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Fortnite, Angleterre, turnover et mental : Ces menaces qui planent sur l'excellence française

Martin Mosnier

Mis à jour 12/05/2020 à 17:30 GMT+2

Si la France polit des jeunes courtisés par l'Europe entière, si son système de détection et de formation lui a permis de coudre une deuxième étoile sur son maillot, nombreuses sont les menaces qui pèsent sur elle. Si la formation française reste une référence, il lui reste encore à franchir des obstacles.

Amine Gouiri lors de la défaite de la france à la Coupe du monde U20 face aux Etats-Unis

Crédit: Getty Images

Pour deux ans au moins, la France reste la référence suprême. Personne ne viendra lui contester son titre de championne du monde avant le coup d'envoi du Mondial au Qatar à l'automne 2022. Finaliste de l'Euro 2016, les Bleus s'appuient sur une génération dorée et la relève, qui n'a pas encore goûté aux A (Aouar, Camavinga, Kamara, Saliba), est pleine de promesses. Le règne va-t-il s'étendre ? Est-ce qu'une dynastie bleue va régner sur le foot mondial dans les années 2020 ? Si la France se distingue par la variété de son vivier et l'extrême profondeur de son réservoir, il serait bien imprudent d'en faire une absolue exception. D'autant que plusieurs dangers guettent l'excellence de sa formation.
En jetant un œil aux compétitions internationales chez les jeunes, une évidence s'impose : les petits Bleus ne squattent pas les palmarès les plus récents. L'Angleterre (lauréate des tournois de Toulon 2017 et 2018, des Coupes du monde U17 et U20 en 2017) fait beaucoup mieux et semble présenter la génération à venir la plus prometteuse. "Les Anglais ont longtemps accusé un grand retard parce qu'ils ne croyaient pas en la formation, nous renseigne François Blaquart, directeur technique national du Football français entre 2010 et 2017. Mais ils reviennent très fort. Aujourd'hui, ils ont le meilleur 'potentiel joueur' en Europe."
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L'équie d'Angleterre championne du monde des U20 en 201

Crédit: Getty Images

Le foot de rue en recul ?

Autre menace concrète, le recul du foot de rue. "Dans les clubs amateurs, même au meilleur niveau régional, on remarque un recul du niveau technique, note Ilyes Ramdani, journaliste, éducateur et formateur à Aubervilliers. La génération qui sort aujourd'hui, celle des Camavinga, est la dernière à avoir un socle solide grâce au football pratiqué très jeune en dehors des clubs. Aujourd'hui, il y a une disparition du football de rue. Les city stades sont vides, les jeunes préfèrent jouer à Fortnite et à la console. C'est un phénomène très récent mais les petits sont de moins en moins en contact avec le ballon. Et comme le foot a disparu de l'école…" Et voilà comment la France pourrait perdre de son avance sur ses voisins.
La gestion des centres de formation par le football professionnel est une autre dérive qui menace l'excellence française. Depuis quelques années désormais, un nouveau turnover s'est installé à la tête des centres entraînant une vraie instabilité dans la formation des jeunes. "En France, dès qu'il y a un nouvel entraineur ou un nouveau directeur sportif, il vient avec son directeur de centre désormais", note Jean-Luc Cassini, ancien directeur du centre de formation de l'OM qui ne sera resté que trois ans à la tête de la pouponnière phocéenne (2016-2019).
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Un stade à Saint-Ouen en Seine-Saint-Denis

Crédit: Getty Images

La limite mentale…

Même constat chez Landry Chauvin, débarqué par Olivier Létang à Rennes après quatre années à la tête de l'académie du club breton (2015-2019) : "Il y a une valse et un turnover des formateurs trop importants : aujourd'hui quand on recrute un jeune à 12 ou 13 ans, les parents ne sont plus sûrs d'avoir les mêmes interlocuteurs quand leur enfant passera pro. Ça rompt la confiance qu'ils peuvent avoir dans le club. Regardez le club référence en France : Lyon fait confiance aux mêmes depuis des années."
Après le centre de formation, le jeune Français doit surmonter un dernier obstacle : le passage chez les professionnels. Et il lui manque parfois certaines armes pour le grand bain. "En France, on forme bien, reconnaît Ilyes Ramdani. Mais on est en retard dans le passage de la formation au haut niveau. Les meilleurs U18 ou U19 connaissent parfois des difficultés. Je pense à Amine Gouiri (Lyon), Willem Geubbels (Monaco), Enzo Loiodice (Dijon) ou Enzo Le Fée (Lorient). On a du mal à les préparer à l'exigence du haut niveau sur le plan mental. Et les meilleurs jeunes doivent souvent partir à l'étranger pour franchir ce palier."
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Willem Geubbels avec Monaco, 2018

Crédit: Getty Images

Un constat qui fait bondir l'ancien directeur technique national, François Blaquart : "A l'étranger, le jeune joueur français accepte des choses qu'il n'accepte pas en France. Il faut aussi le souligner." Avant d'admettre : "Mais je reconnais qu'en France, il faut aller plus loin dans le passage au très haut niveau et insister sur le mental et le travail sur l'accompagnement du joueur et de l'individu." Voilà une des pistes à explorer pour que la France conserve son avance. Et étende son règne au-delà de 2022…
Avec Cyril MORIN
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