Patrice Evra pour ses matches à Manchester, par exemple. Peut-être que la commission choisira une suspension en sélection, peut-être qu'elle se dira incapable de juger et voudra entendre les dix-huit autres : je ne sais pas.
Pensez-vous que les joueurs se rendront vraiment à la convocation ?
B.S. : Ces garçons sont des hommes, je fais confiance à l'humain. On vous convoque devant une commission. Sauf cas de force majeure, vous allez vous expliquer...
Même Anelka ?
B.S. : Je ne pense pas que Nicolas Anelka refusera. J'ose espérer qu'on peut expliquer devant une commission sans que ça pose de problème. Je pense au contraire qu'il a des choses très intéressantes à dire.
Quelle sanction souhaitez-vous ?
B.S. : Aucune idée. Aucun souhait. Je suis au conseil fédéral, pas à la commission de discipline. Quand j'étais arbitre, je sanctionnais un joueur à l'instant T et je ne me demandais pas ce que la commission de discipline allait faire ensuite. Ce n'est pas mon problème.
Vous savez qu'une partie de l'opinion attribue le fiasco de la Coupe du monde non pas aux joueurs mais au conseil fédéral, pour avoir reconduit Raymond Domenech en 2008. Or vous êtes toujours là et c'est vous décidez.
B.S. : Je ne voulais pas démissionner. J'ai fait partie de ceux qui ont dit qu'il était hors de question, même un pistolet sur la tempe, de remettre mon mandat tant que les joueurs n'étaient pas punis. Je veux bien payer ma faute, qui est d'avoir été loyal envers un président qui m'a demandé de soutenir la candidature de Raymond, approuvée par des techniciens, soi-disant. Je veux bien payer pour ça, mais je le ferai quand ceux qui ont fait les cons auront payé. Je tenais à cette chronologie.
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